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mercredi 6 mai 2020

Unité H2, la nouvelle adresse d’autistes à Pinel

Unité H2, la nouvelle adresse d’autistes à Pinel



 

autistes, déficience mentale,



Un long couloir blanc, avec une enfilade de portes coulissantes, munies d’un verrou pour chaque chambre. L’image frappe. Et rappelle une prison.
C’est ici, dans l’unité H2 de l’Institut national de psychiatrie légale Philippe-Pinel de Montréal, que huit adultes ayant un trouble du spectre de l’autisme ou une déficience intellectuelle séjourneront à partir du printemps.
Ces usagers, qui ont des troubles graves de comportement, ne sont pas judiciarisés, contrairement à la majorité des patients de l’Institut Philippe-Pinel, un hôpital psychiatrique à haute sécurité. Ils résident actuellement à l’Hôpital en santé mentale Rivière-des-Prairies, situé dans le nord-est de Montréal.
Le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, qui dessert cette clientèle, a annoncé mercredi aux usagers, à leurs proches, au personnel et aux syndicats le déménagement prévu pour le 1er avril. La quarantaine d’employés de l’unité suivra les usagers à Pinel.


Une nouvelle mal accueillie par la Fédération québécoise de l’autisme, qui n’accepte pas qu’on loge cette clientèle vulnérable avec des gens qui ont un potentiel de dangerosité élevé.
Le CIUSSS plaide qu’il n’avait d’autres choix que de trouver de nouvelles installations. Depuis quelques années, le CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal lui louait un local à l’Hôpital Rivière-des-Prairies. « Il avait besoin de le récupérer pour actualiser sa mission hospitalière », explique Carla Vandoni, directrice déficience intellectuelle, trouble du spectre de l’autisme et déficience physique.
Selon elle, il a fallu des mois de recherche pour trouver des locaux adaptés. Pinel s’est avéré le « meilleur milieu », le « seul » qui répondait à tous les critères, notamment le cadre de sécurité et les activités possibles pour cette clientèle, précise-t-elle.
Elle rappelle que ces usagers, qui ont des troubles graves de comportement, peuvent briser du matériel, se mutiler, frapper les autres ou leur tête contre les murs. Le CIUSSS les héberge pendant quelques mois, voire des années, afin de les stabiliser et leur permettre de retourner dans leur milieu de vie.
« À Pinel, il y a des possibilités de faire de la réadaptation encore plus que ce qu’on peut faire dans la communauté pour une clientèle qui a besoin d’un cadre sécuritaire », soutient Carla Vandoni.
Visite guidée
Le Devoir a pu visiter les lieux. Pour s’y rendre, il a fallu laisser une carte d’identité au garde de sécurité à l’entrée, franchir deux portes sécurisées et marcher le long des murs dans les corridors — par ailleurs décorés de dizaines de jardinières — pour laisser de l’espace en cas d’intervention d’urgence.
Autant de mesures auxquelles les proches de ces usagers devront se soumettre. C’est sans compter le détecteur de métal et l’inspection visuelle, s’ils ne sont pas accompagnés d’un membre du personnel de l’établissement. Les cravates, potentiellement dangereuses, sont aussi interdites.
L’Institut Philippe-Pinel dit réfléchir aux procédures qui seront mises en place pour ces visiteurs particuliers. « Oui, il y a des éléments sécuritaires ici, dit Yann Belzile, directeur général adjoint de l’Institut national de psychiatrie Philippe-Pinel. Mais il y a aussi de grands avantages. »
C’est beau, c’est propre, mais c’est un milieu carcéral
Piscine intérieure, gymnase, atelier d’horticulture (avec des dizaines de plantes et deux volières construites par les patients de Pinel), grand jardin… Les usagers auront leur propre cour extérieure — entourée de murs de béton, comme les autres — afin de ne pas croiser les patients de Pinel.
Rénovée il y a un an, l’unité de 20 chambres est aussi climatisée. « Les portes de chambres ne seront pas verrouillées », assure Carla Vandoni.
 
 
 Le Devoir L’ambiance carcérale pourra être adoucie par une décoration personnalisée, assure la direction de l’Institut Philippe-Pinel. Les usagers auront aussi accès à une piscine intérieure, un gymnase et un atelier d’horticulture.
Les usagers pourront personnaliser leur chambre aux murs blancs. « Ils pourront apporter leur douillette de lit, poursuit-elle. Il y a aussi la possibilité d’ajouter un rideau à la fenêtre de leur porte. »
La Fédération québécoise de l’autisme outrée
La directrice générale de la Fédération québécoise de l’autisme est scandalisée. « La majorité de ces usagers sont sous curatelle publique, dit Jo-Ann Lauzon. Ils sont très vulnérables. Ils ne sont pas capables de défendre leurs droits. Je trouve ça inacceptable. »
L’Institut Philippe-Pinel, dénonce Jo-Ann Lauzon, n’est pas un milieu de vie. « C’est beau, c’est propre, mais c’est un milieu carcéral. »
La Société québécoise de la déficience intellectuelle, elle, s’inquiète de l’effet du déménagement sur les usagers. « On sait que les transitions sont difficiles pour eux, dit la directrice générale Anik Larose. Ça va accentuer leurs problèmes de comportement. »
D’après elle, le spectre de la ségrégation des gens vulnérables plane toujours au Québec. « On a toujours peur d’un retour aux institutions », remarque Anik Larose.
Invités à réagir, les syndicats disent pour leur part détenir peu d’informations pour le moment. Leurs membres ont été informés mercredi après-midi.
« On déplore le manque de facilités en hébergement pour cette clientèle, dit Alain Croteau, président du Syndicat des travailleuses et travailleurs du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, affilié à la CSN. Clairement, ils n’ont pas d’endroit où les mettre. »
De son côté, Caroline Simoneau, représentante nationale de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, voit des aspects positifs à ce déménagement.
Par exemple, l’accès à une piscine intérieure et à des installations plus récentes que celles de l’Hôpital Rivière-des-Prairies. « Une de nos inquiétudes est de s’assurer qu’il n’y ait pas de mixité de clientèle, ajoute Caroline Simoneau. Ça ne semble pas être le cas. »
L’Institut Philippe-Pinel hébergera les huit usagers et le personnel pendant une période de trois ans, durée prévue du contrat. D’ici là, le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal prévoit construire une unité de réadaptation intensive de quelques étages, pouvant accueillir 28 usagers. Il négocie actuellement l’achat d’un terrain.

