Impôts : Google va aider le fisc à traquer les fraudeurs
Alexandre Boero
20 août 2021 à 11h10
Grâce à Google,
l'administration fiscale espère renforcer sa lutte contre la fraude. Et
les choses pourraient aller encore plus loin, avec une éventuelle
coopération étendue entre Bercy et le géant américain.
Une bascule a déjà eu lieu en décembre 2019, avec l'autorisation partielle de collecter des données via les réseaux sociaux
, émanant directement du Conseil constitutionnel. Une autorisation
d'abord accordée à titre expérimental, pour une durée de trois ans.
Désormais, voilà que Bercy prépare un nouveau dispositif - grâce aux
outils fournis par Google - pour faire la chasse aux fraudeurs, comme
l'a révélé Le Canard Enchaîné il y a quelques jours.
Des algorithmes à la chasse aux piscines et autres bâtis non déclarés au fisc
Très concrètement, Bercy souhaite
créer un logiciel de détection capable d'identifier, de façon
automatique, les bâtis et piscines. Son nom de code serait « Foncier innovant »,
et le Trésor public entend propulser le logiciel avec l'aide de Google.
L'algorithme doit plus particulièrement permettre aux géomètres de
mieux détecter les "« éléments à enjeux fiscaux nécessitant des déplacements sur le terrain ».
Boosté à l'intelligence
artificielle, le programme détectera en toute autonomie les bâtis,
piscines, mais aussi les garages, vérandas et autres courts de tennis,
soit des éléments fonciers pouvant avoir une conséquence directe sur les
impôts locaux. Si un élément détecté n'est ainsi pas reconnu comme
étant déclaré aux impôts directs locaux, le propriétaire se verra
enjoint de régulariser sa situation.
Mais, si nous parlons ici
d'intelligence artificielle et d'algorithmes de détection automatique,
quel sera la matériau de base qui permettra au fisc de mener à bien
cette mission redoutée par les fraudeurs ? C'est en fait grâce aux
images aériennes publiques de l'IGN (Institut national de l'information
géographique et forestière), un établissement public donc, que les
services des impôts pourront aller au-delà de la détection algorithmique
et entamer des procédures correctives fiscales. Des expérimentations
sont en cours dans plusieurs départements (Vendée, Bouches-du-Rhône
notamment) depuis cet été.
Agression sexuelle: la victime alléguée d’un ex-policier livre un récit poignant
Un ex-policier de la Sûreté du Québec (SQ) est accusé d’une
agression sexuelle qui serait survenue il y a plus de 30 ans à sa
pourvoirie située à La Tuque.
« Monsieur est un ex-policier de la SQ, moi j’ai 16 ans. Là je me
dis que de l’accuser [...] c’est comme David contre Goliath. J’ai pas de
poids moi, vu que lui il a de la notoriété dans la communauté », a
laissé tomber en larmes la plaignante, qui témoignait vendredi au procès
de Michel Scalzo.
On ne peut identifier celle-ci en raison d’un interdit de publication qui vise à protéger son identité.
Cette dernière a livré un récit émotif dévoilant ce qu’elle aurait
subi aux mains de celui qu’elle considérait comme une sorte de « figure
paternelle ». Elle a, notamment, raconté comment elle a sombré dans
l’enfer des drogues et de l’alcool après les événements allégués.
Elle a porté plainte en 2019, entre autres inspirée par le mouvement #MeToo.
Demande d’aide
Elle a indiqué être entrée en contact avec lui en 1989, alors qu’elle vivait des difficultés familiales.
« La seule et unique fois dans ma vie que j’ai demandé de l’aide,
c’est à lui, et au lieu de m’aider il en a profité pour m’agresser », a
difficilement articulé la femme.
Elle a relaté que lors de cette soirée, M. Scalzo lui aurait
préparé à souper et lui aurait offert du vin, qu’elle a bu. Ils ont
discuté et à un moment, il lui a demandé de s’asseoir sur ses genoux.
Mal à l’aise, elle a refusé au début, mais a fini par céder face à
son insistance. Au bout d’un court laps de temps, elle a décidé d’aller
se coucher, a-t-elle indiqué au juge Simon Ricard.
Mais plus tard, elle a dit s’être fait réveiller par M. Scalzo, qui était alors nu.
« Il disait : “Laisse-toi faire, je te ferai pas mal” », a sangloté la présumée victime.
Pas dormi de la nuit
L’accusé aurait alors agrippé ses parties génitales et ses seins,
tandis que la jeune femme se serait ardemment débattue pour se sortir de
son emprise.
Il serait finalement tombé du lit après plusieurs coups de pied.
La plaignante a ensuite affirmé qu’elle n’avait pas été capable de
fermer l’œil de la nuit, de peur qu’il tente de nouveau de l’agresser.
Le lendemain, il serait allé la reconduire en lui mentionnant de ne parler à personne de ce qui serait arrivé.
« Je voudrais l’entendre qui s’excuse, parce que ça a vraiment “scrapé” ma vie », a mentionné la femme.On verra le 25 Octobre ?
