Un logiciel espion très sophistiqué a ciblé des organisations stratégiques en Iran, en Algérie et en Côte d’Ivoire. De technologie « made in France », il s’agirait de l’œuvre de la DGSE. Ses créateurs l'ont baptisé « Babar ».
Les 
Américains ne sont pas les seuls à faire des prouesses en matière 
d’espionnage informatique. La France aussi dispose d’une expertise 
poussée dans ce domaine, comme le montre un document d’Edward Snowden 
révélé par Le Monde. Ainsi, les services secrets français 
auraient débuté en 2009 une vaste opération de piratage, sur la base 
d’un « implant espion » particulièrement sophistiqué. Suffisamment en 
tous les cas pour avoir donné du fil à retordre aux services secrets 
canadiens, qui étaient les premiers à l’avoir découvert et qui le 
baptisent « Snowglobe » (*).
Après avoir traqué le logiciel malicieux
 pendant deux ans dans le monde entier, le Centre de la sécurité des 
télécommunications du Canada (CSEC) arrive à la conclusion suivante : « Nous
 estimons, avec un degré modéré de certitude, qu’il s’agit d’une 
opération sur les réseaux informatiques soutenue par un Etat et mis en 
œuvre par une agence française de renseignement. »
L’atome iranien en ligne de mire
Le
 document d’Edward Snowden donne quelques précisions techniques sur 
Snowglobe. En analysant le logiciel, les agents secrets canadiens 
déduisent qu’il est spécialisé dans la « collecte de courriers provenant de comptes spécifiques et ciblés »
 et qu’il est contrôlé à distance par des serveurs infectés. Par 
ailleurs, les experts canadiens découvrent dans les lignes de code le 
nom donné au logiciel par ses créateurs, « Babar », ainsi que le 
diminutif de l’un de ses créateurs, « Titi » (*).    
Enfin, les agents canadiens arrivent à 
établir assez précisément les cibles que le logiciel d’espionnage prises
 en ligne de mire. Ainsi, il a visé en premier lieu cinq organisations 
iraniennes : le ministère des affaires étrangères, l’Organisation de 
l’énergie atomique d’Iran et trois universités. L’objectif était, 
visiblement, de collecter des informations sur les compétences 
iraniennes en matière de technologie nucléaire.
Mais l’Iran n’a pas 
été le seul pays ciblé. Outre le Canada, l’implant espion a été détecté 
en Côte d’Ivoire, en Algérie, en Espagne, en Grèce et en Norvège. Il a 
également été repéré en France, ce qui pose un léger problème. D’après Le Monde,
 le seul service à avoir les capacités techniques à créer un logiciel 
aussi sophistiqué est la DGSE, qui  dispose d’un service de jeunes 
informaticiens et de hackers au fort de Noisy, à Romainville. Mais 
théoriquement, la DGSE n’a pas le droit de mener des opérations sur le 
territoire français. C’est le rôle de la DCRI. La DGSE s’est refusée à 
tout commentaire.    
(*) Informations complétées à 15h40.
Lire aussi:
Espionnage : Orange travaille main dans la main avec la DGSE, le 20/03/2014
 