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Les millénariaux vivent leur première crise financière



Les millénariaux vivent leur première crise financière

 

La crise de la COVID-19 nous affecte tous, de toutes sortes de manières et à divers degrés. Du point de vue de la santé, on nous rappelle chaque jour que ce sont les vieux qui sont les plus vulnérables. Sous l’angle financier, c’est moins évident, mais ce pourrait bien être les jeunes adultes qui sortent de cette crise les plus amochés.
Oui, les millénariaux, les 24-38 ans ! Ils risquent de payer longtemps. Pourquoi eux plus que les autres ?
D’une crise à l’autre
C’est toujours délicat de se lancer dans ces analyses générationnelles, on peut facilement tomber dans les généralisations. On s’en excuse à l’avance.
On conviendra quand même de ceci : débarquer sur le marché du travail au début d’une sévère récession, ce n’est pas ce qu’on appelle un alignement favorable des planètes. Les jobs sont plus rares. Les salaires sont moins élevés.
Aux États-Unis, des économistes de l’Université Yale ont estimé qu’un travailleur démarrait avec un salaire amoindri de 10 % quand sa carrière débutait en période de chômage élevé, rapportait récemment le média financier Bloomberg (Millennials are getting crushed by back-to-back economic crises). Les effets de ce mauvais départ persisteraient une dizaine d’années.
À cet égard, les Y sont particulièrement malchanceux. Les plus vieux d’entre eux, ceux qui ont aujourd’hui autour de 35 ans, ont intégré le marché de l’emploi alors qu’on entrait dans ce qu’on appelle la Grande Récession. De notre point de vue actuel, la crise financière de 2008-2009 ne nous apparaît pas si pire, mais il y a une raison pour laquelle on l’a baptisée ainsi : c’était gros et ça a fait mal.
La réalité a changé
C’est vrai que la situation économique s’est embellie par la suite, tellement que pour un rare épisode dans l’histoire, on s’est retrouvé récemment en situation de plein emploi. Le contexte a été favorable aux jeunes.
Ils ont été très convoités par les employeurs, ce qui a inspiré une abondante littérature (et une industrie du coaching) sur la façon de gérer cette main-d’œuvre étiquetée d’« exigeante » et de « capricieuse ».
Non, les jeunes ne sont pas tous programmeurs, concepteurs de jeux vidéo ou influenceurs. On oublie que les effectifs des bars, des restaurants et des entreprises touristiques sont encore largement composés de millénariaux, maintenant au chômage.
Génération financièrement fragile
Au moment où on pénètre dans l’inconnu, les Y sont ceux qui reposent sur les assises financières les plus fragiles.
La queue de cette génération intègre à son tour le marché du travail, dans une ambiance de mort, où plusieurs seront condamnés à vivoter pendant un temps.
La tête de la cohorte, les trentenaires, est constituée de jeunes parents. S’ils ont la chance d’être propriétaires d’une maison, c’est au prix souvent d’un endettement massif. Ça a beau être de la « bonne dette », c’est lourd à porter quand un des salaires du ménage est menacé.
De la façon dont les choses se profilent, ce n’est pas bientôt qu’ils pourront se vanter, comme leurs aînés de la génération X, d’avoir vu doubler leur investissement immobilier. Si la valeur des maisons ne baisse pas dans un proche avenir, elle va certainement stagner. Ce n’est pas là qu’ils vont s’enrichir.
Une génération de « prudents »
Ce ne sera pas non plus à la Bourse, il faut croire, car cette pandémie pourrait faire des Y des investisseurs très prudents, trop prudents. Déjà qu’ils n’étaient pas portés sur la chose, échaudés par la crise d’il y a dix ans. Cette nouvelle tuile pourrait bien implanter chez eux une aversion aiguë et permanente au risque.
Les millénariaux américains, selon une statistique tirée du New York Times (Young adults, Burdened With Debt, are now facing an economic crisis), détiendraient aujour-d’hui seulement le tiers des actifs boursiers qu’avaient les X au même âge. Raison : peur du risque.
Plus près de chez nous, une étude de la Commission des valeurs immobilières de l’Ontario indique la même chose. Les jeunes Ontariens épargnent, mais n’investissent pas beaucoup, et ce, malgré les technologies qui facilitent l’achat de titres boursiers et la construction de portefeuilles de placement. Ils ont raté l’une des périodes les plus profitables de l’histoire de la bourse [2010-2020]. Ils vont probablement manquer la prochaine occasion.
Ah oui, et la dette pharaonique que nos gouvernements creusent en ce moment, bien les jeunes vont devoir la payer longtemps.

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