Google : cette IA peut prédire le moment de votre mort avec précision
De Tahar Sadaoui - Posté le 8 août 2021 à 16h56 dans Science
Si vous pensiez que Google en savait déjà beaucoup sur vous, il se pourrait que la suite vous perturbe quelque peu. Car sa quête incessante de connaissances a récemment pris un tournant légèrement effrayant, mais très utile sur le plan médical.
l'ia de google medical brain
Une étude dernièrement publiée dans npj Medical Medicine fait appel à une nouvelle intelligence artificielle (IA) sur laquelle l'équipe Medical Brain de Google a travaillé. Cette IA a été entrainée à prédire la probabilité des patients entrant à l'hopital d'en sortir vivants.
Un essai de son algorithme a montré qu'elle pouvait prédire la probabilité de décès avec une précision de 95%,
ce qui est bien meilleur que le système du "Early Warning Score" (score
d'alerte précoce) utilisé dans les hopitaux, qui est un outil visant à
faciliter l'évaluation clinique des patients en détectant de manière
précoce la détérioration de leur état clinique.
Dans un cas
rapporté dans l'étude, une patiente atteinte d'un cancer du sein à un
stade avancé a été admise à l'hopital. Ses poumons étant remplis de
liquide, elle a été examinée par plusieurs médecins et a subi un
scanner. Selon l'évaluation de l'hôpital, elle avait 9,3% de chances de mourir pendant son séjour, sur la base de ses signes vitaux tels que la fréquence respiratoire, la pression sanguine et le pouls.
L'IA de Google a effectué sa propre évaluation sur la même patiente, évaluant selon les chercheurs de l'étude 175 639 données présentes dans son dossier.
Il s'agissait notamment de données qui ne sont normalement pas prises
en compte lors de l'évaluation des patients. L'IA a pu ainsi accéder à
des données jusqu'alors hors de portée, telles que des PDF de notes
prises par des médecins et des infirmières indiquant des signes
d'épanchement pleural malin (accumulation de liquide autour des poumons)
et un risque potentiel d'escarre.
En examinant ces données, l'IA a estimé que le risque de décès de la patiente pendant son séjour était de 19,9%.
Elle est décédée 10 jours après son admission. Comme l'IA de Google a
pris en compte davantage de données que le système d'évaluation habituel
de l'hopital, elle a été en mesure de faire une prédiction plus
précise.
des diagnostics plus précis que ceux des humains
Globalement,
l'étude a montré que l'IA était capable de prédire la mortalité des
patients 24 heures après leur admission, avec une précision de 95% dans
l'un des hopitaux testés, et de 93% dans l'autre. Ces résultats sont nettement meilleurs que ceux du modèle prédictif traditionnel de l'hôpital (le score d'alerte précoce amélioré), qui prévoyait la mortalité avec une précision de 85 et 86% respectivement.
La précision des prédictions est due aux données
supplémentaires que l'IA a pu traiter. Le professeur associé à
l'université de Stanford, Nigam Shah, a déclaré à Bloomberg que normalement, lorsqu'on
prédit l'issue d'un patient, la partie la plus chronophage consiste à
rassembler toutes les données dans un format lisible. Les auteurs ont écrit dans leur étude :
En
général, les travaux antérieurs se sont concentrés sur un sous-ensemble
de fonctionnalités disponibles dans le DSE (dossier médical
électronique), plutôt que sur toutes les données disponibles dans un
DSE. Ce qui inclut les notes cliniques en texte libre, ainsi que de
grandes quantités de données structurées et semi-structurées.
Concrètement,
le système d'IA de Google s'accomode bien d'un grand nombre de données
pas nécessairement rassemblées de manière structurée. Il crée des prédictions plus précises avec moins de travail de la part des humains.
Avec l'évolution exponentielle des nouvelles technologies, nombreux sont ceux craignant que ces dernières représentent une menace pour l'humanité plutôt qu'une source de progrès. C'est particulièrement le cas avec l'IA,
ayant nourri l'imaginaire collectif à travers différentes œuvres depuis
des décennies, et qui suscite en nous autant de peur que de
fascination. Mais à ce jour, l'IA reste un outil, et utilisée à bon escient, elle pourrait permettre à l'humanité de progresser bien plus encore. Du moins, pour le moment.
Le commandant du NORAD a fait une déclaration-choc à propos de
l’usage de l’intelligence artificielle. Elle serait capable d’anticiper
certains évènements plusieurs jours à l’avance.
Retour sur l’actualité cinéma de 2002. Cette année-là sortait un film de science-fiction nommé Minority Report.
Dans ce film, Tom Cruise incarne un agent d’une forme d’autorité
particulière. À l’aide d’êtres humains génétiquement modifiés et
possédant des dons psychiques, la police est capable d’arrêter des
personnes justes avant qu’ils ne commettent un crime. Un système idéal permettant de réduire le crime de façon importante s’il est fiable à 100 %.
