Vous vous demandez si le retour des cours d’économie au
secondaire, comme le souhaite le ministre Sébastien Proulx, est une
bonne idée? Lisez l’histoire qui suit, que m’a racontée un conseiller
financier cette semaine:
«Deux clients viennent me voir parce qu’ils ont de grosses dettes
de cartes de crédit. Ils ont 28 ans chacun. Leur projet est de
s’acheter une maison cet été. Je leur propose un plan d’action pour
éliminer leurs dettes et ensuite commencer un plan d’épargne qui durera
environ cinq ans, le temps d’accumuler leur mise de fonds de 20 % pour
la maison. Mais quatre mois plus tard, j’apprends qu’ils ont déjà acheté
leur maison!»
«La banque a approuvé un prêt hypothécaire avec 5 % de mise de
fonds, et cette mise de fonds est financée par un prêt personnel à 9 %
de taux d’intérêt. La banque leur a ensuite remis une avance de fonds
pour les aider à rembourser leurs prêts personnels. Leur prêt
hypothécaire est au taux de 4 % et ils ont plusieurs milliers de dollars
en prêts personnels à 9 % d’intérêt.»
«Quand je leur ai demandé comment ils comptaient payer les taxes
de bienvenue, scolaires et municipales, ils m’ont dit qu’ils mettraient
tout ça sur leur prêt personnel et qu’ils allaient seulement payer les
intérêts de ce prêt. Ces gens-là seront en faillite d’ici cinq ans,
maximum...»
Des histoires comme ça, il y en a plus que vous pensez au Québec.
«Bulle automobile»
Et ce n’est pas seulement dû à la bulle immobilière. Il y a aussi
une «bulle automobile» en ce moment. De 2007 à 2015, la valeur des
prêts automobiles a presque doublé au pays, et totalise aujourd’hui plus
de 120 milliards de dollars. Près de 40 % de ces prêts ont une période
d’amortissement de 84 mois ou plus, selon l’Automobile Consumer
Coalition. Les vieux bazous ont pratiquement disparu de nos routes, et
tout le monde se promène en auto neuve... à crédit!
Des milliers
Ce n’est pas pour rien que, l’an dernier, plus de 46 000
consommateurs et entreprises ont déclaré faillite ou encore soumis une
entente de paiement à leurs créanciers au Québec. Un record, écrivait
récemment mon collègue Pierre Couture.
Et après ça, certains se demandent encore si c’est une bonne idée
de remettre des cours d’éducation financière au secondaire? J’encourage
fortement le ministre dans cette démarche. Qu’on enseigne les bases de
l’économie et d’un budget, ça presse!REF.: