Rechercher sur ce blogue

Aucun message portant le libellé ordinateurs. Afficher tous les messages
Aucun message portant le libellé ordinateurs. Afficher tous les messages

jeudi 11 février 2016

Un monde prévisible: avec le Big data et l'intelligence artificielle






Encore abstraites, les technologies du Big data et de l'intelligence artificielle pourraient elles aboutir à la disparition du hasard au profit d'un monde où tout puisse être anticipé ? C'est l'interrogation de René Trégouët, dans cette nouvelle chronique
Certaines ruptures technologiques sont particulièrement visibles et frappent les esprits : c’est par exemple le cas pour les tablettes numériques, les voitures électriques ou encore de l’éclairage par LED. Mais certaines révolutions techniques se déroulent sous nos yeux sans que nous en soyons vraiment conscients : tel est le cas des « Données massives » (Big Data). En seulement cinq ans, les données massives et leur traitement intelligent ont déjà profondément bouleversé l’ensemble des secteurs d’activité économique et scientifique… et ce n’est qu’un début !
Dans le domaine capital de la production d’énergie propre par exemple, nous allons être confrontés au cours du prochain quart de siècle à un redoutable défi mondial : assurer au moins la moitié de notre production totale d’énergie à partir de sources d’énergies renouvelables, principalement le vent, le soleil, et les énergies marines. Mais ces sources d’énergie, si elles présentent l’immense avantage d’être à la fois gratuites, inépuisable et très faiblement émettrices de gaz à effet de serre, présentent aussi le redoutable inconvénient d’être diffuses et intermittentes. Dès lors, pour que les réseaux de distribution -et notamment le réseau électrique- soient capables d’absorber une part de plus en plus importante d’énergie issue de ces sources renouvelables, il est absolument capital de pouvoir lisser et gérer les fluctuations considérables de production liées aux brusques changements météorologiques. Les outils de prévision de production d’énergie solaire ont d’ailleurs été désignés comme « technologie de rupture majeure » par le MIT en 2014.
La jeune société Reuniwatt, basée à la Réunion et fondée en 2010, a décidé de relever ce défi en combinant les technologies du Big Data, Intelligence Artificielle, météorologie, traitement d’images-satellites et d’images grand-angle du ciel. En quelques années seulement, Reuniwatt est devenue l’un des leaders mondiaux de la prévision d’énergie solaire grâce à son outil d’aide à la décision Soleka. Ile très ensoleillée, La Réunion souhaitait intégrer dans son mix énergétique une part majoritaire provenant des énergies renouvelables. Mais une telle montée en puissance des énergies propres, et notamment de l’énergie solaire, n’était envisageable qu’à la condition de pouvoir prévoir de manière particulièrement fiable l’évolution de la production d’électricité solaire en fonction des aléas de la météo.
Au terme de cinq années de recherche, Reuniwatt a réussi à mettre au point un remarquable logiciel prédictif, baptisé Soleka. Cet outil, reconnu au niveau mondial pour son excellence, fonctionne à trois horizons temporels (les prévisions allant de la minute à plusieurs jours à l’avance) et pour l’ensemble des acteurs de l’énergie, producteurs, distributeurs et consommateurs. En utilisant de manière intelligente et particulièrement ingénieuse des données massives, Soleka a donc réussi à faire sauter un obstacle très important vers la production prévisible à très grande échelle d’énergie solaire.
Autre domaine dans lequel les données massives sont en train de s’imposer : la biologie et la médecine. A l’institut Pasteur, le professeur Marco Vignuzzi et son équipe ont développé une méthode très innovante pour comprendre les mutations virales des ARN à partir de souches du Chikungunya ayant été isolées avant qu’elles ne mutent. Appliqué au virus du Chikungunya, de l’hépatite C ou de la grippe, cet outil permet de comprendre et de prévoir ce mécanisme de progression infectieuse. « Avant, on était obligé de séquencer un seul génome de virus à la fois ; mais à présent le séquençage à haut débit permet de couvrir la totalité d’une population virale qui existe au sein d’un même échantillon », souligne M. Vignuzzi.
Cette nouvelle approche prédictive devrait non seulement permettre de repérer en amont les mutations virales au potentiel épidémique important, mais devrait également déboucher sur la conception d’une nouvelle génération de vaccins plus efficaces, créés à partir des données observées et des schémas de mutations qui en découlent.
Une autre équipe américaine de l’Université d’Harvard, dirigée par le professeur Kou, a présenté il y a quelques semaines un modèle baptisé ARGO (AutoRegression with GOogle search data), capable de suivre en temps réel différentes épidémies de grippe. Ce modèle statistique de nouvelle génération, qui utilise notamment les données de Google, est présenté comme « flexible, robuste, auto-correctif et évolutif ». Bientôt disponible en « open source », ARGO va constituer un outil particulièrement précieux pour les pouvoirs publics et autorités de santé qui vont pouvoir planifier et gérer de manière beaucoup plus fiable les campagnes de vaccination contre la grippe. Il faut en effet rappeler que cette maladie, parfois présentée à tort comme bénigne, tue environ 500 000 personnes dans le monde chaque année. Il faut également rappeler qu’en France, plus de 18 000 personnes sont mortes de la grippe l’année dernière…
On peut aussi évoquer le lancement cet été par la fédération Unicancer d’un outil d’analyse sémantique appelé ConSoRe (Continum soins-recherche) qui va exploiter l’ensemble des données générées par les 18 centres de lutte contre le cancer (CLCC) afin notamment de simplifier la mise en place de programmes de recherche. Il permet d’effectuer des recherches en texte libre, « à la Google », ou multicritères. Le système fonctionne comme « une moulinette de traitement » qui effectue « une analyse sémantique des dossiers ». Son point fort est qu’il peut lancer des requêtes sur l’ensemble du corpus documentaire du patient. Concrètement, l’outil peut faire le lien entre un critère A présent dans un compte rendu et un critère B présent dans la base pharmaceutique, par exemple.
