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lundi 6 mars 2023

Sur la voie du mariage intérieur

 

 Sur la voie du mariage intérieur
Fusionnel et solitaire : du couple extérieur au nouveau couple

Depuis quelques années, les thèmes de la masculinité, de la féminité
et du couple sont largement développés en psychologie sociale et
comportementale. De plus en plus d'auteurs nous sensibilisent à la nécessité
de faire son mariage intérieur, de réunir le masculin et le féminin en soi.
Pour plusieurs d'entre nous, ces termes demeurent cependant
abstraits et sans liens concrets avec nos vies de tous les jours. La réflexion
que je vous propose par ce texte développe une vision du masculin et du
féminin qui permet à chacun de se reconnaître dans ces deux dimensions de
lui-même tout en lui offrant des pistes pour réunir ces deux polarités en soi.

Lʹapprentissage du Masculin et du Féminin
Tout être humain est mû par les forces opposées et complémentaires
des énergies masculine et féminine qu'il porte en lui. Le féminin c'est
l'énergie qui m'incite à me relier aux autres, à être en relation d'intimité.
C'est une aptitude à l'ouverture, à laisser entrer : à travers elle, je peux
ressentir et vibrer aux énergies des personnes avec lesquelles j'établis la
connexion.
Le masculin fait référence à l'énergie qui me pousse à me distancer
de l'autre, à poser mes limites, à me définir comme être séparé. C'est
l'énergie avec laquelle j'affirme ma différence, j'ose me choisir.
C'est d'abord dans sa famille, à travers la relation à papa/maman que
l'enfant fait l'apprentissage de ces deux énergies. C'est ainsi qu'à travers un
processus de projection inconsciente, il aura appris à utiliser l'une de ces
deux énergies pour alimenter sa vie relationnelle et l'autre pour gérer sa vie
socioprofessionnelle.
Au plan de la vie amoureuse, j'ai ainsi nommé «fusionnelle» la
personne qui se relie à l'autre à partir de son énergie féminine et «solitaire»
celle qui le fait à partir de son énergie masculine. Il est important de saisir
que cette identification ne se fait pas nécessairement en fonction du sexe
biologique. Selon une certaine logique du développement psychologique, on
s'attendrait à ce qu'une femme puisse utiliser son féminin pour alimenter sa
vie affective et son masculin pour maîtriser sa vie extérieure. Or, souvent la
petite fille n'a pas pu bénéficier de ce modèle de féminité en la personne de
sa mère.

C'est ainsi que de nombreuses femmes sont devenues solitaires dans
leur relation à l'autre. Autant d'hommes ont appris à devenir fusionnels en
s'identifiant à leurs pères, donc cristallisés dans leurs pôles féminins quant à
leur vie affective. Ces modèles d'identification et de contre identification sont
à la base de toutes les théories du développement de la personnalité et ont
des conséquences déterminantes sur le choix du partenaire et la capacité
d'engagement au plan relationnel, sur le vécu sexuel et la gestion des conflits
dans le couple.

Prisonniers de schémas répétitifs
Le choix du partenaire obéit à des lois magnétiques reliées à cette
polarisation des énergies masculine et féminine en soi. C'est ainsi qu'étant
fusionnel, je m'attire un partenaire solitaire et vice-versa. Je ne pourrai
me sentir en équilibre avec quelqu'un de même énergie que la mienne : le
trop semblable n'offre pas l'excitation reliée à l'exploration de l'inconnu. Mais
plus je serai polarisé, en fusionnel ou en solitaire, plus mes choix de
partenaires reflèteront ces extrêmes.
Ainsi, dans le pôle fusionnel, j'ai un tel besoin de l'autre pour remplir
mon vide intérieur, que je suis disposé à ouvrir mon coeur à la première
personne qui m'offre un sourire... Je m'attache très vite pour réaliser par
après que l'autre n'est pas disponible car déjà mariée à une autre personne
ou à son job, à ses loisirs, à ses amis... Ou alors j'accepte de demeurer dans
une relation de bourreau/victime subissant la violence physique ou verbale
du partenaire, ne croyant pas que je peux m'assumer dans la solitude.
Cristallisé dans le pôle solitaire, plus j'aurai peur de m'engager, de
perdre ma liberté dans le lien à l'autre, plus je persisterai à m'attirer des
partenaires qui vont s'accrocher à moi, avec tout le désespoir de leur peur de
me perdre. Mon réflexe de survie sera alors de me rendre encore moins
disponible, de multiplier mes activités sociales et professionnelles,
dimensions de ma vie où je sens que je suis en contrôle.
La polarisation fusionnel/solitaire donne ainsi naissance à des relations

de co-dépendance dans lesquelles le fusionnel est en état de « sur-
dépendance » alors que le solitaire retraite dans des comportements d'anti-
dépendance. Ce cycle infernal donne lieu à des comportements de plus en

plus destructeurs chez l'un et chez l'autre et explique la genèse des conflits
dans le couple.

