Un chirurgien reconnaît avoir négligé les soins médicaux à un jeune père de famille décédé des suites d’une appendicite en 2009, à Saint-Jean-Sur-Richelieu.
Le Dr Yves Perreault, 45 ans, a plaidé coupable hier à une accusation de négligence dans le suivi médical, devant le conseil de discipline du Collège des médecins (CMQ).
Le décès de Jean-Sébastien Gaudreau, 29 ans, avait fait les manchettes en 2011. Sa famille avait intenté une poursuite civile de 1,7 million $ contre le Dr Perreault, qui l’avait opéré le 2 novembre 2009 pour une appendicite.
Au lendemain de l’opération, l’état de santé du patient s’était détérioré. Il est mort une semaine plus tard, le 9 novembre, à l’hôpital du Haut-Richelieu.
«Ça m’a bouleversé quand c’est arrivé et ça me bouleverse encore, a dit le Dr Perreault durant son plaidoyer de culpabilité. (…) Je suis vraiment désolé.»
La veuve du patient avoue avoir été surprise d’apprendre récemment que le chirurgien plaiderait coupable. Elle ne croit pas aux regrets de ce dernier.
«Ça fait trois ans et demi et il n’a jamais cherché à me contacter, répond Christiane Vincent. Il a accusé tout le monde sauf lui-même pour ce décès-là.»
« Il voyait des fourchettes voler »
En 2011, un coroner avait suggéré au CMQ de se pencher sur le dossier. En fait, la santé du patient avait commencé à se détériorer dès le lendemain de la chirurgie. Il vomissait, était ballonné et avait des hallucinations. «Il voyait des fourchettes voler», avait dit sa conjointe.
Hier, le Dr Perreault a reconnu ses erreurs, notamment qu’il n’avait pas lu toutes les notes des infirmières au dossier et qu’il s’était plutôt fié au patient. Vers 23 h, le 8 novembre 2009, les infirmières avaient appelé le Dr Perreault puisque l’état du patient se détériorait.
Ce dernier avait donné des consignes au téléphone, mais ne s’était pas déplacé à l’hôpital. Le patient est décédé à 4 h.
«J’ai changé ma pratique pour ne pas que ça se reproduise, a-t-il expliqué. Je me fie moins aux dires des infirmières. Je vais vérifier moi-même.»
L’avocat du syndic du CMQ demande une radiation d’un an (voir autre texte). En 17 ans de pratique, le Dr Perreault n’a pas d’antécédent disciplinaire. En décembre dernier, la poursuite a été réglée via une entente hors cour. Les termes sont toutefois confidentiels.
PHOTO LE JOURNAL DE MONTRÉAL, CHANTAL POIRIER
Le Dr Yves Perreault a reconnu avoir négligé les soins de son patient.
UNE RADIATION DE 12 MOIS ?
Le Dr Yves Perreault pourrait être radié 12 mois. C’est du moins ce que demande le syndic du Collège des médecins.
Selon l’avocat du Collège, Me Jacques Prévost, le chirurgien a fait preuve de «manque de diligence» et «d’aveuglement volontaire».
« Extrêmement inquiétant »
«Il a donné plus de poids aux propos du patient qu’aux notes des infirmières, c’est extrêmement inquiétant», a-t-il plaidé.
Selon Me Prévost, le Dr Perreault avait refusé de reconnaître qu’il n’avait pas pris en charge le patient de manière adéquate lors d’une rencontre avec les syndics du Collège, en 2011. Une affirmation réfutée par le médecin, qui a répondu qu’il y avait peut-être eu des «problèmes d’interprétation».
De son côté, l’avocate du Dr Perreault, Me Marie-Ève Bélanger, a recommandé une réprimande ou une radiation de trois mois.
Elle a insisté sur le fait que la sanction ne doit pas être influencée par l’opinion du public, ou encore pour «plaire à des journalistes ou à des gens qui ont des grandes gueules dans notre société».
Elle ajoute aussi que «les risques de récidive sont nuls» et qu’une radiation de 12 mois nuirait à sa pratique de chirurgien.
Crise de confiance
Par ailleurs, Me Prévost a déploré la «crise de confiance énorme actuellement au sein des ordres professionnels».
«Je vous demande d’avoir à l’esprit la protection du public, et c’est aussi pour protéger la crédibilité des médecins, a-t-il souligné. Pratiquer une profession est un privilège, pas un droit.»
La sentence ne sera pas connue avant quelques mois.
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A l'envers c'est a l'endroit ,.........vous vous en appercevrez a un moment donné !