Pour le Pentagone, pas de pouvoir psychique ni de modifications génétiques. À la place, une intelligence artificielle
et des quantités astronomiques de données en provenance de sources
militaires, mais surtout commerciales d’ores et déjà disponibles
Interpréter un nombre important de données
Caméras de surveillances,
relevés de barrières de péage, connexions à des réseaux publiques,
photos prises par des smartphones en utilisant la géolocalisation… Des données, les analystes du Pentagone n’en manquent pas. Elles peuvent être confidentielles ou disponibles commercialement comme par exemple l’historique des achats associés à une carte de fidélité ou le taux de remplissage d’un parking.
Le souci c’est qu’il est impossible pour un opérateur humain de traiter cette quantité de données en avenant
et de pouvoir y déceler une anomalie. Lorsqu’un événement imprévu
survient, ces données sont remontées pour retrouver les auteurs et leurs
complices.
À l’aide d’une intelligence artificielle et en utilisant le machine
learning, le commandant du NORAD, le général Glen D. VanHerck annonce
que le système est capable d’anticiper des événements « non pas des minutes ou des heures en avance, mais des jours ».
Dans les faits, l’ordinateur analyse par exemple le taux d’occupation
et les passages sur un parking à proximité d’un stade et relève les
anomalies et les récurrences afin de déclencher une alerte vis-à-vis d’une menace potentielle.
Le travail de l’ordinateur s’arrête là et c’est un analyste humain qui
prend le relai et décide de l’utilité ou non de déclencher une action.
Ce système ne supplante donc pas le jugement humain
même s’il est parfaitement capable de faire des suggestions, mais permet
de mettre en lumière des risques potentiels et de pouvoir anticiper une
menace au lieu de la subir et de chercher à comprendre comment elle
aurait pu être évitée.
Des chercheurs travaillent sur un ciment capable de recharger les voitures électriques
Par:Dimitri Charitsis
Journaliste
Et s'il n'était plus nécessaire de passer par une borne pour charger sa voiture électrique ? -
Une
équipe de chercheurs du département des transports de l’Indiana
travaille actuellement sur du ciment capable de recharger des véhicules
électriques.
Il n’y a pas que les bornes qui seraient capables de recharger les véhicules électriques. Plusieurs projets de recherche sont en cours pour la mise au point de routes capables de recharger directement les véhicules.
Si la plupart se concentrent sur des méthodes d’ensevelissement de
panneaux solaires, l’un d’eux détonne par son originalité. Ce projet, en
cours de développement au sein du département des transports de
l’Indiana (INDOT), est basé sur un nouveau type de ciment contenant des
particules magnétiques. De fait, ce revêtement appelé « magment »
représenterait une solution bien plus économique que les projets de
recherche basés sur les panneaux solaires.
Deux phases de test en conditions réelles
Le projet de l’INDOT est réalisé en partenariat avec l’université de
Purdue et l’entreprise allemande Magment, qui a donné son nom au ciment.
Le développement comptera trois phases différentes. La première
consiste à tester ce ciment magnétique en laboratoire.
Ensuite, il faudra que la solution soit testée une première fois en
extérieur, sur une portion routière de 400 mètres. Dans cette seconde
phase, l’objectif sera de recharger des poids lourds électriques à une
puissance supérieure à 200 kW.
Enfin, la dernière phase de test, la plus ambitieuse, consiste à
construire une autre section routière à base de « magment », cette fois
sur une autoroute publique.
Bien évidemment, ce ciment magnétique n’en est qu’à
un stade expérimental, mais les premières conclusions de l’INDOT sont
plutôt encourageantes avec une efficacité de transmission électrique
proche de 95%. Néanmoins, seuls des tests en conditions réelles pourront
confirmer la supériorité de cette méthode sur les projets à base de
panneaux solaires enfouis sous la route.
Après la raquette sur ski, place à la raquette sur sable
Publié
France part à la découverte d'une activité sportive d'un nouveau genre, la raquette sur sable.
Une équipe de France 3 a
suivi des vacanciers qui se sont lancés dans une activité sportive peu
répandue : la raquette sur sable. "C'est une curieuse sensation,
c'est un peu différent de la marche. Il faut écarter les jambes parce
que sinon les raquettes s'entrechoquent", explique un homme.
Après
un kilomètre sur une surface plate, le petit groupe se dirige vers les
dunes. C'est à ce moment que la pratique devient intéressante, les
marcheurs prennent de la hauteur. "Les règles, c'est de respecter au maximum l'environnement, les chemins balisés", explique le formateur.
Une montée plus simple
En
raquettes, la marche est rapide et sportive, mais surtout plus simple
qu'avec des chaussures ordinaires. Une dune de 18 mètres de haut se
grimperait presque facilement. "Au début, c'est un peu difficile, mais après on s'y habitue et on se sent un peu plus lourde", déclare une jeune fille à l'épreuve.
Covid19:Derniers jours de Bernard Lachance : de l'eau salée pour soigner l'ex-chanteur
Avant sa mort, l’artiste s’était soumis à
plusieurs traitements naturels pour se « détoxifier » de sa trithérapie.