Le conflit : une lutte pour sʹéviter de souffrir
La peur est toujours génératrice de conflit. Quand les peurs de l'un ou
de l'autre partenaire sont réactivées, le couple entre dans une zone de conflit

ouvert ou latent. Au niveau de la vie amoureuse, le fusionnel et le solitaire
sont prisonniers de peurs différentes. C'est quant ses peurs d'être abandonné
ou rejeté refont surface que le fusionnel devient insécurisé et que ses
attentes d'attention, de disponibilité et de prise en charge se multiplient.
Même si le conflit semble porter sur les choses anodines du quotidien, ce
sont les sentiments d'insécurité intérieure, de peur et de panique qui sont les
vrais responsables de la fermeture de l'un ou de l'autre. Ainsi, quand le
solitaire sent que les demandes/attentes de l'autre menacent sa liberté et
réveillent sa terreur d'être envahi et de se perdre, il recourt à sa stratégie
préférée pour contrôler la situation, la prise de distance. Distance physique :
il part, s'éloigne de l'autre et se concentre sur son travail, ses loisirs, ses
amis, etc... Distance psychologique : il crée la fermeture par le conflit,
sachant qu'ainsi il aura la paix pour quelques temps. En effet, le fusionnel a
peur de la colère de l'autre car il se sent rejeté, abandonné. Il est prêt à tout
pour s'éviter cette souffrance reliée à la rupture du lien privilégié.
Dans cette dynamique, il ne faut pas s'étonner que les besoins de l'un et de
l'autre ne soient jamais comblés, que les deux se sentent de plus en plus
insécurisés et à la longue de moins en moins ouverts aux compromis. Dans la
polarisation fusionnel/solitaire, les deux partenaires se sentent perdants : «
si je me choisis, je te déplais » dira l'un, « si je te choisis, je me trahis » dira
l'autre.

Les polarités et la sexualité
Même la vie sexuelle, lieu de rencontre privilégié, sera affectée par les
peurs et les cristallisations associées à chacun des modes relationnels. Le
fusionnel n'a jamais assez de contacts intimes. La sexualité est son moyen
privilégié pour se remplir dans un corps à corps avec l'autre. Il est cependant
en attente, dans la position de recevoir n'osant exprimer clairement ses
besoins qui semblent sans fonds... Il attend d'être nourri au plan émotionnel,
ce qui peut difficilement se vivre avec le partenaire solitaire puisque ce
dernier est surtout ouvert au niveau du sexe physique. Dans cette polarité, la
sexualité est surtout axée sur le faire, les techniques, sur la finalité et
l'orgasme. Peu en contact avec ses émotions pour vibrer de l'intérieur, le
solitaire a souvent besoin d'une forte excitation extérieure pour arriver à
ressentir, à jouir... Ce plaisir qu'il cherche à obtenir et à donner ne répond
que très partiellement aux besoins de sécurisation du partenaire fusionnel.
En état de manque, la rencontre sexuelle rend ce dernier de plus en plus
dépendant.
Les attentes non dites et les émotions réprimées par les deux
partenaires sont quand même captées au plan énergétique et créent des
blocages responsables de nombreuses dysfonctions sexuelles. Tout ce qui

reste inexprimé entre les partenaires affecte l'échange subtil qui s'opère
entre eux lors de la rencontre sexuelle.

Pour réunir le masculin et le féminin
Quels changements suis-je appelé à vivre pour transformer l'impasse à

laquelle me confronte cette polarisation de mes énergies vitales? Rappelons-
nous que c'est la séparation de ces énergies en soi qui nous oblige à les

rechercher à travers le partenaire amoureux. Ainsi, le fusionnel n'a pas
accès à l'énergie de son pôle masculin lui permettant de se dire, d'assumer la
responsabilité de ses besoins, de prendre sa place face à l'autre. Les choix
amoureux s'opèrent sur cette base inconsciente. Le solitaire en manque de
l'énergie de son pôle féminin va lui aussi dépendre d'un fusionnel pour
restaurer un certain niveau d'équilibre dans la dynamique de ses propres
énergies. A travers l'autre, il pourra se permettre de vibrer, de ressentir,
d'avoir un accès minimal au monde des émotions.
Tant et aussi longtemps que je n'arrive pas à reconnaître le scénario
de survie que j'ai adopté pour m'éviter de souffrir, je suis forcé de le
reproduire. Je me sens alors complètement démuni et impuissant puisque je
ne suis jamais dans mon pouvoir de création mais en réaction. Je réagis et je
me protège en me défendant, en me refermant sitôt que l'autre vient
réactiver mes zones de vulnérabilité.
C'est la souffrance que je subis qui va me forcer à vouloir comprendre
l'origine de mon mal être. Et souvent, je repousse toujours plus loin dans le
futur ce moment de confrontation intérieure. Ainsi, je pourrai déjà avoir
plusieurs fois changé de partenaire, croyant l'autre responsable de ma
souffrance. « Si je ne suis pas heureux, me dis-je, c'est sûrement parce que
je n'ai pas encore trouvé mon âme soeur!!! » C'est un vieux réflexe de
solitaire que d'accuser l'autre pour éviter d'avoir à se regarder soi-même!
Les stratégies destructrices de fusionnel sont toutes aussi
dommageables puisque ce dernier se juge, se déprécie et se dévalorise
quand il se sent malheureux, rejeté ou abandonné. D'un côté comme de
l'autre, ce n'est pas la relation d'amour de soi idéale... Et dire que l'on
persiste à croire qu'on pourra trouver et vivre l'amour avec quelqu’un d'autre
alors que cette relation d'amour est totalement inexistante en soi-même!!!
Comment prétendre aimer l'autre quand on est un inconnu pour soi-même?
Comment pourrais-je donner à l'autre ce que je suis incapable de me
donner?