Cet outil permet de simplifier la mise en place de programmes de recherche par la constitution facilitée de cohortes de patients. Mais à terme, ConSoRe a des objectifs bien plus vastes et ambitieux et permettra, comme le fait déjà Watson, l’ordinateur intelligent d’IBM aux Etats-Unis, de proposer à chaque patient un traitement entièrement « sur mesure », conçu en fonction des spécificités biologiques et génétiques individuelles du malade.
Comme je vous l’ai déjà dit il y a quelques semaines, l’utilisation de ces données massives s’est également imposée dans le domaine de la sécurité et de la lutte contre le crime. L’année dernière par exemple, la ville de Santa Cruz, en Californie, a réussi à faire baisser de 27 % sa criminalité globale grâce à l’utilisation du nouveau logiciel PredPol. Cet outil de prévision criminelle est également utilisé depuis un an par la police du Kent, en Grande-Bretagne. Se présentant sous la forme d’une carte, actualisée en permanence, PredPol existe aussi en version « mobile », pour smartphone ou tablette, et permet aux policiers de mieux prévenir activement la criminalité en concentrant leurs actions sur les zones à risques.
PredPol est dérivé des programmes de prévention des séismes. Il analyse, grâce à des algorithmes spécifiques, une multitude d’informations contenues dans une gigantesque base de données qui recense toutes les infractions passées dans une aire précise (quartier, ville ou région). À présent, de nombreuses grandes villes américaines, comme New York ou Los Angeles, utilisent avec beaucoup de satisfaction PredPol.
En Europe, des chercheurs ont mis au point après cinq ans de travaux, dans le cadre d’un programme européen de recherche, l’outil Indect qui vise à mieux lutter contre les activités criminelles ou terroristes grâce à la détection automatique intelligente d’événements et de situations « à risque ». Ce système permet, notamment, d’effectuer, avec des taux de réussite pouvant dépasser les 90 %, le traçage et le suivi de personnes et d’objets, ainsi que leur identification. Couplé aux caméras de vidéosurveillance, Indect peut aussi repérer des comportements anormaux dans une foule, ce qui peut évidemment s’avérer extrêmement précieux dans le nouveau contexte actuel de lutte mondiale contre le terrorisme.
En France, la gendarmerie expérimente depuis quelques mois un nouveau logiciel prédictif pour anticiper les grandes tendances de la délinquance sur le territoire. L’idée est d’analyser certaines catégories de délits fréquents – les cambriolages, les vols, les trafics de stupéfiants ou encore les agressions sexuelles – s’étant produits au cours des cinq dernières années, pour en extraire les points de comparaison et les singularités et essayer de prévoir où et quand ces types de crimes et délits risquent de se reproduire dans un proche avenir.
Outre-Atlantique, la ville de New York utilise depuis juillet 2013 un nouvel outil logiciel destiné à mieux prévenir les 3 000 incendies majeurs qui se déclenchent chaque année dans cette mégapole. Cet outil prédictif explore et recoupe 60 critères, puis attribue une note de risque à chacun des 330 000 immeubles répertoriés dans sa base de données. Chaque semaine, ce logiciel peut ainsi fournir aux pompiers de la ville la liste des bâtiments à aller inspecter car pouvant être le foyer du prochain incendie (Voir The Wall Street Journal).
Les outils d’analyse prédictive ont également récemment fait leur apparition dans le secteur de l’industrie aéronautique. Depuis quelques mois, l’ensemble des 1,6 giga-octets de données provenant de 24 000 capteurs embarqués et correspondant à chaque vol d’un Airbus A380, sont récupérées par Wi-Fi puis transmises au centre d’ingénierie et de maintenance d’Air France KLM à Toulouse. Ces données sont alors comparées et recoupées, grâce à un moteur d’analyse prédictive, avec des données d’exploitation de toute la flotte des A380 pendant les deux dernières années. Ce nouvel outil a fait la preuve de son efficacité pour prévoir et détecter les pannes sur la pompe de circulation, le composant le plus fragile du circuit qui amène le carburant aux moteurs. A partir de janvier 2016, le système sera étendu à d’autres équipements fragiles des A380 puis à d’autres avions de la compagnie comme les Boeing 777.
Ce système est si fiable et si précis que les techniciens peuvent à présent intervenir rapidement et directement sur la pièce responsable de la panne, sans suivre le manuel technique de l’avion. Le temps d’identification et de localisation de l’origine de la panne passe ainsi de 6 heures à seulement 5 minutes, ce qui permet un gain de temps et d’argent très important pour la compagnie.
À Lyon, la start-up ForCity, fondée en janvier 2014, a développé une plate-forme du même nom qui permet de modéliser une ville miroir numérique. Cette ville miroir est ensuite rendue dynamique par des modèles mathématiques simulant l’évolution du territoire au cours du temps. Cet outil de simulation numérique permet alors aux collectivités et aux entreprises de simuler une multitude de scénarios correspondants à des évolutions de territoire, en faisant varier de nombreux paramètres  (population, transports, énergie, attractivité d’un quartier, etc). Parmi les clients de ForCity, on trouve par exemple Veolia Asia pour qui cette société a développé une maquette numérique de Hong Kong, afin d’étudier les interactions entre le territoire et les métiers de Veolia : valorisation des déchets, cycle de l’eau, distribution de froid dans les bâtiments.
La gestion et la comptabilité des entreprises n’échappent pas non plus à cette révolution des données massives : Cegedim SRH a ainsi développé une solution de pilotage pour gérer la masse salariale et formuler des hypothèses de manière prédictive. Cet outil est entièrement dédié au pilotage de la masse salariale. Il permet aux entreprises d’anticiper les départs à la retraite, d’évaluer les futurs besoins en compétences, ou encore de bâtir un plan prévisionnel de gestion des ressources humaines en tenant compte de l’évolution de la pyramide des âges dans l’entreprise…
