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jeudi 8 février 2018

Une intelligence artificielle peut-elle prédire la mort ?

Jusqu'où ira l'intelligence artificielle ?

  • LA RECHERCHE • Plusieurs techniques sont mises au point pour apprendre aux machines à réfléchir. Si l'ordinateur arrive même à tirer les leçons de ses erreurs, il est encore loin de réussir à fonctionner comme notre cerveau.
  • LES APPLICATIONS • Nous utilisons déjà l'intelligence artificielle avec les chatbots, les assistants vocaux, certains réseaux sociaux, la voiture autonome...
  • LES CRAINTES • Les robots vont-ils voler nos emplois ? Prendre le pouvoir sur l'homme ? La compétition pour la supériorité de l'intelligence artificielle déclenchera-t-elle la Troisième Guerre mondiale ? Nombreuses sont les peurs liées à ces avancées technologiques.

Une équipe de chercheurs de l'université de Stanford a mis au point un programme d'intelligence artificielle capable de prédire la mortalité d'un patient.
En utilisant un algorithme d’intelligence artificielle (IA) pour prédire la mortalité, une équipe de recherche de l'université de Stanford espère améliorer le calendrier des soins palliatifs des patients atteinte de maladies incurables. Lors des tests, le système s'est révélé extrêmement précis, prédisant correctement les taux de mortalité dans 90% des cas. Mais si le système est capable de prédire quand un patient pourrait mourir, il ne peut toujours pas dire aux médecins comment il est arrivé à sa conclusion. Pronostiquer la mortalité est difficile.

En effet, les médecins doivent tenir compte de tout un tas de facteurs, allant de l'âge et des antécédents familiaux du patient, à sa réaction aux médicaments, ainsi qu’à la nature même du mal qui l'affecte. Lorsqu’un patient a peu de chances de vivre au-delà d'une année, son traitement est transféré à une équipe de soins palliatifs qui s'efforce de rendre les derniers jours ou mois du patient aussi exempts de souffrance que possible. A cette fin, ils s’attachent à gérer la douleur, la nausée, la perte d'appétit, voire la confusion mentale, tout en apportant un soutien moral et psychologique au patient, ainsi qu’à ses proches.

160.000 dossiers mis à contribution

De fait, il arrive parfois que les médecins soumettent le malade à des examens complémentaires, ainsi qu’à des traitements douloureux et très contraignants, alors que des soins palliatifs seraient souvent bien plus appropriés. Et, à l'inverse, s'ils sont admis trop tôt, cela entraîne l'arrêt des traitements destinés à lutter contre la maladie et, par conséquent, l’imminence de sa mort. Il est donc essentiel de trouver le bon timing, c'est pourquoi le chercheur Anand Avati et son équipe de l'université de Stanford ont développé un système qui utilise une forme d'intelligence artificielle, qu’on appelle plus couramment le "deep learning" (ou "apprentissage profond", en bon français), qui permet à un réseau de neurones d'artificiels copiant le cerveau humain, d'assimilier des quantités immenses d'informations.

Dans notre cas, le programme a été formé grâce aux données des dossiers médicaux de 160.000 patients adultes et enfants admis à l'hôpital Stanford ou à l'hôpital pour enfants Lucile Packard. Les malades en question souffraient de toutes sortes d’affections, allant du cancer aux maladies neurologiques, en passant par l’insuffisance cardiaque ou rénale. L'IA a examiné en détail les diagnostics, le type de traitements, ainsi que les médicaments que chaque patient prenait.

L'IA a prédit avec succès la mortalité du patient dans 9 cas sur 10

Armé de ses nouvelles capacités, l'algorithme a été chargé d'évaluer les 40.000 patients vivants. Il a été capable de prédire avec succès la mortalité des patients sur une période de trois à douze mois dans neuf cas sur dix - les patients ayant moins de trois mois de durée de vie n'ont pas été pris en compte, car cela ne laisserait pas suffisamment de temps pour les soins palliatifs. Ainsi, près de 95% des patients qui avaient été évalués avec une faible probabilité de mourir au cours de cette période ont vécu au-delà d'un an.

