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Multiplication des poursuites pour des mammographies mal interprétées
MONTRÉAL - Les poursuites contre des radiologistes soupçonnés d’avoir mal interprété des mammographies se multiplient depuis quelques semaines. Le Collège des médecins refuse de parler d’une tendance, mais suit la situation de près. À l’heure actuelle, quatre poursuites impliquant cinq radiologistes sont devant les tribunaux. Au cabinet d'avocats Ménard, Martin, spécialisé dans les erreurs médicales, on affirme qu’au moins cinq autres dossiers sont aussi à l’étude.
« Ce sont des femmes qui ont un cancer à un stade avancé. On ne se lance pas dans une poursuite pour une mammographie manquée qui se trouvait dans une marge d’erreur acceptable. On parle ici de cas où un radiologiste moyennement compétent aurait dû émettre un diagnostic », explique l’avocat Jean-Pierre Ménard.
La rage au cœur
Louise Barrette est l’une des quatre femmes représentées par Me Ménard. Elle poursuit pour un montant de 235 000 $, en son nom et celui de ses proches, le radiologiste à la retraite Raymond Bergeron. Le travail de ce dernier est actuellement scruté de près par le Collège des médecins, qui doit réviser les quelque 15 000 mammographies pratiquées par le spécialiste.
La femme de 67 ans était suivie depuis 2005 par le Dr Bergeron, dans le cadre du Programme québécois de dépistage du cancer du sein. Au mois de mars 2009, elle palpe une masse dans son sein gauche. Son médecin de famille lui prescrit immédiatement une mammographie.
« Le Dr Bergeron l’a analysée et m’a dit que tout était beau. Je lui ai dit que c’était impossible, que j’avais une masse au sein. Il m’a traitée cavalièrement, comme si je le dérangeais. Je criais et il n’a rien voulu savoir. Je suis repartie avec mes radios », raconte la dame.
Deux mois plus tard, Mme Barrette consulte un autre spécialiste et reçoit son diagnostic : un cancer du sein gauche. Une révision des mammographies effectuées en 2007 et 2009 par le Dr Bergeron prouvera ultérieurement qu’il y avait déjà à cette époque des traces de cancer, selon ce qu’allègue la poursuite.
« Je suis tellement frustrée. J’aurais pu être soignée avant. Le Collège des médecins devrait exercer une meilleure surveillance de ses radiologistes », plaide la dame.
Un programme de dépistage désuet
Du côté du Collège des médecins, le secrétaire général Yves Robert croit que cette multiplication des poursuites est attribuable en partie au fait que la mammographie est l’un des examens les plus complexes à déchiffrer.
« C’est comme rechercher des flocons particuliers dans une tempête de neige. Il est possible que l’on en manque. Aussi, comme des milliers de femmes sont visées par le programme de dépistage, la probabilité d’erreurs augmente. Cela dit, ça n’excuse pas les erreurs », affirme-t-il.
M. Robert assure que les mécanismes de surveillance du Collège seront renforcés, afin d’éviter les opérations massives de relecture de mammographies.
La Coalition Priorité Cancer croit plutôt que c’est l’ensemble du Programme québécois de dépistage du cancer du sein qui doit être revu, si on veut limiter le nombre d’erreurs.
« Le programme a été mis sur pied en 1998 et n’a jamais été révisé par le ministère de la Santé. Or, plusieurs mises à jour s’imposent. Il faudrait établir un processus de deuxième lecture des mammographies ou offrir de la formation continue, comme ça se fait en France », souligne son président, le Dr Pierre Audet-Lapointe.
Le Programme québécois de dépistage du cancer du sein offre une mammographie tous les deux ans aux femmes âgées de 50 à 69 ans.
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A l'envers c'est a l'endroit ,.........vous vous en appercevrez a un moment donné !