Là encore, ce logiciel exploitant le Big Data a permis d’effectuer un saut décisif entre la simulation et la prédiction. Grâce à ce système, lorsqu’une entreprise octroie une augmentation ou une prime à ses collaborateurs, elle peut désormais avoir une vue d’ensemble, sur le long terme, des impacts que sa politique salariale  va avoir sur les charges sociales et patronales, sur les mutations, sur les processus de mobilité interne.
Mais cette analyse d’une masse gigantesque de données peut également permettre aux recruteurs publics ou privés de mieux cerner le profil et les aptitudes d’un candidat pour un poste donné. Il existe déjà des tests, comme le questionnaire de personnalité PAPI, qui consiste à vous faire répondre à une longue série de questions, qui croisées, créent une sorte d’organigramme reflétant votre comportement en entreprise. Mais en combinant les potentialités des données massives et de l’apprentissage automatique, on peut aller encore plus loin. Ainsi, le service Watson Developer Cloud BlueMix d’IBM permet d’analyser votre personnalité, et d’en dresser là aussi une carte.
En outre, les algorithmes peuvent même permettre de prédire le départ d’un salarié. Le Crédit Suisse utilise ainsi ses données pour évaluer les risques qu’un employé quitte l’entreprise, en fonction de ses performances, de son lieu de vie, de ses traits de personnalité, ou encore de ses interactions sociales. L’objectif est bien sûr de repérer les collaborateurs les plus précieux qui risquent de partir, afin de les garder au moyen de primes et d’augmentations de salaires… (Voir The Wall Street Journal).
Les outils prédictifs intelligents sont également en train de révolutionner le secteur de la vente et de l’immobilier. Aux États-Unis, Smartzip propose par exemple à un agent immobilier de scanner une zone, à partir du code postal, ce qui correspond aux Etats-Unis à un quartier. Ce logiciel permet d’analyser l’ensemble des données associées à toutes les adresses répertoriées et le professionnel peut ainsi savoir très rapidement si tel ou tel résident est propriétaire, depuis quand et quel est le montant et la durée de son crédit immobilier. Au final, cet outil permet d’identifier les biens immobiliers qui ont le plus de chances d’être vendus dans l’année qui suit. Signalons au passage qu’en France, l’utilisation de ce type d’outils prédictifs extrêmement puissants n’est pas encore possible car il se heurte à un cadre législatif et réglementaire européen et national plus strict qu’aux États-Unis et qui restreint de manière beaucoup plus drastique l’utilisation à des fins commerciales des données personnelles sans le consentement exprès des consommateurs…
Il faut encore évoquer l’outil prédictif très futuriste mis au point par une jeune chercheuse israélienne, Kira Radinsky, qui a été classée parmi les 35 jeunes les plus innovants au monde, par le magazine MIT Tech Review. L’algorithme imaginé par cette brillante scientifique repose sur un vaste ensemble de faits de toute nature (épidémies, guerres, catastrophes, crises économiques) qui se sont déroulés dans le passé. Selon Kira Radinsky, même si, chaque événement survient dans des circonstances particulières, il obéit tout de même à un modèle déjà observé dans le passé et qui obéit à certaines lois subtiles et utilisables. Ce logiciel de recoupement de données (Link Data), croise des milliards d’informations afin d’en extraire les corrélations et points communs. Il est alors possible, en recourant à des modèles mathématiques de prévisions, de calculer les probabilités d’occurrence de faits semblables. Cet outil serait capable, selon sa conceptrice, de prévoir 90 % des risques épidémiques, une performance hors d’atteinte pour le cerveau humain.
L’exploitation intelligente des données massives est donc devenue très rapidement l’un des nouveaux moteurs de mutation numérique en cours dans nos économies développées. Il suffit d’ailleurs pour s’en convaincre d’observer la progression de ce marché au niveau mondial. Selon une récente étude du cabinet IDC, celui-ci passera globalement de 3,2 milliards de dollars en 2010 à 48 milliards en 2019 ! On le voit, cette révolution des données massives n’en est encore qu’à ses prémices : selon une étude réalisée par Pure Storage, trois entreprises sur quatre déclarent collecter des informations qui ne sont pas exploitées, soit par manque de moyens humains et techniques soit par manque de temps.
Soulignons enfin que les enjeux liés à la généralisation de ces nouveaux outils de prédiction intelligente ne sont pas seulement scientifiques et économiques mais également sociaux et humains. Face à un chômage de masse persistant, l’utilisation intelligente des données massives pourrait en effet permettre une mise en relation beaucoup plus fluide et efficace de l’offre et de la demande de compétences sur le marché du travail. Il faut en effet savoir qu’en France, on estime (selon les données de Pôle Emploi et du Medef) à 570 000 par an le nombre de postes qui ne peuvent être pourvus qu’avec de grandes difficultés et à 400 000 chaque année celui des emplois qui ne trouvent pas preneurs, faute de candidats possédant les compétences requises…
L’utilisation généralisée de ces nouveaux outils extrêmement puissants dans les domaines du travail et de la formation professionnelle devrait donc permettre d’exploiter bien plus efficacement de vastes gisements d’emplois, aujourd’hui inaccessibles mais également d’adapter et d’anticiper de manière active l’évolution des filières de formation professionnelle, ce qui permettrait à chacun de trouver sa place dans notre société, et à notre Pays de tirer pleinement profit les mutations techno économiques en cours au lieu de les subir.
Reste que l’utilisation de plus en plus pertinente et pointue d’une quantité toujours plus grande de données concernant nos activités et nos vies soulèvent de réelles interrogations éthiques et politiques. Comment en effet s’assurer que l’utilisation à des fins scientifiques mais également commerciales, sociales ou politiques de toutes ces données, se fait bien avec le consentement « libre et éclairé », selon la formule juridique consacrée, de tous les acteurs ? Jusqu’où sommes-nous prêts à limiter la protection de nos données personnelles pour vivre dans une société plus efficace, plus performante et plus confortable ? Ces questions essentielles, qui ne peuvent avoir de réponses simples, seront, soyons-en assurés, au cœur du débat démocratique de ces prochaines années.
 

