Un haut responsable de la GRC accusé d'abus de confiance
GRC, police
Radio-Canada
Un
haut responsable du renseignement à la Gendarmerie royale du Canada
(GRC), Cameron Ortis, a été arrêté et accusé en vertu d’infractions au
Code criminel et à la Loi sur la protection de l’information. Il a
comparu en cour vendredi après-midi.
Cameron
Ortis est notamment accusé de communication non autorisée
d'informations opérationnelles, d'abus de confiance et d'utilisation non
autorisée d'un ordinateur.
S'il est reconnu coupable, il risque une peine maximale de 14 ans de prison.
Ce civil est un spécialiste de l'Asie du Sud-Est, des infrastructures stratégiques et des robots numériques (bots en anglais).
Les accusations découlent d'activités qui auraient eu lieu au cours de son mandat d'employé de la GRC
, a précisé cette dernière. La GRC a ajouté qu’elle ne ferait pas d’autre commentaire afin de ne pas nuire à l’enquête.
La police fédérale n'a pas voulu préciser si Ortis était toujours employé dans ses services.
Le procureur John MacFarlane a déclaré que la Couronne
ferait valoir, lors d'une prochaine audience sur le cautionnement, que
l'accusé, qui portait une chemise bleue lors de sa comparution par
vidéo, devrait rester en détention.
L'acte d'accusation énumère sept chefs au titre de
diverses dispositions, pour des allégations s'étalant du 1er
janvier 2015 jusqu'à son arrestation, jeudi.
Selon une source de CBC News, dans la mesure où le
travail d’Ortis touchait aux opérations de sécurité nationale, les
ministères fédéraux procèdent à des évaluations internes des dommages
liés à son arrestation.
D'autres sources de la CBC ont également mentionné que
plusieurs services de sécurité avaient été impliqués dans l'arrestation
d'Ortis.
Une affaire « sérieuse »
Le
chef libéral, Justin Trudeau, a temporairement de nouveau endossé ses
habits de premier ministre et brièvement parlé de l'affaire, vendredi.
J'ai été mis au courant de l'arrestation et que les autorités prennent cela extrêmement au sérieux
, s'est-il limité à dire.
De son côté, le chef conservateur, Andrew Scheer, a dit sur Twitter être
préoccupé
par l'arrestation. [...] C'est un rappel de la menace posée par les
acteurs étrangers. En tant que PM [premier ministre], j'agirai comme il
se doit lorsqu'une menace est identifiée.
Il y a vraiment une menace envers la sécurité nationale, parce qu'on ne sait pas quelles informations ont été partagées
, a souligné le leader néo-démocrate, Jagmeet Singh.
Quant au chef bloquiste, Yves-François Blanchet, il a préféré ne pas faire de commentaire.
Le ministre fédéral de la Sécurité publique, Ralph Goodale, a renvoyé toutes les questions sur l'affaire à la GRC.
Les
Canadiens peuvent demeurer confiants envers leurs services de
renseignement et de sécurité pour protéger notre sécurité et nos droits
, a-t-il néanmoins affirmé.
Ortis a été le plus haut conseiller sur les questions de
sécurité nationale de Bob Paulson, ancien chef de la GRC parti à la
retraite en juin 2017.
En raison des dispositions invoquées dans l'acte, il est
fort possible que Cameron Ortis ait eu accès à des informations classées
top secret.
Sur le réseau social professionnel LinkedIn, une
recherche effectuée au nom du suspect fait apparaître le compte d'un
homme du même nom indiquant travailler depuis 2007 pour le gouvernement
fédéral, à la suite de l'obtention d'un doctorat en sciences politiques à
l'Université de Colombie-Britannique. Ce Cameron Ortis posséderait
aussi un diplôme en administration de systèmes en ligne.
Ce compte LinkedIn signale en outre qu'il connaît le mandarin, la principale langue parlée en Chine, pays avec lequel Ottawa traverse une crise diplomatique inédite.
Les accusations en vertu de la Loi sur la protection de
l'information sont généralement portées quand des puissances étrangères
sont soupçonnées d'espionnage.
Selon Leah Wesh, qui enseigne la loi sur la sécurité
nationale à la Norman Paterson School of International Affairs de
l'Université Carleton, le fait que Cameron Ortis n'ait pas été accusé en
vertu des sections 16 ou 17 de la loi, qui portent sur le partage
d'informations avec un gouvernement étranger, est révélateur.
Pour
moi, cela veut dire qu'il a partagé quelque chose avec quelqu'un au
Canada, mais probablement pas avec un gouvernement étranger
, a-t-elle indiqué. Toutefois, il se préparait peut-être à partager des informations avec un gouvernement étranger ou une organisation terroriste
.
L'analyste de la Marine royale canadienne Jeffrey
Delisle, qui a reconnu en 2012 avoir vendu des secrets sur le Canada et
ses alliés à la Russie, a été le premier individu à être déclaré
coupable en vertu de la Loi sur la protection de l'information.