Maîtriser son avenir
Le système de retraite québécois, non viable et peu
performant, inquiète. Pour trouver des solutions, la ministre de
l’Emploi et de la Solidarité sociale, Julie Boulet, a mandaté un comité
d’experts pour réfléchir sur l’offre des régimes complémentaires. En
revanche, le Régime des rentes du Québec, notre régime de retraite
universel administré par l’État, n’est pas remis en question. Pourtant,
il est loin d’être irréprochable.
Accepterions-nous qu’une banque nous oblige à acheter un produit
financier pour lequel elle promet un rendement intéressant alors qu’elle
est incertaine de pouvoir respecter ses engagements ? Accepterions-nous
qu’à notre décès, la banque hérite de nos économies ? Jamais ! C’est
néanmoins selon un principe très similaire que fonctionne le Régime des
rentes du Québec.
10,05 % de notre revenu
En collaboration avec notre employeur, nous envoyons 10,05 % de
notre revenu à la Régie des rentes du Québec (ce taux augmentera de 0,15
% par année pour atteindre 10,80 % en 2017)
On nous dit qu’on épargne pour nos vieux jours alors que les sommes
récoltées servent à verser les prestations aux retraités actuels. On
nous fait croire que l’argent nous appartient, alors qu’il n’en est
rien. Par exemple, quand le cotisant décède, ses contributions sont
saisies en tout ou en partie par le Régime. Si le défunt n’a ni conjoint
ni enfant mineur, ses cotisations sont entièrement empochées par le
régime. Au mieux, les héritiers reçoivent une prestation de décès de 2
500 $.
Pour le commun des mortels, ce mode de fonctionnement répond à la
définition d’une escroquerie pyramidale. Pour la classe politique, il
assure « l’équité intergénérationnelle ! »
LE CHILI EN EXEMPLE
Le comité se trompe de cible en limitant son analyse aux régimes
complémentaires. Il ferait mieux de s’attaquer au cœur du problème, soit
le principe même de la retraite par répartition. Il pourrait étudier le
système chilien et peut-être même s’en inspirer. Après tout, il a été
imité par une trentaine de pays (y compris la Suède !) et est reconnu
par le FMI comme étant un modèle.
En 1981, confronté à un système de retraite en faillite, le Chili
remplace son régime public par un modèle basé sur des comptes
individuels de capitalisation. Aujourd’hui, les travailleurs sont
propriétaires de leur compte d’épargne-retraite et peuvent le confier à
l’institution de leur choix. Ils déterminent également leurs placements
en fonction de leur tolérance au risque et de leurs préférences et, à
leur décès, c’est leur famille, et non l’État, qui hérite de
l’intégralité du régime. Côté rendement, il est enviable : depuis
l’implantation du régime en 1981, la rentabilité annuelle moyenne du
fonds principal dépasse 9 %.
L’État québécois a pris en charge nos retraites parce qu’il nous en
jugeait incapables. L’expérience montre que c’est lui qui est inapte à
garantir notre sécurité financière. Pire encore, il nous impose un
système immoral. Il est donc temps de le relever de ses fonctions. Les
Québécois n’ont pas à être dépendants de l’État. À l’instar des
Chiliens, nous sommes parfaitement capables de gérer un compte
d’épargne-retraite. Mais pour cela, notre classe politique doit sortir
de son prisme idéologique et rendre aux travailleurs la maîtrise de
leurs finances et de leur avenir !
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