Source.: publié sur RTflash, cet article est reproduit aussi sur Übergizmo France avec l’aimable autorisation de René TRÉGOUËT, Sénateur Honoraire et fondateur du Groupe de Prospective du Sénat de la République Française.

jeudi 26 décembre 2013

L'Agrément avant l'Environnement ?

Les déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE, D3E ou PEEFV - produits électriques et électroniques en fin de vie - en anglais Waste Electronic and Electrical Equipment WEEE) sont une catégorie de déchets constituée des équipements en fin de vie, fonctionnant à l'électricité ou via des champs électromagnétiques, ainsi que les équipements de production, de transfert et de mesure de ces courants et champs (ce sont surtout des ordinateurs, imprimantes, téléphones portables, appareils photos numériques, réfrigérateurs, jeux électroniques ou télévisions).
En Europe, une directive1 visant un meilleur recyclage des produits électriques et électroniques limite cette catégorie aux matériels fonctionnant avec des tensions inférieures à 1 000 V en courant alternatif et 1 500 V en courant continu. Au-delà, ils sont considérés comme des déchets industriels.
Diverses lois et taxes sont mises en place dans les années 2000 pour gérer ces déchets et limiter l'utilisation des substances dangereuses (RoHS et DEEE en Europe, en Californie, China RoHS en Chine).

Ces déchets ont une empreinte écologique très élevée en raison des importantes quantités de ressources en eau, métaux, et énergies mobilisées par la conception, la fabrication, le transport, l'utilisation et le recyclage des composants et objets électriques et électroniques.
Les DEEE contiennent des métaux précieux (argentorpalladiumcuivre et indium en particulier), source potentielle d'emplois, mais d'emplois dangereux s'ils ne sont pas associés à des législations et pratiques prenant en compte que certains composants des DEE sont aussi des déchets toxiques ou dangereux (cf teneur en aluminiumcuivreplombzincmétaux du groupe du platineargent, et des polluants persistants tels qu'arsenicmercurecadmiumlithium…)), ainsi que du verre, du plastique et de la céramique. Ils doivent théoriquement être traités conformément aux conventions internationales et réglementations nationales ou régionales, mais de nombreux pays envoient leurs déchets dans des pays pauvres où ils sont retraités sans précautions, et parfois par des enfants.
En électronique, de nombreux produits, sans danger lors d'une utilisation normale, sont utilisés dans un ordinateur personnel. Cependant lorsque ces produits sont abandonnés, les substances composant un ordinateur peuvent devenir toxique par le manque de stabilité. Ainsi, un moniteur à tube cathodique est constitué de verre plombé et de PVC produisant des toxines toxiques lors de son incinération. Chaque moniteur contient jusqu'à 4 kg de plomb au niveau de l'entonnoir et dans ses composants électroniques. Un moniteur contient également du baryum et du phosphore des éléments toxiques pour l'environnement et la santé humaine. L'unité centrale est également composée de produits comme le béryllium, leplomb et le chrome hexavalent2. le matériel électrique et informatique contient aussi des Agents ignifuges bromés dont certains sont en laboratoire des perturbateurs endocriniens avérés, qui affectent l'environnement, mais auxquels les personnes qui démontent ou cassent du matériel électronique sont particulièrement exposées (Une étude suédoise a mesuré les taux de PBDE dans l'organisme de différentes catégories de travailleurs, montrant que les recycleurs de déchets électriques et électronique étaient particulièrement touchés3).
En France, par « composants dangereux provenant d'équipements électriques et électroniques », on entend les composants électroniques eux-mêmes mais aussi « des piles et accumulateurs visés (...) considérés comme dangereux, descommutateurs au mercure, du verre (plombé et traité avec des terres rares) provenant de tubes cathodiques et autres verres activés, etc. »
Terra nova parle de « mine urbaine » et met en place en 2010 un procédé nouveau de recyclage des cartes électroniques (extraction mécanique du fer et de l'aluminium, pyrolyse de la résine époxy, et envoi en fonderie de l'agglomérat résiduel de cuivre et métaux précieux. Le gisement européen serait de 200 000 tonnes de cartes électroniques par an dont 130 000 tonnes pourraient être traitées par les fonderies4.

Les DEEE devraient d'abord être réutilisés avant d'être recyclés : C'est une logique de "priorité de traitement" Voir: http://www2.ademe.fr/servlet/KBaseShow?catid=14688&cid=96&m=3&sort=-1 La remise en état et la réutilisation d'un EEE est bien plus efficace pour protéger l'environnement car elle allonge la durée d'utilisation. Paradoxalement, en France, la filière de retraitement des DEEE est financée par les particuliers (via la contribution visible nommée aussi éco-contribution ou éco participation), mais ce sont les fabricants de matériels qui pilotent les 4 éco-organismes agréés. Les fabricants n'ont pas intérêt à privilégier le reconditionnement car les produits d'occasions font concurrence aux produits neufs qu'ils vendent.

Recyclage en Europe : L'ensemble des pays de l'Union Européenne a récolté en 2005-2006 en moyenne 5,1 kg/hab/an8.
La Norvège, la Suède, la Suisse, le Royaume-Uni sont les pays européens qui ont collecté le plus de déchets par habitant(>= 10 kg/hab/an).

Aux États-Unis, les déchets électroniques sont pour la plupart stockés dans des décharges, une infime quantité est incinérée et une petite quantité est recyclée. Ainsi, l’Agence de protection de l'environnement (APE) estime que 70 % des ordinateurs et des écrans et 80 % des téléviseurs sont déposés dans des décharges. Et seulement, 20 % des déchets électroniques sont recyclés9

Il est plus rentable d'envoyer à l'étranger ses déchets électroniques que de les faire traiter sur le territoire des États-Unis. Pour l'instant, l'Agence de protection de l'environnement n'impose pas aux fabricants et aux exportateurs de respecter des normes de traitement. Mais, elle étudie plusieurs solutions à mettre en œuvre11.

La Chine était l'un des premiers pays à récupérer les déchets électroniques pour en récupérer les métaux. Malgré l'interdiction par la Chine d'importation de déchets électroniques, le commerce n'a pas baissé. De nombreux villages sont des décharges de déchets électroniques12, par exemple la décharge de Guiyu13.






Conscient que les déchets électroniques sont une source de pollution et de danger pour l'Homme, le recyclage s'organise peu à peu dans de nombreux pays afin de récupérer notamment les métaux précieux contenus dans ces déchets. Aux États-Unis ou en France, le recyclage devient obligatoire et les déchets doivent être pris en charge par des filières et entreprises spéciales. Une règlementation internationale, la convention de Bâle, impose aux pays exportateurs de déchets dangereux à signaler au destinataire la nature des déchets. L'union européenne impose aux fabricants de produits électroniques de prendre en charge le traitement de leurs propres déchets14.
Malgré cela, de nombreux déchets électroniques quittent les pays développés vers les pays en sous-développement où toute une filière s'est mise en place comme à Accra au Ghana. Dans les années 2000, une partie des déchets exportés le sont plus facilement en étant présenté comme matériel d'occasion réutilisable, mais en réalité souvent inutilisable (dans les 3/4 des cas selon le BAN15. De nombreux enfants démontent, trient et brulent des déchets électroniques afin de récupérer les métaux comme le cuivre. Les autres débris non valorisés sont rejetés dans l'environnement ou brulés dégageant de nombreux produits dans l'air, l'eau et le sol, toxiques pour l'environnement et l'homme16. La Chine est également devenue depuis les années 1980 un cimetière pour les déchets électroniques.



Les tablettes électroniques :

Les Amis de la Terre parlent d’un « effroyable gaspillage de matières premières » et soulignent que cet appareil est loin d’être sans danger pour l’environnement.
Le premier sujet critiqué par les écologistes est l’extraction des métaux et de minerais nécessaires à la fabrication de l’objet. Ceux-ci sont contenus à 95 % dans ce que l’on appelle les terres rares, extraites des mines chinoises. Seulement, les terres rares se présentent dans un état brut, mélangé à d’autres minerais. Inutiles, ceux-ci sont rejetés et dégagent de nombreux déchets toxiques autour des usines. L’impact environnemental et social de tels procédés est colossal. Les Amis de la Terre ont également pointé l’iPad du doigt à cause de son caractère éphémère. Le dysfonctionnement de la batterie soudée à l’appareil, marque en effet la fin de vie de cette tablette high-tech.

Faut-il totalement rejeter l’iPad ? .....Non,juste la politique environnementale internationnale !


Voyons l’intérieur de l’iPad à la loupe pour en évaluer le degré d’écologie. Le verre utilisé ne contient pas d’arsenic, un élément chimique toxique. L’écran LED ne contient pas de mercure et consomme moins d’énergie. L’ensemble de l’appareil est dépourvu de BFR et de PVC, des composants ennemis de l’environnement. La coque est en aluminium et la surface de l’écran en verre. L’extérieur de l’iPad est de ce fait entièrement recyclable. L’iPad séduit aussi parce qu’il permet la lecture de livres électroniques, réduisant ainsi l’utilisation de papiers. Bref, les avis divergent et ils sont fondés.




Le problême est que : 
Ces Produits toxiques doivent théoriquement être traités conformément aux conventions internationales et réglementations nationales ou régionales, mais de nombreux pays riches envoient leurs déchets dans des pays pauvres où ils sont retraités sans précautions, et parfois par des enfants.C'est souvent l'irresponsabilité du pays sous-développés  ,surexploités par les grosses cie qui ne font rien pour les guider dans le chemin de la protection environnementale et de la santé humaine.

Les conséquences environnementales:

Les trois régions présentent des caractéristiques au niveau de la pollution environnementale. Le stockage des déchets pollue les sols, les sous-sols, l’air et l’eau (nappe phréatique, cours d’eau) et rend impropre à la consommation les aliments issus de la chaine alimentaire (lait, produits issus de l’agriculture,…). L’atteinte à l’environnement40 s’avère nocif lors des phases de démantèlement, de récupération et d’élimination finale des matériaux dangereux car les substances toxiques sont directement déchargées dans les sols. Le brûlage des fils électriques contribue à polluer l’air ambiant et à former des amas de cendres polluants. Les combustibles (pneus, mousse isolante) toxiques polluent les sites d’incinération par le rejet de substances qui appauvrissent la couche d’ozone et qui contribuent à produire des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Les matériaux qui ne sont pas utiles sont enfuient sous terre ou abandonnés ce qui contribue à polluer l’environnement A Guiyu (Chine) a pour particularité d’avoir des niveaux particulièrement élevés de dioxines et furanes atmosphériques. Cette pollution de l’air entraine a posteriori des impacts sur l’écosystème local, principale source de vivres des autochtones41. Les méthodes de recyclage qui y sont pratiquées s’avèrent extrêmement polluantes pour le sol, et donc entrainent sa contamination et donc, celle des nappes phréatiques33. La pHmétrie nous renseigne sur l’acidité du sol (pH = 6,4 environ) et donc de la présence de certains métaux. C’est grâce à la spectrométrie de masse que ceux-ci seront identifiés (Cd, Co, Cu, Ni, Pb, V, Zn) avec les concentrations suivantes : « 4.09 ± 3.92, 15.5 ± 5.40, 1070 ± 1210, 181 ± 156, 230 ± 169, 54.3 ± 5.92 and 324 ± 143 mg/kg ». La certitude est au millième près42. C’est ainsi que la population se voit obligée d’obtenir de l’eau potable par camions.
En 2010, une étude sur les effets des substances toxiques libérées par les DEEE lors du recyclage en Chine et en Inde a été menée par des scientifiques. Il en ressort que les biens faits du recyclage des DEEE sont annulés par la pollution causée par les méthodes de recyclage. Ces méthodes de recyclage émettent des fumées toxiques directement libérées dans la nature, qui polluent ainsi l’eau, l’air, la biosphère 43.

Les conséquences humaines:

La santé44 de la population est mise à rude épreuve. Les travailleurs ne disposent pas de protection adéquate lorsqu’ils sont en contact direct avec les produits chimiques. Ils inhalent de la poussière ce qui porte atteinte à leur système respiratoire (toux, infection, suffocation, asthme) et ils souffrent d’irritation des yeux. Leur peau est fortement endommagée. Ils sont exposés à des métaux lourds45 qui sont cancérigènes (plomb, mercure, cadmium, PVC) et qui endommagent le système nerveux, sanguin, reproductif, respiratoire, les reins et les os. Ils peuvent recevoir des chocs électriques lors du démantèlement des objets. Les enfants et les femmes enceintes sont une catégorie particulièrement vulnérable parmi laquelle on constate un taux de mortalité élevé et des anomalies au niveau du système reproducteur. Beaucoup d’enfants sont recrutés pour collecter, démanteler et brûler les matériaux. Face à un travail non adapté ils sont victimes d’accidents de travail et travaillent dans de mauvaises conditions, ils sont stigmatisés, harcelés et exploités par les employeurs.

En février 2010 l'ONU alertait51,52 sur l’explosion prévisible de la quantité de déchets électroniques de 2010 à 2020 dans les pays émergents, qui pourrait avoir de graves impacts environnementaux, en particulier en IndeBrésil, au Mexique et surtout en Chine (second producteur de déchets électroniques après les Etats-Unis). Dans ces pays, l'incinération ou le traitement sommaire de grandes quantités de déchets électroniques et électriques 2,3 millions de t/an rien qu'en Chine) par le secteur de l'économie informelle entraîne déjà une pollution (toxique, grave et diffuse)51.
  • En Afrique du Sud et en Chine, le rapport prévoit une augmentation des déchets d'ordinateurs de 200 à 400 % d'ici à 2020.
  • En Inde, l'ONU prévoit une augmentation de 500 %51.
  • Les déchets issus de la téléphonie mobile devraient être multipliés par sept entre 2007 et 2020 rien qu'en Chine, et l'ONU prévoit une augmentation dix-huit fois plus importante en Inde entre 2007 et 202051
  • Le taux de téléviseurs en fin de vie devrait doubler dans ces deux pays entre 2007 et 202051
  • le nombre des réfrigérateurs à traiter devrait tripler en Inde entre 2007 et 202051

