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Postes Canada pourrait bien ne jamais se remettre d'une grève prolongée de ses syndiqués, qui ont commencé un débrayage rotatif cette semaine, croit un expert en marketing et en nouvelles technologies.
Jean-François Ouellet, professeur agréé en marketing aux HEC Montréal, estime qu'une grève ne fera qu'accélérer la fin du service de distribution des lettres, «d'ici 5 à 10 ans».
«La poste va vraiment se tirer dans le pied avec cette grève. Elle risque de perdre sa clientèle plus rapidement, même si c'était déjà un mouvement inévitable», estime-t-il, en entrevue au Journal de Montréal.
«Si un conflit devait perdurer, les gens se rendraient compte qu'il y a d'autres alternatives, comme les factures électroniques, et ils les adopteraient», justifie le spécialiste.
Changement radical
Selon l'expert, la grande majorité des Canadiens est maintenant prête à délaisser la poste traditionnelle, car deux conditions essentielles, qui n'existaient pas lors du dernier débrayage des syndiqués en 1997, sont maintenant remplies.
D'abord, le fait que l'immense majorité des grandes entreprises, comme les banques et les commerces, proposent des services par internet accroît la confiance des consommateurs envers la sécurité des transactions.
Ensuite, d'après Jean-François Ouellet, la vitesse des connexions internet s'est beaucoup améliorée, et «n'est maintenant plus une entrave aux communications électroniques».
«Il n'y a plus de raison pour que 80 % du courrier ne soit pas acheminé de façon électronique. 85 % de la population est assez branchée pour ça», dit-il.
«Il n'y aura bientôt qu'une seule catégorie de gens ou d'entreprises qui vont se rabattre sur la poste traditionnelle. Ce seront ceux qui sont technologiquement très en retard», croit le professeur.
En retard
Au pays, Postes Canada détient le privilège exclusif pour traiter toutes les lettres de 500 grammes et moins. Au-delà de ce poids, le marché est ouvert à la concurrence et compte de nombreux joueurs parmi des entreprises privées comme UPS et FedEx.
Jean-François Ouellet croit que dans son domaine d'activités, Postes Canada n'a pas su s'adapter au changement technologique.
«Leur modèle d'affaires actuel, c'est quelque chose qui n'est pas seulement passé date, mais aussi qui ne fait pas de sens au niveau organisationnel.
«Par exemple, je lisais récemment que dans un pays scandinave, les gens ont maintenant le choix de recevoir leur courrier de manière traditionnelle, dans des enveloppes, ou de le recevoir scanné, en format électronique», explique l'expert.
«Ça permet de recevoir le courrier au moment où vous voulez le recevoir, et de la façon dont vous voulez le recevoir. On n'est pas rendu là, ici. La poste canadienne n'est pas équipée pour ça», juge-t-il.
La dernière grève des syndiqués de Postes Canada remonte à l'automne 1997. Elle avait duré deux semaines, avant qu'une loi spéciale du gouvernement fédéral n'oblige un retour au travail.
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A l'envers c'est a l'endroit ,.........vous vous en appercevrez a un moment donné !