Sa famille croit que ces traitements alternatifs ont donné à Bernard
Lachance, séropositif, de faux espoirs, et que ses mentors
conspirationnistes l’ont influencé dans son rejet de la médecine
conventionnelle.
Signé par Brigitte Noël et Emmanuel Marchand
Bernard Lachance disait ne pas croire à la mort.
Dans une vidéo enregistrée sur son téléphone onze jours
avant son décès, le chanteur de 46 ans se confie à son ami, un dénommé
Hugues Holleville.
J’ai des problèmes de digestion, le corps ne garde rien, j’ai vomi une pomme. Sur l’écran, Bernard Lachance est squelettique, les yeux fiévreux et la mine terreuse. Il implore son ami de l’aider. On
doit se parler, mon Hugues, Bernard est en train de mourir. Oh non, la
mort, elle n’existe pas. Reviens-moi Hugues, il faut que tu me sauves ma
vie.
L’ex-conjoint de Bernard Lachance, qui habitait toujours
avec ce dernier, mais qui ne partageait pas ses idées complotistes et
qui a demandé de ne pas être identifié par peur de représailles,
explique que Hugues Holleville était plus qu’un ami : basé à Paris, il
est un ancien médecin et offrait des conseils de santé à Bernard.
En réponse à la détresse de Bernard Lachance, Hugues
Holleville lui recommande une consommation quotidienne de deux à trois
litres d’eau salée, avec l’assurance que ce protocole va rétablir son
système digestif en quelques jours. Mais Bernard Lachance ne s’est
jamais rétabli : il est plutôt décédé moins de deux semaines plus tard.
Dans un document obtenu par Enquête, Hugues Holleville prétend qu’une préparation d’eau salée, qu’il appelle le plasma marin, peut servir à traiter toutes
les guérisons immunitaires y compris les tumeurs [...] les
insuffisances organiques (respiratoires, rénales, hépatiques, etc.) et même les troubles psychiatriques, y compris l'autisme.
Le Collège des médecins n’a pas voulu commenter ce cas
spécifique, mais souligne que ce genre de traitement n’a pas de bases
scientifiques. Les
problèmes de santé énumérés sont très complexes et les patients doivent
agir avec une grande prudence à l’endroit des traitements qui leur sont
proposés, écrit la porte-parole Leslie Labranche. Le Collège invite les
patients à se méfier des traitements miracles et surtout à se
questionner sur la formation et les compétences d’un individu avant
d’avoir recours à ses traitements.
Sur son site web, où il dit viser l’autonomie santé par l’approche vibratoire du vivant,
Hugues Holleville offre des formations payantes ainsi que des forfaits
de soins et de coaching pouvant coûter plusieurs centaines d’euros. Il
prétend entre autres que les virus n’existent pas et qu’il faut devenir magnétique pour mieux gérer sa vie dans la matrice.
Souvenir d'une rencontre entre Bernard Lachance et Hugues Holleville.Photo : Bernard Lachance
En réponse aux questions d’Enquête,
Hugues Holleville affirme que Bernard Lachance était un ami et non un
patient, et qu’il ne lui avait pas prodigué de soins rémunérés. Il
a attendu trois mois et d'avoir perdu énormément de poids avant de me
contacter, environ une semaine avant la fin, je ne lui ai pas prodigué
de soins, seulement des conseils relevant du bon sens, en constatant son
état avancé de dénutrition.
Il ajoute que Bernard Lachance n'aurait jamais consenti à une hospitalisation, quel que soit mon avis.
L’ex-médecin, qui signe ses courriels Docteur Holleville, dit avoir été volontairement radié du Conseil de l’ordre des médecins de France, en 2019 : J'ai renoncé à la "licence de tuer" en toute légalité de cette médecine officielle, soutenue par les Big Pharma.
Un porte-parole du Conseil national de l’Ordre des
médecins nous confirme que M. Holleville a bel et bien demandé sa
désinscription, et que ce dernier n’a désormais plus le droit de se
prévaloir de son titre de docteur ni de prendre en charge des patients. Son activité semble bien constituer un exercice illégal de la médecine,
explique le porte-parole, précisant que ce type d’infraction est
passible de deux ans d’emprisonnement et d'une amende allant jusqu’à
30 000 euros.
Image : Bernard Lachance tient un micro et chante.
Photo: Bernard Lachance a performé au Centre Bell à Montréal. Crédit: Famille Bernard Lachance/André Tardif
Soif de gloire
Bernard Lachance était un homme exubérant qui adorait chanter et divertir, selon sa famille.
C'était
une personne intense, dans tous les sens du terme, quelqu'un qui aimait
rire, qui était drôle, se remémore sa sœur aînée, Lise Lachance. Il
aimait foncer, puis aller au bout de ses projets.
Sa sœur cadette, Marie-Claude Lachance, décrit un « gars de famille ». Il
nous avait pris en photo avec une pancarte qui disait "C'est ma fête!",
se souvient-elle. Puis après, il nous arrivait avec un calendrier de
l'année avec nos faces sur la date de nos fêtes pour qu'on pense à
appeler tout le monde.
