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dimanche 20 mars 2011

Tunisie, Egypte : Libéralisation ou révolution de l'islam ?



1. L’extraordinaire victoire du peuple égyptien contre Moubarak démultiplie la portée historique de la révolution tunisienne qui a abattu le régime de Ben Ali. L’onde de choc de ces victoires populaires s’est étendue en quelques jours à toute la région arabe et au delà, et influence le rapport de forces mondial entre les classes. Manifestations, grèves, assemblées, comités d’autodéfense, mobilisations des syndicats, des lycéens, des associations démocratiques se sont affrontées avec une détermination absolue aux appareils d’Etat et d’abord aux forces de police. Ce sont des millions de tunisiens et d’égyptiens qui se sont mis en mouvement jusqu’à la chute des dictateurs, et continuent de se mobiliser pour ne pas se faire confisquer leur révolution.
2. Il s’agit d’un processus de révolution permanente qui combine étroitement les dimensions sociales, démocratiques, de souveraineté nationale, et se répand au niveau international. Les effets de la crise économique mondiale, conjugués à l’oppression féroce et à la corruption éhontée des dictatures, ont rassemblé les couches populaires les plus défavorisées, la classe ouvrière organisée comme les classes moyennes, les jeunes comme les vieux, les femmes comme les hommes. Les masses tunisiennes et égyptiennes n’en pouvaient plus de systèmes économiques qui les marginalisaient. Comme dans de nombreux pays voisins, l’intégration à la mondialisation capitaliste a abouti à une croissance économique peu productrice d’emplois et une concentration sans précédent des richesses, un développement inégal des territoires et une dégradation générale des conditions de vie et de travail.
Une des principales raisons de cette révolution est l’explosion des prix alimentaires dans les dernières années. Le rapide processus de changement climatique a mené à la crise alimentaire mondiale actuelle, particulièrement dans des pays comme la Tunisie.. La libéralisation économique imposée par le FMI, l’OMC et L’UE s’est traduite par une précarisation accrue des travailleurs, l’ accaparement des terres par le capitalisme agraire orienté vers l’exportation, des coupes drastiques dans les services publics et un chômage massif frappant en particulier des jeunes diplômés. Avec en plus la fermeture des frontières de l’Union Européenne aux possibilités d’émigration, et un rétrécissement du marché de l’emploi dans les monarchies pétrolières du Golfe, toute perspective d’échapper á la pauvreté disparaissait.
Parallèlement, l’étouffement radical des libertés et des droits démocratiques, s’appuyant sur des Etats policiers qui imposaient un contrôle social généralisé ; l’impossibilité de contre-pouvoirs – les partis « d’opposition » parlementaires n’étant tolérés par les régimes tunisien et égyptien que comme ectoplasmes, les associations noyautées ou empêchées de fonctionner - ont fait qu’entre les dictatures et les populations, il n’y avait que la figure du leader autocratique et un appareil répressif dévoué et féroce. Et le fonctionnement maffieux des clans au pouvoir ont achevé de les déligitimer.
Enfin, ces deux régimes se sont distingués par leur collaboration avec l’Etat sioniste d’Israël, exaspérant encore plus des populations considérant comme leurs, les souffrances du peuple palestinien.
Face à toutes ces injustices, des grèves, des explosions sociales se multipliaient ces dernières années, permettant une accumulation d’expériences sans toutefois parvenir á briser le mur de la peur pour la majorité des populations. C’est ce mur qui a été submergé en quelques semaines, et malgré les très nombreuses victimes, le peuple tunisien, puis avec son exemple en tête le peuple égyptien ont mené une lutte ininterrompue jusqu’au départ des dictateurs Ben Ali et Moubarak.
3. Avec ces victoires, les peuples de la région arabe retrouvent une immense dignité, celle de leur irruption sur la scène politique de la démocratie et de la lutte des classes, et non plus celle de la mortifère alternative (ou combinaison) autocraties/islamisme dans laquelle on les enfermait depuis trente ans.

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A l'envers c'est a l'endroit ,.........vous vous en appercevrez a un moment donné !