samedi 19 mai 2012

Pologne: IBM et HP impliqués dans une affaire de corruption

Pologne - IBM et HP impliqués dans une affaire de corruption
 
© AFP / Jean-Pierre Clatot

VARSOVIE - Les groupes informatiques IBM et Hewlett-Packard seraient impliqués dans une affaire de corruption concernant l'informatisation des administrations en Pologne, croit savoir jeudi le quotidien polonais Rzeczpospolita.
Le porte-parole de la police anti-corruption (CBA) Jacek Dobrzynski a refusé de confirmer ou de démentir les informations du journal.
Ces informations font suite à l'annonce mercredi par CBA de l'interpellation d'un haut fonctionnaire au sein de la direction de la police nationale et de deux dirigeants d'une société informatique polonaise, NetLine selon Rzeczpospolita, mis en examen tous les trois pour pots-de-vin.
«Les présidents de la société NetLine interpellés hier coopéraient étroitement avec les géants informatiques IBM et HP», a affirmé le journal.
Au début de l'année, CBA avait arrêté plusieurs hauts fonctionnaires et deux anciens directeurs de sociétés informatiques, mis en examen pour corruption dans les appels d'offres, a rappelé M. Dobrzynski.
Les porte-parole d'IBM et de HP en Pologne ont implicitement confirmé jeudi l'implication dans l'affaire de leurs anciens employés.
«Hewlett-Packard Polska coopère pleinement avec les autorités polonaises dans le cadre de l'enquête et ne commente pas son déroulement», a déclaré à l'AFP sa porte-parole Anna Marciniak, tout en soulignant que l'un des hommes inculpés, Tomasz Z., «n'était plus employé de HP Polska depuis février 2010».
De son côté, IBM «prend note des informations de presse au sujet d'un ancien employé d'IBM», a déclare son porte-parole en Pologne Tomasz Stachera.
«Nous prenons cette affaire très au sérieux et coopérons avec toutes les institutions chargées de l'enquête. Nous n'en commentons pas les détails à ce stade», a-t-il précisé.


REF.:

jeudi 29 septembre 2011

Se chauffer grâce à un centre de données


France - Se chauffer grâce à un centre de données
 
© AFP PHOTO / Kimihiro Hoshino


Peut-on chauffer des bâtiments grâce à la chaleur émise par des centres de données, dont les puissants serveurs informatiques constituent une source d'énergie jusqu'ici inemployée? L'expérience inédite va être tentée dès cet hiver dans un parc d'entreprises de Marne-la-Vallée.
Miser sur une «énergie de récupération« pour se passer des énergies fossiles, émettrices de CO2 et dont les cours flambent: c'est le coeur de ce projet qui utilise le centre de données d'une banque comme source d'un réseau de chauffage urbain pour alimenter les entreprises et bureaux alentour.
Les canalisations souterraines sont actuellement en cours de construction et les premiers clients devraient être raccordés dès cet hiver, a annoncé mardi Jean-Philippe Buisson, directeur Ile-de-France de Dalkia, filiale de Veolia Environnement et EDF spécialisée dans la production d'énergie.
À terme, le centre de données choisi permettra d'alimenter en chauffage et en eau chaude sanitaire jusqu'à 600 000 m2 de bâtiments et évitera l'émission de 5 400 tonnes de CO2 chaque année, selon ses calculs.
Au même titre que les incinérateurs de déchets ou les eaux chaudes rejetées par les piscines, les centres de données constituent des sources d'énergie de récupération non négligeables pour le chauffage alors qu'ils sont de plus en plus nombreux et de plus en plus puissants à travers la planète.
Un centre de traitement des données, est un site qui héberge des équipements et des ressources informatiques et électroniques. Ces installations, abritant serveurs informatiques, systèmes de refroidissement et systèmes électriques, sont «de très gros consommateurs en énergie».
Stabilité du prix à long terme
En avril 2010, l'organisation écologiste Greenpeace avait estimé dans un rapport que les centres de données consomment 1,5 à 2% de l'électricité globale, avec une croissance de l'ordre de 12% par an.
Selon M. Buisson, il y en aurait une centaine en France, dans les secteurs bancaires, de la téléphonie et de l'internet.
Dans le projet de Val-d'Europe, un parc d'activités de Marne-la-Vallée dont le développement est assuré par le groupe Euro Disney dans le cadre d'une convention avec les pouvoirs publics, c'est la chaleur émise par les systèmes de refroidissement du centre de données d'environ 10 000 m2 qui est récupérée.
Cette chaleur permettra de porter à 55°C l'eau présente dans un réseau souterrain auquel vont être progressivement raccordés les nouveaux bâtiments - entreprises, bâtiments publics, bureaux - qui seront construits sur ce parc d'activités d'une surface totale de 150 hectares (dont 30 ha aujourd'hui effectivement bâtis), précise Euro Disney.
Techniquement, outre l'absence d'émissions de CO2 supplémentaire, le système s'appuie sur une source qui «fonctionne 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7».
Économiquement, ce chauffage revient aux clients à 8 centimes le kW/h, soit «une gamme de prix inférieure à un chauffage électrique individuel mais un peu supérieure à une installation au gaz ou au fioul», en raison d'un investissement initial de «plusieurs millions d'euros», selon M. Buisson.
Avec l'avantage, précise-t-il, d'une «stabilité garantie» du prix à long terme car affranchie de la variabilité des prix des énergies fossiles.
Le réseau bénéficiera aussi à l'avenir de la chaleur émise par d'autres data centers attendus sur ce parc d'activités, indique Euro Disney, qui, pour chauffer son célèbre parc de loisirs tout proche, se tourne en revanche plutôt vers la géothermie.