« Tomber en amour » avec soi
Il est évident que l'apprentissage de l'amour débute par soi. Le couple
est un précieux laboratoire pour faire l'apprentissage de cet amour de soi
parce qu'il recrée le premier lien amoureux et réactive les émotions de la
toute première rupture que nous avons subie. Nous avons tous été
imprégnés de ce programme de base et il reste en opération tant et aussi
longtemps qu'il n'est pas repéré, conscientisé et transformé. Mais comment
transformer cette programmation initiale souffrante? Comment dépasser cet
état de séparation intérieure et accéder à l'unité du masculin et du féminin
en soi?
Consentir à regarder le couple et la relation amoureuse dans cette
perspective de changement nous amène à de nouvelles considérations sur le
sens de la vie à deux.
• Le « nous » qui définit le couple, est le lieu de rencontre de deux êtres
avec leurs passés et leurs aspirations pour le futur. Ce « nous » est plus que
la somme de ces deux énergies réunies. Il devient une entité vivante, un lieu
de création, de synergie et de synthèse qui propulse chacun vers le meilleur
de ce qu'il pourrait être. Cet espace de rencontre est le lieu où l'être peut
prendre le risque de se dévoiler dans sa totalité. Cet espace sacré permet un
retour à la « scène primitive », au temps de la première séparation pour
accepter enfin de relever le défi de la guérison par l'Amour.
• Aujourd'hui, à la charnière de mon passé et de mon futur, je suis
consciente que j'ai fait le choix de recadrer tout mon vécu relationnel dans le
sens de cet objectif de transformation.
• La souffrance déclenchée au contact de mon partenaire me ramène à
cette blessure initiale qui demande à être guérie. Elle est un appel à la
compassion pour cette partie de moi-même vulnérable et fragile. Ce qui fait
mal, c'est la résistance, le refus, le jugement que je porte sur l'émotion qui

se réveille. En refusant d'accueillir avec compassion cette partie de moi-
même qui veut s'exprimer, je m'abandonne et me trahis une autre fois... je

maintiens mon état de séparation intérieure, l'état de non amour.
• Mon partenaire est le miroir qui me renvoie à l'autre énergie que j'ai
besoin de développer en moi. Il est mon modèle dans l'apprentissage de
cette façon d'être différente. Je l'ai attiré dans ma vie afin de poursuivre
cette étape de ma croissance affective et spirituelle.
• Le conflit est un signe de bonne santé pour le couple. Il signale que
chacun est à faire l'apprentissage de son individualité, qu'il réveille l'énergie
de son pôle solitaire. Cependant, la résolution du conflit va aussi forcer les
partenaires à puiser dans les ressources de leurs polarité féminine

(fusionnel), ce qui va les obliger à développer l'acceptation, l'accueil de ce
qui réactivé en eux et entre eux.
• C'est souvent le corps qui va exprimer le premier, le mal être réveillé
au contact de l'énergie de l'autre. Toute difficulté sexuelle signale ainsi que le
couple est dans une zone de souffrance niée. C'est un appel au retour sur soi
et au partage des vulnérabilités de chacun, transformant ainsi ce qui fait mal,
le libérant dans un espace d'accueil.
Ce travail amoureux que je consens à faire à travers ma relation de
couple me redonne accès à mes deux énergies, masculine et féminine. Ainsi
libérées, elles deviennent disponibles pour me créer, pour soutenir la vision
de qui je veux être, de ce que je veux vivre. Je deviens désormais
responsable de ma vie. Mes choix reflètent de plus en plus mes besoins
présents. Tout ce que je me donne avec amour peut ensuite être
gracieusement offert à l'autre, aux autres.
Le travail de guérison effectué à travers le « nous » du couple devient
une nécessité pour la transformation planétaire qui est attendue de nous.
C'est d'abord en soi que la paix se développe. Chacun de nous est
responsable de mettre à contribution les talents qui constituent son Essence.
Les forces de création de tous sont ainsi mises au service de la collectivité,
au service de la vision commune que nous voulons créer pour transformer
tous les aspects de la vie sur terre. Car c'est dans l'interdépendance, le
soutien et la coopération que la vibration d'amour créée pourra donner
naissance à ce monde meilleur, celui dont nos âmes se languissent depuis
leur séparation de la Source.

 

REF.: Claire Reid, https://www.claire-reid.com/

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A l'envers c'est a l'endroit ,.........vous vous en appercevrez a un moment donné !