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KANDAHAR – Les Forces canadiennes ont finalement trouvé l’arme secrète pour venir à bout des combattants talibans dans la région de Kandahar: des emplois.
Les Canadiens ont fixé un taux de 600 $ afghans pour une journée de travail, ce qui représente environ 13 $ CAN. Tout salaire supérieur inciterait les enseignants et les ingénieurs afghans à quitter leur emploi pour creuser des fossés.
Mais l’incitatif est suffisant pour encourager un nombre incalculable d’ennemis à déposer leurs armes et à ramasser des pelles, disent les militaires. C’est une des raisons qui expliquent pourquoi les soldats canadiens ont remarqué en juin une baisse importante des violents affrontements avec les talibans.
«Si vous cherchez à travailler (pour votre communauté), vous allez faire de l'argent et être heureux, affirme le major Daniel Lamoureux, commandant de l’Action civilo-militaire. Mais si vous travaillez pour les méchants, il y a une grande chance que nous vous laissions tomber une bombe dessus.»
Les Canadiens ont mis en place un grand nombre de projets de construction dans la région de Kandahar, qui est à peu près de la taille de la Nouvelle-Écosse, afin de les faire coïncider avec la saison des combats.
«Si vous avez pelleté toute la journée, vous allez être trop fatigué pour prendre un fusil la nuit», fait remarquer un militaire.
Depuis avril 2010, le Régiment du génie de combat canadien de la Force opérationnelle à Kandahar a aidé à superviser des projets estimés à 51,5 millions $.
Maintenant, la question qui est sur toutes les lèvres est la suivante : est-ce que tout cela va s’effondrer lorsque les Canadiens vont quitter les lieux?
Les responsables croient que plusieurs projets vont perdurer bien au-delà de l’année en cours, qu’ils soient ou non dans une zone de guerre.
Les Canadiens ont placé tous les projets carrément entre les mains des Afghans, de la personne qui demande du financement à ceux qui conduisent les camions transportant du gravier pour améliorer les routes.
Le major Lamoureux explique que les militaires canadiens utilisent «une tactique patiente» voulant que les graines de la bonne gouvernance, des routes fiables et même un parc où les enfants peuvent jouer aient un impact et fassent des petits, même si les Canadiens ne sont plus dans le secteur.
«Lorsque nous partirons, le développement ne va pas s'arrêter», dit le major Don Saunders, commandant adjoint pour le Régiment du génie de combat canadien.
Son équipe va refiler aux Américains des dizaines de nouvelles demandes pour des projets lorsque les Canadiens vont quitter le terrain.
«Il y avait une personne qui est venue nous voir, lorsque nous avons construit une route, pour nous dire qu’elle allait construire une station-service sur sa terre», a donné en exemple le major Saunders. Cette station-service n'a pas été construite, mais il y a maintenant un panneau-réclame le long d'un des tronçons de la route fraîchement asphaltée.