Mais le chanteur aura passé toute sa vie à pourchasser des rêves inatteignables. Il n’était pas capable de commencer en bas de l’échelle, il visait le haut de l’échelle, raconte Marie-Claude.
Bernard Lachance réalise son rêve en 2009, celui de chanter à l'émission « The Oprah Winfrey Show » aux États-Unis.Photo : Facebook/Bernard Lachance
C’est
le haut de l’échelle qu’il a atteint en 2009, quand ses efforts et sa
voix lui ont valu une prestation devant un public international à
l’émission d’Oprah Winfrey. Ce succès avait été de courte durée, et
Bernard Lachance, qui n’a jamais réussi à faire carrière de sa musique,
était tombé de haut.
Après sa carrière de chanteur,
il a essayé d’être producteur, ça n’a pas marché, après il a essayé
d’être animateur, ça n’a pas marché. Il a même appelé Ginette Reno, il
voulait la produire.
Le diagnostic de séropositivité, il y a une douzaine d’années, a été comme un coup de massue,
selon la famille. Bouleversé par les événements, Bernard avait cherché à
se stabiliser en se rabattant sur l’élevage de chiens, une entreprise
avec laquelle il avait eu énormément de succès. Pourtant, ce destin ne
semblait pas le satisfaire : On ne comprend pas pourquoi il n’était pas heureux dans cette vie-là, confie Marie-Claude.
C’est avec les complots que Bernard aurait choisi de nourrir son mal de vivre. Un
moment donné, je ne sais pas comment, il a vu une histoire de complot
de génocide d'homosexuels, de sida et toute la patente, et il a sauté
là-dedans à deux pieds, dit Marie-Claude. Il a fait des recherches, et
dans sa tête, c'était vrai, c'était la vérité!
Bernard
Lachance s’est mis à nier l’existence d’un lien entre le VIH et le
sida, et par conséquent, à douter de son propre diagnostic. En juillet
2017, il a décidé d’abandonner sa trithérapie, ce protocole
pharmaceutique qui augmente considérablement l'espérance de vie des
personnes séropositives.
Pendant la pandémie de COVID-19, Bernard Lachance s’est mis à partager publiquement ses théories erronées.
Les croyances conspirationnistes qui prétendent que le
coronavirus est une fausse pandémie orchestrée pour enrichir Big Pharma
s'arrimaient parfaitement à sa position sur le sida. Du jour au
lendemain, Bernard Lachance était populaire : il parcourait le circuit
des chaînes YouTube complotistes et négationnistes, et était applaudi
sur scène lors de manifestations contre les mesures sanitaires.
Il a été influenceur. Avant qu'il soit décédé, je voyais le conspirationniste. Quand il est décédé, j'ai vu la victime.
Image : Bernard Lachance, Ghis Lanctôt et Amélie Paul regardent la caméra.
Photo: Bernard Lachance accompagné de l'ex-médecin Guylaine Lanctôt et de la youtubeuse Amélie Paul. Crédit: Bernard Lachance
Une radicalisation graduelle
Ça
a commencé tranquillement, tout ça, raconte Marie-Claude Lachance. Elle
explique que Bernard avait commencé à s’intéresser aux enjeux de santé
liés à la consommation du lait et du sucre, développant une méfiance qui
l’a mené vers les théories du complot. Après
ça, c’était les vaccins et les chemtrails. Il a dit à mes enfants :
"Regardez les avions, ils sont en train de nous empoisonner!"
C’est environ à cette époque, en 2017, que Bernard
Lachance a découvert la Québécoise Guylaine Lanctôt – anciennement
Ghislaine Lanctôt – médecin déchue qui avait fait les manchettes en 2009
à cause de son opposition au vaccin H1N1. En 2008, elle a été
incarcérée pendant deux mois pour avoir refusé de payer ses impôts, un
geste qui s’inscrit dans la mouvance de citoyenne souveraine, une
philosophie anti-gouvernement qui encourage ses adeptes à se soustraire
du système financier et de faire fi des lois.
Guylaine Lanctôt, ou Diesse Ghis, comme l’appellent ses
adeptes, est très connue dans les cercles conspirationnistes québécois.
Elle prétend entre autres que le VIH a été créé en laboratoire. Est-ce
qu’il y en a encore qui croient que le sida est contagieux?
demande-t-elle dans une vidéo filmée en 2014. C’est la plus grande
imposture du siècle, le plus grand crime contre l’humanité après les
vaccins.
Ghis Lanctôt.Photo : Amélie Paul
Bernard Lachance à partagé cette vidéo sur son profil Facebook le 27 janvier 2021.
Enquête a pu consulter les courriels de Bernard
Lachance, qui révèlent une première mention d’une vidéo de Guylaine
Lanctôt en mai 2017, soit quelques mois avant que l’homme séropositif ne
cesse sa trithérapie. Puis ils ont multiplié les contacts.