L'étude pilote s'est avérée fructueuse et les chercheurs espèrent maintenant que leur système sera appliqué plus largement. L'algorithme de prédiction de la mort n'est pas destiné à remplacer les médecins, mais offre un outil complémentaire qui permet d’améliorer l'exactitude des prédictions, comme l'expliquent les chercheurs de Stanford dans leur compte-rendu. Surveiller les patients à risque de manière continue est une tâche quasiment impossible à accomplir pour les professionnels de santé. En effet, les ressources dans ce secteur sont minces, notamment concernant la dotation en personnel.

De quoi améliorer la fin de vie des malades ?

Notre société a tendance à médicaliser la fin de la vie, ce qui rend souvent l’hospitalisation incontournable. Le domicile reste, en effet, le parent pauvre des politiques de développement des soins palliatifs en France. Ainsi, les personnes transférées à l’hôpital vont bénéficier le plus souvent de traitements à visée curative (62%), alors que l’intérêt thérapeutique n’est pas évident. A l’inverse, chez ceux ou celles qui restent à domicile, très peu vont bénéficier de soins palliatifs.

En France comme dans les autres pays occidentaux, on le sait, les décès avaient lieu principalement à la maison jusque dans les années 1950. Mais depuis, le domicile a progressivement cédé la place aux institutions, du type Ephad. Un peu plus de 50 ans plus tard, seulement un quart des Français décèdent chez eux, comme l’indiquait en 2010 l’enquête "Fin de vie en France" réalisée par l’Ined.

REF.:

Shot de dopamine : c'est ce que Facebook fait a votre cerveau

Shot de dopamine : ce que Facebook fait au cerveau de mon amie Emilie


"le défi initial de Facebook " avait été pour son "fondateur" de faire élire la fille la plus jolie du campus et de remarquer tout de suite les excès possible en cherchant à faire élire la fille la plus moche du campus..

Face à son ampleur grandissante, les propos à charge contre le géant des réseaux sociaux se multiplient. Une histoire de dopamine a retenu notre attention.

L’autre soir, alors que je traînais (encore) mon être sur les réseaux sociaux, je reçois un message d’une amie. C'est Emilie qui a "absolument" besoin d’un conseil : elle se prépare à changer sa photo de profil. Le truc, c’est qu’elle hésite, elle ne veut pas se planter tu vois. Elle a deux options.
Sur la première, on voit son reflet dans un miroir accroché au plafond de quelque part, c'est globalement noir et blanc et flou (j'ai nommé la photo "Ah bon je suis stylée"). Sur l’autre, on la voit sur la plage, lunettes de soleil sur le nez et poitrine bombée (c'est la classique "Ah bon je suis bonne").
Emilie me demande de ne pas trop traîner à répondre "parce que là c’est le bon moment pour poster". Ce jour là, sur mes bons conseils, elle a fait un carton virtuel (j'ai choisi la plage) et elle m’a envoyé un truc genre "BOUYAA".
J'ai trouvé ça drôle et inquiétant. Le comportement d'Emilie illustre parfaitement les récentes sorties virulentes d'anciens dirigeants de Facebook dénonçant les problèmes d'addiction à la plateforme qu'ils ont créée.

« We did it anyway »

Cet article de The Verge résume bien les déclarations tenues, en novembre dernier, par Sean Parker, ancien président de Facebook, qui se présente aujourd’hui comme un "objecteur de conscience".
Lors d’un évènement tenu par le média Axios, Sean Parker expliquait que le défi initial de Facebook avait été le suivant :
"Comment pouvons-nous consommer un maximum de votre temps et de votre attention ?" Parce que c’est bien beau de construire un monde plus ouvert et plus connecté, mais ça fait pas bouillir la marmite.
Sean Parker explique comment les créateurs de Facebook ont imaginé un système fondé sur une « boucle de rétroaction de validation sociale » basée sur des shots de dopamine (susucres) envoyés au cerveau.
Des boucles dites de rétroaction ou de feedback qui vous poussent ensuite à publier encore, et constamment. Parce que vous voulez plus de like, de cœurs, de « trop belle ma chérie ».
"C’est exactement le genre de trouvaille d’un hacker dans mon genre : vous exploitez une faille dans la psychologie humaine. Et je crois que les inventeurs, les créateurs – c’est moi, c’est Mark [Zuckerberg, ndlr], c’est Kevin Systrom pour Instagram, ce sont tous ces gens – nous avions conscience de cela. Mais nous l’avons fait quand même." 

