Reconnaissance faciale: les consommateurs épiés à leur insu dans les commerces
Les consommateurs sont épiés dans les centres commerciaux sans le savoir
La reconnaissance faciale gagne du terrain au Québec. Les consommateurs qui entrent dans les centres commerciaux et les commerces sont de plus en plus épiés à leur insu par des caméras.
« C’est un phénomène en pleine croissance et on se demande qui va pouvoir le freiner », signale le spécialiste informatique en sécurité de l’information, Steve Waterhouse.
Sans le dire ouvertement, de nombreux propriétaires de centres commerciaux et de commerces surveillent les moindres faits et gestes de leurs clientèles ainsi que leur humeur du jour.
Le groupe immobilier Oxford Properties, qui détient de nombreux centres commerciaux au Québec (dont le Quartier DIX30, les Galeries de la Capitale et les Promenades Gatineau) confirme avoir recours à des caméras qui utilisent la reconnaissance faciale. Bien dissimulées, les caméras sont localisées dans les babillards électroniques permettant de trouver l’emplacement des détaillants.
Analyse de vidéo anonyme
Oxford Properties évite de parler de reconnaissance faciale, mais évoque plutôt une analyse de vidéo anonyme (AVA). « Oxford utilise cette technologie dite AVA dans tous ses centres commerciaux canadiens », a indiqué au Journal une porte-parole du groupe immobilier, Kathleen Michaud.
D’après Oxford Properties, aucune image n’est sauvegardée ni conservée. Cette technologie est simplement utilisée pour comprendre quel public cible fréquente ses centres commerciaux (genre et groupe d’âge approximatif), assure-t-on.
Chez Cadillac Fairview aussi, on filme les clients sans le leur dire. Le groupe immobilier, qui possède de nombreux centres commerciaux au Québec (Carrefour Laval, Promenades Saint-Bruno, Fairview Pointe-Claire et Galeries d’Anjou) utilise également des caméras.
« Nos centres commerciaux disposent actuellement de caméras de vidéosurveillance que nous utilisons pour assurer la sécurité du public », a fait valoir une porte-parole de Cadillac Fairview, Anna Ng.
Comme des hamsters
Plusieurs associations de consommateurs disent suivre avec intérêt le dossier de la reconnaissance faciale au Québec. « C’est extrêmement envahissant et inquiétant. Ils doivent nous informer lorsqu’ils nous filment et ils ne le font pas. Et que font-ils avec les données recueillies ? Ils les revendent ? » se questionne le président de la Coalition des associations de consommateurs du Québec (CACQ), Jacques St-Amand.
Selon ce dernier, « le consommateur actuel se retrouve comme un hamster dans une cage et il ne le sait pas », déplore-t-il.
La reconnaissance faciale permet de :
- Connaître l’âge, le sexe et l’humeur des consommateurs
- Repérer les téléphones intelligents
- Cerner les comportements
- Permet de mesurer l’achalandage
- Permet d’ajuster les promotions
- Permet de justifier les prix des loyers
Enquête de la Commission de l’accès à l’information
Au centre commercial Place Sainte-Foy, à Québec, un projet
pilote de reconnaissance faciale mené au cours des derniers mois fait
l’objet d’une enquête de la Commission de l’accès à l’information (CAI).
La direction de l’organisme n’a pas voulu commenter le dossier hier, mais a confirmé enquêter sur la portée de la technologie utilisée par le propriétaire du centre commercial.
Comme Le Journal l’a rapporté en janvier dernier, Ivanhoé Cambridge avait installé une dizaine de caméras à Place Sainte-Foy, qui collectaient des données sur les clients de trois détaillants, soit La Vie en Rose, Tristan et la lunetterie BonLook.
Les caméras ont servi à capter les visages des consommateurs pour déterminer leur âge, leur sexe et leur humeur. Les données obtenues ont également permis aux détaillants d’améliorer leurs offres commerciales.
Plaintes
Malgré des affiches qui prévenaient les clients de Place Sainte-Foy que des caméras les filmaient, plusieurs plaintes ont été déposées à la Commission de l’accès à l’information.
Ivanhoé Cambridge dit avoir mis fin à son projet pilote, mais songe toujours à implanter dans ses autres centres commerciaux cette technologie de reconnaissance faciale par caméra.
« Nous avons utilisé l’analyse de vidéos anonymes qui ne permettent pas de reconnaître l’identité des consommateurs. Les images captées ont servi à obtenir approximativement l’âge, le sexe et les réactions des consommateurs », a tenu à préciser une porte-parole d’Ivanhoé, Karine Groleau.
Droits
Pour l’heure, la Loi sur la protection de la vie privée permet la captation d’images par des caméras de surveillance pour des questions de sécurité. « Les commerçants disent que les caméras sont là pour la sécurité, mais personne ne vérifie ce qu’ils font véritablement avec les données », rappelle le spécialiste informatique en sécurité de l’information, Steve Waterhouse.
Pour l’avocat spécialisé en vie privée chez Fasken Martineau Antoine Aylwin, les clients des centres commerciaux ont des droits légitimes qui se doivent d’être respectés tout en reconnaissant se trouver dans un lieu public. « Le fait qu’on me fiche et qu’on garde un historique de toutes mes venues au centre d’achat, c’est exagéré. Et chaque fois que l’on va vers une identification, cela devient discutable », fait-il remarquer.
REF.: La direction de l’organisme n’a pas voulu commenter le dossier hier, mais a confirmé enquêter sur la portée de la technologie utilisée par le propriétaire du centre commercial.
Comme Le Journal l’a rapporté en janvier dernier, Ivanhoé Cambridge avait installé une dizaine de caméras à Place Sainte-Foy, qui collectaient des données sur les clients de trois détaillants, soit La Vie en Rose, Tristan et la lunetterie BonLook.
Les caméras ont servi à capter les visages des consommateurs pour déterminer leur âge, leur sexe et leur humeur. Les données obtenues ont également permis aux détaillants d’améliorer leurs offres commerciales.
Plaintes
Malgré des affiches qui prévenaient les clients de Place Sainte-Foy que des caméras les filmaient, plusieurs plaintes ont été déposées à la Commission de l’accès à l’information.
Ivanhoé Cambridge dit avoir mis fin à son projet pilote, mais songe toujours à implanter dans ses autres centres commerciaux cette technologie de reconnaissance faciale par caméra.
« Nous avons utilisé l’analyse de vidéos anonymes qui ne permettent pas de reconnaître l’identité des consommateurs. Les images captées ont servi à obtenir approximativement l’âge, le sexe et les réactions des consommateurs », a tenu à préciser une porte-parole d’Ivanhoé, Karine Groleau.
Droits
Pour l’heure, la Loi sur la protection de la vie privée permet la captation d’images par des caméras de surveillance pour des questions de sécurité. « Les commerçants disent que les caméras sont là pour la sécurité, mais personne ne vérifie ce qu’ils font véritablement avec les données », rappelle le spécialiste informatique en sécurité de l’information, Steve Waterhouse.
Pour l’avocat spécialisé en vie privée chez Fasken Martineau Antoine Aylwin, les clients des centres commerciaux ont des droits légitimes qui se doivent d’être respectés tout en reconnaissant se trouver dans un lieu public. « Le fait qu’on me fiche et qu’on garde un historique de toutes mes venues au centre d’achat, c’est exagéré. Et chaque fois que l’on va vers une identification, cela devient discutable », fait-il remarquer.