Vol dans les parcomètres
Deux employés municipaux auraient dérobé l’argent des contribuables
Ce serait la première fois, à Montréal, que des employés sont accusés d’avoir volé les recettes des parcomètres. «Nos systèmes sont très sécurisés, d’où notre surprise», a dit un porte-parole de Stationnement de Montréal.
Deux cols bleus de la Ville de Montréal auraient volé des dizaines de milliers de dollars en argent comptant provenant des parcomètres, a appris notre Bureau d’enquête.
L’affaire, qui avait été soigneusement cachée au public jusqu’ici, prend les allures d’une véritable crise de confiance chez Stationnement de Montréal (SDM), l'organisme qui gère les parcomètres.
À tel point que, depuis quelques semaines, tous les employés qui font la tournée des boîtes de perception pour récolter l’argent sont systématiquement suivis par des agents de la firme de sécurité Garda, selon nos informations.
Richard Bellavance, 52 ans, et Jean-Michel Songue, 28 ans, ont été arrêtés le 23 janvier dernier par la police de Montréal. Les deux employés travaillaient en équipe à la collecte des parcomètres.
La police les soupçonne d’avoir volé une somme d’argent considérable. «Ils ont été pris sur le fait, et très clairement», relate Pierre Lalumière, directeur des communications et des relations publiques pour SDM.
Fraude, vol, complot
Chacun des deux comparses a été accusé de fraude, de complot et de vol de plus de 5 000$. Des accusations sérieuses qui peuvent mener à un emprisonnement maximal de 14 ans.
«Dans notre organisation, le vol, c'est inacceptable», soutient le porte-parole, qui rappelle qu’il s'agit ici de «l’argent des contribuables».
Bellavance et Songue, qui travaillaient pour SDM «depuis plusieurs années», ont également été suspendus sans solde, immédiatement après leur arrestation.
Pour l’instant, SDM ne veut pas s’avancer sur la somme exacte qui aurait été dérobée. «L’enquête est en cours, on découvre d’autres choses à mesure qu’on avance», indique Pierre Lalumière.
« Inacceptable »
À Montréal, seuls les cols bleus peuvent s’occuper de la perception de l’argent dans les parcomètres. Et selon Michel Parent, président du syndicat des cols bleus, la soixantaine de personnes qui sont affectées à cette tâche ne font pas l’objet d'une enquête de sécurité. Le chef syndical n’en voit d’ailleurs pas l’utilité.
«L’opérateur de l’usine d’eau potable peut faire bien plus de dommages que quelqu’un qui ramasse des 25 cents», illustre-t-il, tout en affirmant lui aussi que le vol est «inacceptable».
Parent blâme en partie l’employeur. «Si des employés ont réussi à voler de l’argent pendant un certain temps, c’est sûr qu’il y a un patron qui dort au gaz», estime-t-il.
Au moins jusqu’à la fin de l’enquête, la surveillance systématique des cols bleus qui récoltent l’argent des parcomètres se poursuivra.
«Les employés n’aiment pas nécessairement ça, parce qu’ils ressentent un certain stress d’être surveillés», reconnaît Pierre Lalumière.
– Avec la collaboration d’Anne-Laure Favereaux, Recherchiste à notre Bureau d’enquête