Mais Guis (sic), je suis confus maintenant. Je croyais que l’escroquerie du SIDA était de faux test, pas un virus créé, lui écrivait Bernard Lachance le 7 septembre 2017, en réponse à un document que Lanctôt lui avait envoyé.
Si je comprends l’article, la maladie a été créée et donc est là?,
lui demande-t-il, en élaborant sur une conspiration qui prétend que le
VIH lui aurait été injecté par l’entremise d’un vaccin contre l’hépatite
B. Effectivement je me suis fait avoir… mais j’ai besoin de la médication?!
Guylaine Lanctôt lui répond en citant son livre, un controversé tome intitulé La Mafia Médicale. Le
Sida n’est pas une maladie, mais un syndrome (signes et symptômes) que
l’on rencontre dans de nombreuses maladies. Tu as toutes les
informations en main.
Son ex-conjoint nous confirme qu’au fil des années,
Bernard a assisté à divers ateliers offerts par Guylaine Lanctôt, des
conférences moyennant plusieurs centaines de dollars. C’est d’ailleurs
lors de ces réunions qu’il se serait lié d’amitié avec Hugues
Holleville.
Si les proches de Bernard Lachance se préoccupent
maintenant de la relation qu’il entretenait avec Guylaine Lanctôt, c’est
qu’ils croient que cette dernière est une des influences qui a fait
basculer sa vie. C’est également une des dernières personnes avec qui il
a parlé de son vivant.
La soirée avant sa mort, Bernard Lachance a passé
24 minutes au téléphone avec Guylaine Lanctôt. L’ex-conjoint était
présent lors de cette conversation, et raconte que l’ex-médecin aurait
conseillé à Bernard d’appeler un de ses contacts, une ancienne
infirmière, qui est venue chez lui pour lui administrer un soluté par
voie intraveineuse.
Malgré cette intervention, Bernard Lachance est décédé moins de 12 heures plus tard.
Image : Portrait du Dr Michel Martel.
Photo: Le Dr Michel Martel a tenté de convaincre son ami mal en point, Bernard Lachance, d'aller se faire soigner à l'hôpital. Crédit: Radio-Canada / Brigitte Lachance
« J'ai essayé de le convaincre d'aller à l'hôpital »
Le
médecin Michel Martel, ami de longue date de Bernard Lachance, était
allé lui rendre visite environ une semaine avant son décès. Je
l'ai trouvé cachectique, c'est-à-dire très très maigre. Lorsqu'il
marchait du salon à la cuisine, on voyait qu'il était affaibli, sa
démarche n'était pas super stable. Bernard lui a confié souffrir de diarrhée chronique et Michel Martel estime qu’il avait perdu environ 60 livres.
Il dit avoir conclu que Bernard était rendu au stade du sida, mais que ce dernier ne voulait rien entendre. J'ai
essayé de le convaincre d'aller à l'hôpital, dit-il. Je lui ai fait
comprendre – mais il le savait – qu'il était vraiment très malade et
qu'il ne pouvait pas rester comme ça à attendre à la maison. Il disait
qu'il faisait des traitements naturels, des poudres avec électrolytes et
tout ça.
Dr Michel Martel, tout comme l’ex-conjoint de Bernard, a
respecté la volonté qu’avait ce dernier de ne pas aller à l’hôpital. Il
se désole cependant du manque de vigilance des gens à qui Bernard avait
confié sa santé.
Il dit avoir tenté de convaincre Bernard que le protocole d’eau salé d’Hugues Holleville était inefficace. Il
m'a dit : "Non, ce n’est pas vrai, tu as tort. Hugues m'a dit que
j'étais pour guérir", raconte Michel Martel. Moi, j'appelle ça un
charlatan pur et simple. Je trouve qu'il n'avait pas la compétence pour
juger de l'état de cette personne-là et lui donner des traitements,
alors que cette personne avait besoin de soins beaucoup plus avancés que
ce qu'il pouvait donner.
C’est à Guylaine Lanctôt que Michel Martel réserve ses paroles les plus sévères. [Bernard]
était mourant de façon évidente, affirme-t-il. Elle l'a très mal
conseillé, et elle était médecin, donc si elle n'a pas vu ça malgré sa
formation, je ne comprends pas.
Les courriels consultés démontrent que Guylaine Lanctôt
avait approché d’autres personnes pour les soins de Bernard. Dans un
courriel envoyé le 30 avril, elle le met en contact avec une amie en
Europe, qui se serait guérie de plusieurs cancers. Son mari est médecin recyclé, maintenant en médecine de Hamer,
écrit-elle, une référence à la Biologie totale ou Médecine nouvelle
germanique, pratique controversée qui prétend qu’il est possible de se
guérir par la pensée.
Michel Martel souligne qu’en conseillant un soluté à
Bernard, Guylaine Lanctôt aurait potentiellement enfreint la loi : la
prescription d’un tel produit est un acte médical réservé à ceux qui
détiennent les certifications requises.
