Relations non professionnelles
Deux fonctionnaires fédéraux qui entretenaient une relation extraconjugale et qui mentaient à leurs patrons pour pouvoir se rencontrer lors de faux meetings, se sont fait pincer, trahis par les traces qu'ils ont laissées sur leurs ordinateurs.
À LIRE: |
L'histoire abracadabrante de ces deux collègues du Centre de Service Canada figure parmi les nombreux cas d'enquêtes réalisées par le gouvernement pour surveiller le comportement de ses employés sur Internet. Comme dans bien d'autres cas, ces employés qui se croyaient à l'abri des regards ont vu leur vie privée, et même sexuelle, oscultée par leur employeur.
Pendant deux ans et demi, les deux fonctionnaires, qui travaillaient dans deux villes différentes, ont entretenu une relation amoureuse. Leur idylle les a poussés à mentir à leurs patrons pour se fixer des rendez-vous et à solliciter des congés de maladie sous de faux prétextes. L'un des deux tourtereaux a même consulté des banques de données gouvernementales confidentielles pour en apprendre plus sur le mari de sa nouvelle flamme.
La double-vie de ces deux fonctionnaires a été révélée au grand jour, lorsqu'un gestionnaire a constaté que l'un de ses employés passait beaucoup de temps à écrire des messages personnels sur ses heures de travail.
Un temps «considérable»
Le rapport d'enquête, qui fait plusieurs centaines de pages, montre que les deux fonctionnaires passaient «un temps considérable» dans leurs journées de travail à s'écrire de longs courriels amoureux, à parler au téléphone en utilisant des lignes téléphoniques du gouvernement.
Selon les enquêteurs, ils auraient passé un total de 140 heures de travail au téléphone à se parler. Tous ces appels interurbains avaient une valeur de plus de 3 700 $, même s'ils n'ont coûté que 235 $ à Service Canada, en raison de tarifs préférentiels gouvernementaux.
Le couple a poussé l'audace jusqu'à organiser un rendez-vous au sous-sol d'un édifice fédéral où l'un d'entre eux travail-lait afin d'y avoir des relations sexuelles.
«Le 9 mars 2007, alors que XXXX [...était] en congé de maladie, [...] ils sont allés au sous-sol de l'immeuble afin de pouvoir se rapprocher. Cette visite était planifiée. Nous comprenons que des échanges sexuels ont eu lieu», écrit l'enquêteur Benoît Guérard, qui a rédigé le rapport.
Stratagèmes
L'analyse des quelque 1 786 éléments de courriel échangés entre les collègues a permis de comprendre tous les stratagèmes qu'ils avaient montés à l'insu de leurs conjoints et de leurs patrons.
«Certains courriels faisaient référence à des congés que les deux employés voulaient demander à la gestion afin de pouvoir se rencontrer pendant la journée afin de ne pas susciter de doute auprès de leurs conjoints respectifs.»
Les deux amoureux ont même tenté de convaincre leurs patrons de les envoyer en formation à Régina, sous de faux prétextes, afin de pouvoir profiter d'une semaine ensemble.
Au terme de l'enquête, l'un des deux employés a été suspendu sans solde pour une durée indéterminée. Il a admis ses torts et promis de se faire soigner pour des problèmes de «comportement compulsif ».
* En avril dernier, Le Journal avait révélé que des fonctionnaires de Santé Canada avaient perdu jusqu'à trois semaines par mois à consulter des vidéos, effectuer des recherches personnelles, jouer à des jeux vidéos ou s'adonner à d'autres activités inappropriées en «travaillant ».
* * *
Trois autres cas
Des rendez-vous avec des transsexuels
Un employé de Service Canada passait une heure et demie par jour à fureter sur des sites de rencontres sexuelles et des sites pornographiques. Il utilisait son adresse de courriel du gouvernement pour fixer des rendez-vous avec des transsexuels (she-males).
Extrait d'un courriel envoyé par le fonctionnaire à un correspondant avec qui il échangeait des photos à caractère sexuel: «Bon, regarde, je suis très discret dans mes démarches, tu sais, je suis marié et à mon travail, je suis très prudent: j'ai des mots de passe et pas de problème.»
Il a été suspendu sans solde.
La douanière se fait livrer du valium
Pendant au moins deux ans, une employée de l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) s'est commandé illégalement du Valium. Elle tentait de se le faire livrer directement dans les bureaux de l'agence responsable de garder nos douanes.
Le rapport des enquêteurs internes de l'AFSC indique même qu'elle communiquait à l'aide de son compte courriel professionnel - indiquant clairement qu'elle travaille pour cette agence - afin de mettre de la pression sur ses exportateurs.
À quatre reprises, les commandes ont été saisies au moment où elles arrivaient en sol canadien.
Il gère son entreprise du bureau
Un employé de Revenu Canada, qui disposait d'un bureau fermé et d'un ordinateur portable, croyait pouvoir gérer son entreprise privée de vente de matériel de piratage d'ondes satellites. L'employé, identifié comme un fonctionnaire modèle par ses collègues, passait des heures sur Internet à vendre et acheter du matériel en plus de gérer ses comptes bancaires personnels.
-Avec la collaboration de Jonatan Larochelle.
REF.: Journal de Mtl.Mathieu Turbide