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La police admet avoir un quota detickets
Pour la première fois, la police de Montréal a admis, hier, qu'elle imposait un quota quotidien de contraventions à ses policiers.
«Appelez-les comme vous voulez, un quota, un rendement : oui, les policiers à Montréal ont un objectif.»
Voilà comment l'inspecteur-chef Stéphane Lemieux, de la division de la sécurité routière et de la circulation, s'exprimait hier matin, en entrevue avec Paul Arcand au 98,5 FM.
«Je pense qu'on ne l'a jamais dit trop clairement. (...) Les policiers ont un objectif quotidien à remplir, que ce soit un policier de ma division ou un policier de quartier», a-t-il dit.
M. Lemieux a refusé de dire quel était cet objectif, qui est fixé en nombre de billets, et non en argent à rapporter.
«Les chiffres ne sont pas extraordinaires, a-t-il simplement dit. Si on regardait ça sous l'angle d'une entreprise privée, je pense qu'on se dirait: il y a peut-être place à en donner plus.»
Transparence
Joint par le Journal à la suite de cette admission, M. Lemieux a laissé entendre que depuis l'arrivée du nouveau chef, Marc Parent, on agissait ainsi avec transparence.
«C'est une de ses façons de vouloir travailler », dit M. Lemieux.
En optant ainsi pour la transparence, la direction de la police est bien consciente que les patrouilleurs risquent d'être l'objet de re-marques déplaisantes face aux quotas.
«Mais ce qu'on veut essayer de faire, c'est de responsabiliser un peu plus les gens», a dit M. Lemieux.
Une façon de faire que salue l'ex-sergent Alfredo Munoz, propriétaire de l'entreprise SOS Tickets.
«C'est la fin de l'hypocrisie, a-t-il commenté, hier. Là, au moins, on parle en toute franchise. Enfin, quelqu'un dit les vraies choses.»
M. Munoz n'est toutefois pas favorable à l'imposition de quotas aux policiers, craignant qu'ils poussent les policiers à donner des contraventions non justifiées, avec pour seul objectif de remplir son quota... et les coffres de la ville.
Bilan routier
Selon l'inspecteur-chef Lemieux, il y a un lien direct à faire entre le bilan routier et le nombre de contraventions émises: plus on émet de tickets, plus le bilan est bon.
C'est malheureusement par la peur de recevoir une amende salée que les automobilistes réagissent.
Il indique d'ailleurs que l'an dernier, trente-cinq personnes sont décédées dans les rues de Montréal. C'est nettement mieux qu'en 2005, alors qu'une cinquantaine de personnes avaient perdu la vie.