Le cerveau de nos enfants

Pas besoin d’être psy pour voir que les réseaux sociaux – c’est Facebook, mais aussi Twitter, Instagram, Snapchat, etc. – nous rendent un peu fous.
C'est votre mec qui regarde Instagram quatre fois pendant le dîner parce qu'il vient de poster une vidéo de ses spaghetti, votre belle-mère qui raconte sa thalasso en live, votre meilleur ami qui live-tweete son dîner de Noël. "Ça change littéralement notre relation à la société, aux autres (…). Et Dieu seul sait ce que ça fait aux cerveaux de nos enfants !", dit Sean Parker. Cela l'active en tout cas. Regardons du côté de la chimie cérébrale.
Selon une étude de plusieurs psychologues de l’Université californienne UCLA, lorsque nous découvrons du contenu digne d’intérêt sur les réseaux sociaux, l’une des premières régions de notre cerveau à s’activer est le carrefour temporo-pariétal : la zone du cortex qui nous pousse à échanger avec nos semblables.
C’est-à-dire que notre réaction inconsciente à un nouveau contenu va être de se demander s’il est susceptible d’intéresser les autres. Et ça, c’est le share de Facebook, qui a tout compris.
On partage un article, une chanson ou une photo de soi.
Ensuite les likes, commentaires, identifications et autres invitations, toutes ces petites récompenses pour lesquelles il suffit d’actionner de simples leviers, donnent l’impression d’être entouré d'amour (et déclenche la chimie du bonheur, le couple ocytocine et dopamine etc).
La dopamine permet la boucle. C'est un neurotransmetteur qui joue un rôle dans la motivation et le système de récompense.

La cocaïne et Facebook 

Ofir Turel, qui a étudié le cerveau d'étudiants dont certains étaient accros à Facebook, a montré que certains d'entre eux réagissaient plus vite aux stimuli du réseau social qu'à ceux du Code de la route.
Son étude a notamment montré que l'utilisation de Facebook active l'amygdale, zone du cerveau impliquée dans l'évaluation de la valence émotionnelle des stimuli sensoriels. Et le striatum, où se joue, en collaboration avec la dopamine, ce qui est de l’ordre du motivationnel.
Le chercheur de l'université Fullerton en Californie a commenté :
"Quand on regarde le cerveau des gens qui ont une addiction à Facebook ou à la cocaïne, il y a des similitudes et des différences. Les deux groupes ont un surcroît d'activité dans les zones motivationnelles du cerveau, mais dans le cas de drogués seulement, on voit des perturbations dans les zones liées à l'inhibition." Chez les accros à Facebook. Hypothèse : comme l'utilisation de Facebook n'est pas encore perçue comme toxique ou négative, les zones liées au contrôle du comportement ne sont pas encore mobilisées par les utilisateurs.

Utilisation hardcore

Bref, Facebook est un joli foyer d’émotions positives.
Laurent Karila, psychiatre à l’hôpital Paul Brousse (APHP) et auteur, avec Annabel Benhaiem, de "Accro !" (éd. Flammarion, 2013) décrit un "neuromarketing addictif". Il m’explique au téléphone, après que nous ayons été coupés par l’un de ses patients, justement addict aux écrans :
"Sur les réseaux, les gens peuvent se créer un hypervisage, par le biais d’une nouvelle sociabilité. Ils peuvent se créer une cyber-identité, pleine d'assurance, qui leur procure beaucoup de plaisir. Tellement qu'ils ne peuvent plus s'en passer et vont la vérifier tout le temps." Mais Laurent Karila se veut rassurant :
"On peut parler d’une addiction aux réseaux sociaux, oui, il y a des mécanismes similaires à la drogue qui entrent en jeu. Mais les deux milliards d’utilisateurs de Facebook ne sont pas tous addicts. Tous les utilisateurs ne sont pas exposés de la même manière. Seules certaines personnes très vulnérables en font une utilisation hardcore. Des comportements qu’on trouve chez certains jeunes en particulier." Alors OK, nous ne sommes pas deux milliards d’héroïnomanes. Mais deux milliards d’utilisateurs, c’est quand même plus du quart de l’humanité. Imaginez le nombre de shots de dopamine.
On vous en parlait déjà de ça dans cet article, où l’on citait James Williams (un ancien de Google cette fois). "Nous en sommes arrivés à une industrie de la persuasion à grande échelle, qui définit le comportement de milliards de gens chaque jour. Et seulement quelques personnes ont leurs mains sur les leviers."