Une porte-parole du Collège des médecins n’a pas voulu commenter ce cas spécifique, mais confirme les propos de Michel Martel. Une
personne qui n’est pas un médecin et qui recommande à une autre
personne la pose d’un soluté peut s’exposer à faire l’objet d’une
enquête par le Collège pour exercice illégal de la médecine, rapporte Leslie Labranche.
D’après nos vérifications, la femme venue administrer le
soluté n’aurait pas non plus eu le droit de poser ce geste : elle n'est
pas inscrite à l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, ni à
l'Ordre des infirmières et infirmiers auxiliaires.
Selon Leslie Labranche, ce genre d’action pourrait également mener à des sanctions. Une
personne qui administre un soluté, alors qu’elle n’est pas autorisée ou
n’ayant pas la compétence pour le faire, peut aussi s’exposer à une
telle enquête (utiliser une technique dont les traitements sont
invasifs/utiliser une technique dont les traitements présentent des
risques de préjudice).
Ni Mme Lanctôt ni l’ex-infirmière n'ont donné suite à nos
appels. Selon nos informations, des enquêteurs de la Sûreté du Québec
ont souhaité les rencontrer pour obtenir leur version des faits.
Michel Martel ne croit pas que ce soit ce soluté qui ait
causé la mort de Bernard Lachance. Mais il se désole qu’aucun des
intervenants sur qui Bernard comptait ne semble lui avoir conseillé
d’aller à l’hôpital. Un enfant de 12 ans qui l’aurait vu lui aurait dit d'aller à l'hôpital, n’importe qui pouvait le voir.
Le médecin jette le plus gros du blâme sur Bernard Lachance lui-même. C'était sa décision quelque part aussi, il a décidé d'écouter ces gens-là.
Image : Amélie assise devant Bernard Lachance.
Photo: Amélie Paul interviewe Bernard Lachance. Crédit: Amélie Paul
Des milliers de dollars en produits naturels
Si
Bernard Lachance avait choisi de se détoxifier à l’aide de différents
régimes naturels, c’est que son réseau conspirationniste ainsi que les
sources qu’il consultait l’avaient amené à croire qu’il s’agissait d’un
mal nécessaire pour se purger de sa trithérapie, qu’il avait pourtant
cessée il y a près de quatre ans.
Son ex-conjoint nous a expliqué que Bernard avait dépensé
des milliers de dollars sur des produits naturels, dont des laxatifs et
des suppléments diététiques qui lui avaient été recommandés. Dans ses
dernières semaines, il se nourrissait presque exclusivement de ces
produits, convaincu qu’ils l’aideraient à se purifier.
Ce
qui est pathétique dans cette histoire-là, c'est que Bernard a toujours
dit qu'il ne voulait pas enrichir les compagnies pharmaceutiques, dit
Marie-Claude Lachance. Mais il s'est reviré vers les produits naturels,
et ces produits coûtent une fortune, il en avait pour des milliers de
dollars.
Amélie Paul reçoit Ghis Lanctôt.Photo : Amélie Paul
Selon
la famille, une grande partie de ces suppléments lui auraient été
recommandés par Amélie Paul, une chanteuse et youtubeuse qui est devenue
très populaire pour ses prises de position contre les mesures
sanitaires de la COVID. Elle anime d’ailleurs une série de vidéos avec
Guylaine Lanctôt, des capsules qui décortiquent les croyances de Diesse Ghis.
Bien qu’Amélie Paul se dise naturopathe, son nom
n'apparaît dans aucun des bottins des associations professionnelles
liées à ce milieu.
Enquête a pu consulter les messages textes et
audio échangés entre Amélie Paul et Bernard Lachance, qui démontrent une
très grande complicité. La youtubeuse lui confie notamment que, pendant
la pandémie, elle a fait plus d’argent en quatre mois que son salaire
total de l’année précédente, grâce aux dons obtenus sur des plateformes
de sociofinancement et la Prestation canadienne de la relance économique
(PCRE, l’aide financière liée à la COVID) qu’elle dit avoir récoltée.
My God, je ne devrais pas te dire ça, ça laisse des traces, dit-elle dans un message vocal où elle se vante d’avoir exploité la faille jusqu’à la fin. Là,
je te dis les vrais chiffres, mais moi j’ai un bon comptable assez
borderline, faque il va m’arranger de quoi, parce que ce n’est pas
déclaré, moi, c’est des dons.
Au-delà de cette amitié, Amélie Paul offrait aussi des
conseils de santé à Bernard Lachance : elle lui conseillait des
suppléments et des aliments, et lui donnait son avis sur ses symptômes.
Langue
blanche = détox! lui écrivait-elle le 20 avril. Cesse de t’inquiéter.
Tout est parfait. Ton corps ne va pas se laisser mourir, il va te le
dire quand ça sera le temps de manger plus.
Selon l’ex-conjoint, Amélie Paul lui avait également
conseillé d’acheter pour plusieurs milliers de dollars des suppléments
naturels, dont plusieurs produits de la marque Immunotec qui se vendent
pour au-delà de 100 $ la boîte sur le site de l’entreprise. Sur place,
notre équipe a constaté la présence d’une panoplie de sachets et de
bouteilles de ces produits, ainsi qu’une foule d’autres vitamines et
poudres.
