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Même s'il ne peut plus pratiquer la médecine depuis hier, Pierre Mailloux recevra encore des gens à son cabinet privé. Il proposera une psychothérapie intensive d'orientation analytique moyennant 300 $ de l'heure.
«Pour de la psychanalyse, vous savez, il y a beaucoup d'individus qui ne sont pas médecins et psychiatres. Il faut faire attention, on parle ici de psychothérapie analytique», lance-t-il en entrevue au Journal.
Il continuera donc à recevoir des personnes en privé sans toutefois pouvoir poser de diagnostics ou prescrire des médicaments comme avant. Il est conscient que cette façon de faire dérange le Collège des médecins. «Ça ne les regarde pas le tarif quejecharge, cen'estpasdeleuraffaire. Il ne faudrait pas se comporter comme si on était à Cuba ici.»
Radiation contestée
Parallèlement, il entend contester en cour l'application immédiate de sa radiation en demandant un sursis. L'un des psychiatres les plus connus du Québec souhaite ainsi pouvoir continuer à pratiquer en attendant que sa cause puisse être entendue en appel.
Jeudi, le Collège lui a retiré son droit de pratique pour deux ans en plus de lui infliger des amendes totalisant 33 000 $. On lui reprochait entre autres d'avoir donné des surdoses d'antipsychotiques à 43 patients. Dans la décision du Collège, on parle d'un «danger pour la protection du public.» Le conseil de discipline estime qu'il est préférable pour ces patients atteints de schizophrénie qu'ils soient dirigés vers un autre médecin.
Selon Pierre Mailloux, le Collège n'a pas fait un travail sérieux. Lui-même s'autoproclame sommité en matière de «psychiatrie». Le Conseil a dit ne pas avoir la compétence pour statuer à ce sujet. «Sur quoi se basent-ils ? C'est moi le plus connaisseur dans ce domaine. C'est moi qui suis la sommité. C'est épouvantable», lancet- il encore ulcéré.
Il ne regrette rien
Au sujet des propos qu'il a tenus et qui lui ont valu des amendes de 30 000 $, il dit qu'il ne regrette rien et qu'il répéterait la même chose si c'était à refaire. «J'ai pas à avoir honte», soutient- il en parlant des termes «vieux cochon» et «vieille truie» qu'il a tenus en ondes.
Pour lui, il s'agit d'expressions rurales et que les gens en région ont très bien compris ce qu'il voulait dire. Il dit que ses onze années passées à la radio sont du passé et il ne songe pas à y revenir même s'il se fait souvent poser la question. «J'avais du plaisir, mais c'était très exigeant. Ça ne veut pas dire que tout a été parfait.»
* Le Centre de santé de Maskinongé où le Doc Mailloux pratiquait a dû prendre des mesures spéciales hier. L'infirmière de l'équipe de santé mentale assurera la coordination pour la clientèle avec l'équipe en santé mentale du Centre hospitalier régional de Trois-Rivières.
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Dans son langage coloré, Pierre Mailloux explique qu'il n'entend pas se laisser faire et entend contester la décision du conseil de discipline du Collège des médecins :
«Ils voulaient me radier de façon permanente. Ils ne sont plus capables de me blairer, particulièrement le syndic Mario Deschênes.»
«Ils (conseil de discipline) ne me suivaient pas. Ils ne pouvaient pas me suivre, ils n'ont pas les mêmes connaissances.»
«La majeure partie de mes patients viennent de Montréal. Ils mettent les patients dans la rue. J'ai les pires cas de Montréal et après on vient vomir sur moi.»
«Il (enquêteur du Collège) n'a vu aucun patient. Il a envoyé une archiviste retraitée (voir ses dossiers). Est-ce que ça fait sérieux ? C'est pas sérieux.»
«J'ai utilisé le mot gonzesse. C'est le seul mot que j'ai utilisé. Je l'ai planté dans une expertise privée»
-à propos d'une psychologue pour laquelle il a dû payer 3 000 $ d'amende en raison des termes prononcés à son endroit.
«J'aime beaucoup la pratique de la psychiatrie.»
«Il n'y a pas d'image, c'est moi. Ce que vous voyez, c'est ce que je suis.»
«J'ai toujours dit que j'avais l'impression que c'était une guerre à finir (avec le Collège). Ils ont gagné une manche, mais tant que j'aurai la santé, je pense que je vais continuer.»
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