Les lynchages en Inde

Sean Parker n’est pas le seul ancien de Facebook à avoir exprimé des inquiétudes et des remords. Plus récemment, Chamath Palihapitiya, ancien vice-président de Facebook, s’est aussi positionné publiquement sur la question, lors d’une conférence à la Standford Graduate School of Business.
Dans cette intervention filmée, celui qui était chargé de la croissance de l’audience, exprime une « énorme culpabilité » pour avoir participé au succès de Facebook. Il évoque aussi ces "boucles de rétroaction" basées sur la dopamine, mais il va encore plus loin :
"Nous avions conscience, au fond, que quelque chose de mal pourrait arriver. (…) Je crois que nous avons créé des outils qui déchirent le tissu social. Nous en sommes vraiment là." Pour illustrer son propos, Chamath Palihapitiya (qui a depuis rétropédalé sur sa page Facebook) revient sur cet incident survenu en Inde au mois de mai : après la diffusion d'un spam (ce que l’intéressé nomme un hoax) sur la messagerie cryptée WhatsApp, des émeutes ont éclaté dans un petit village du Jharkhand, menant au lynchage de sept personnes par une foule en délire.
"C’est à ça que nous avons affaire. Et imaginez, si on pousse le raisonnement à l’extrême, comment des acteurs mal intentionnés pourraient ainsi manipuler un grand nombre de personnes."

« Vous êtes programmés »

En novembre encore, le New York Times publiait les remords de Sandy Parakilas, une ancienne cadre de l’entreprise, qui s’inquiétait à propos des questions de vie privée.
On pense aussi à Antonio Garcia Martinez, qui avait travaillé deux ans chez le géant des réseaux sociaux, avant d’écrire « Chaos Monkeys » (HarperCollins, 2016), un livre dans lequel il décrit d’un ton décapant son quotidien à l’époque. De son côté, Chamath Palihapitiya nous interpelle :
"Vous ne le comprenez pas, mais vous êtes programmés. Maintenant, c’est à vous de décider ce que vous voulez abandonner, à quel point vous êtes prêts à renoncer à votre indépendance intellectuelle." Sa solution ? Faire un break avec les réseaux sociaux, tout simplement. Lui-même interdit « cette merde » (sic) à ses enfants.

Changer nos comportements

"Cette merde" ne se cache même plus. La start-up Dopamine Labs, qui a été fondée par un neuropsychologue et un neuroéconomiste (oui c'est une profession), a récemment reçu des critiques similaires à celles formulées contre Facebook.
Leur idée ? Ils proposent aux entreprises de rendre leurs applications addictives grâce à des processus faisant appel à l’intelligence artificielle.
T. Dalton Combs, l’un des fondateurs de la boîte, s’expliquait dans un article de Slate, créer de l'addiction par de l'habitude, des message de félicitation et toutes sortes de "susucres" numériques :  "Ce que nous essayons de montrer, c’est que ces technologies qui changent le comportement des gens peuvent être utilisées de façons différentes. Pour le moment, c’est surtout utilisé par les réseaux sociaux, ou les publicitaires, pour augmenter le temps d’utilisation de leurs plateformes. Mais elles peuvent aussi être utilisées pour vous aider à prendre vos médicaments à l’heure. Ou pour aller régulièrement à la gym."  Voyez ce monde où l'on sera accueillis à la salle de gym par les vibrations de notre portable. Des like de nos amis, des confettis sur Messenger et des "go Juliette, go".



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