On pourrait résumer le rapport Bastarache en disant ceci: comme les allégations de Marc Bellemare sont impossibles à prouver, tout ce qu'il dit est donc faux. C'est donc Jean Charest qui a raison.
C'est un peu gros comme conclusion, mais c'est réellement l'impression que laisse la lecture des quelque 300 pages du rapport de la commission Bastarache.
Des faits
Même si le commissaire ne semble pas leur accorder beaucoup d'importance, quelques faits demeurent.
* Des solliciteurs de fond libéraux ont cherché à utiliser leurs «contacts» pour faire nommer des juges.
* La secrétaire du cabinet du premier ministre avait la tâche d'apposer des post-it sur les dossiers de candidatures des personnes à nommer pour indiquer s'ils étaient de bons libéraux. D'ailleurs, elle le faisait avec l'aide d'un collecteur de fonds.
Difficile de voir comment le rapport Bastarache parviendra à éliminer cette culture du copinage...
«C’est décevant d’avoir mis autant d’argent dans une commission qui a abouti à si peu de choses», a-t-il affirmé jeudi en entrevue avec Claude Poirier, au Vrai Négociateur, à LCN.
L’ancien ministre de la Justice avait plusieurs choses à reprocher à Michel Bastarache et au premier ministre Jean Charest.
«Le commissaire a été choisi par le premier ministre, sans débat, sans demander l’opinion de personne, a-t-il déploré. Et c’est évident qu’il avait un penchant assez marqué pour Jean Charest.»
«J’ai eu droit à un traitement défavorable», a ajouté Me Bellemare.
En entrevue avec Paul Arcand au 98,5 FM, il a aussi dénoncé le fait que ses avocats n’ont pas pu convoquer les témoins qu’ils désiraient et qu’ils ont eu du mal à mettre la main sur les documents dont ils estimaient avoir besoin.
De plus, M. Bastarache ne leur a pas accordé toute la latitude désirée lorsqu’ils ont mené des contre-interrogatoires, en particulier celui du collecteur de fonds libéral Franco Fava, a-t-il regretté.
Par ailleurs, il entend bien, dans le cadre des poursuites civiles qui l’opposent au premier ministre, présenter une preuve plus étoffée.
«Jean Charest voulait un rapport favorable, c’est ce qu’il a obtenu, a-t-il lancé à Claude Poirier. Ça aurait dû être une commission parlementaire, mais il en voulait plus, et ça a coûté 6 millions $.»
Marc Bellemare a aussi perçu des incongruités dans les conclusions du commissaire Bastarache.
«Il dit qu’il n’y a pas eu de pressions indues, mais n’a pas voulu se prononcer sur mes rencontres avec Jean Charest, qui étaient pourtant au cœur du problème. Il n’a jamais voulu regarder les reçus de Charles Rondeau du restaurant Michelangelo, où on s’est rencontrés en 2003, et où on avait parlé des juges.»
«Pourquoi n’a-t-il pas blâmé Jean Charest s’il est évident que des gens ont tripoté des dossiers que seul le ministre de la Justice devait avoir entre les mains?»
L’avocat, qui n’a accepté de donner qu’une poignée d’entrevues, jeudi, a affirmé qu’il restait sur ses positions. «Je maintiens ce que j’ai dit. C’est la stricte vérité. Je fais confiance au jugement de la population, qui a bien compris ce qui s’est passé. C’est plus important que ce M. Bastarache a dit.»