Nous avons également confirmé qu’Amélie Paul est
représentante de vente pour Immunotec. La youtubeuse n’a pas donné suite
à nos questions, qui cherchaient à savoir si elle avait tiré profit des
produits achetés par Bernard Lachance, entre autres, mais selon le
modèle d'affaires décrit sur le site de la compagnie, les vendeurs
touchent une commission.
Amélie Paul figure sur le site d'Immunotec.Photo : Immunotec
Immunotec
n’a pas non plus répondu à nos questions concernant les ventes d’Amélie
Paul, pour des raisons de confidentialité. Ils précisent cependant que
la compagnie n’offre aucun conseil médical et que leurs consultants ne
sont pas des employés. Ces propriétaires indépendants sont formés pour s’en tenir aux recommandations approuvées par Santé Canada, écrit un porte-parole.
Le 24 avril, un peu plus de deux semaines avant le décès
de Bernard Lachance et alors que ce dernier peinait à manger, Amélie
Paul lui conseille de la chloro et de l'aloès à mixer avec un laxatif. Entk tu fais tout un nettoyage de ton ancienne vie.
Le 30 avril, quand Bernard Lachance lui annonce qu’il ne
pèse que 114 livres, Amélie Paul lui répond avec un message audio
enjoué. 114?? Putain, t’es plus maigre que moi!
Le Collège des médecins n’a pas voulu commenter ce cas spécifique, mais se dit préoccupé et souligne qu’au Québec, un
naturopathe ne peut ni déterminer un plan de traitement ni prescrire
des traitements pour un problème de santé, car ces actes sont des
activités réservées en vertu des lois professionnelles.
Après le décès de Bernard Lachance, Amélie Paul s’est
brièvement retirée des réseaux sociaux, affirmant avoir besoin de vivre
son deuil. J’ai
subi beaucoup de haine et d’intimidation sur Facebook comme quoi
j’avais du sang sur les mains, que j’étais une meurtrière et que c’est
de ma faute si Bernard est décédé, a-t-elle écrit sur sa page Facebook.
Dans une vidéo en direct diffusée le 27 mai, elle affirme
avoir reçu des demandes de journalistes auxquelles elle ne compte pas
répondre.
Étant
pas capable de m’expliquer clairement, je sens que je me ferais
démolir, dit-elle. Vous voulez dire que c’est ma faute que Bernard ne
prenait pas ses pilules? Ça faisait quatre ans qu’il ne les prenait
plus, et il était assez grand pour décider par lui-même. Donc, le bon
dieu en personne aurait dit à Bernard de prendre ses pilules il ne les
aurait pas pris, ok?
Image : Bernard Lachance derrière un pilulier.
Photo: Bernard Lachance a publié une vidéo dans laquelle il explique pourquoi il laisse sa trithérapie. Crédit: YouTube/Bernard Lachance
« Si Bernard avait pris son traitement, il serait encore ici »
À
la suite du décès de Bernard Lachance, les réseaux complotistes ont
fait circuler une rumeur prétendant que le chanteur avait été assassiné
par Big Pharma à cause de sa prise de position.
Ghis
Lanctôt a fait écho à ces propos conspirationnistes lors d’une vidéo
filmée le 27 mai avec Jean-Jacques Crèvecoeur, célèbre militant
anti-vaccin qui s’est déjà vanté d’avoir convaincu des hommes
séropositifs de cesser leur trithérapie.
Je
l’ai connu il y a quelques années, il m’avait découverte par une vidéo
et il s’est adressé à moi, et donc je l’ai suivi, pas suivi comme tel,
je l’ai vu évoluer dans cette décision de dire, d’exposer l’imposture du
VIH égal sida, explique Guylaine Lanctôt de Bernard Lachance. Au début
il était tellement en colère, je lui ai dit : "Tu ne peux pas faire ça
comme ça, tu vas te faire tuer"
Elle ajoute que sa mort n’est pas étonnante, et que Bernard connaissait les risques. On va dire que c’est suspect, la manière dont il est mort, dit Jean-Jacques Crèvecoeur. Oui oui, répond Guylaine Lanctôt. Il était en grande forme et en trois mois il a dégringolé à toute vitesse.
Sa famille croit que ce sont plutôt
ses croyances conspirationnistes qui auront eu raison de lui, en le
convainquant de cesser sa trithérapie, de boycotter l’hôpital et de
faire confiance à des traitements alternatifs.
Lise Lachance, soeur de Bernard.Photo : Radio-Canada / Brigitte Noël
Il
a fait des purges pour se nettoyer, puis il s'est mis à se déshydrater,
au point de n’avoir, il n'avait que la peau et les os à la fin, se
désole Lise Lachance. Il y a demandé, il a crié à l'aide à ces gens qui
l'aidaient et de cette gang-là personne ne lui a dit d’aller à
l'hôpital, évidemment.
Le Dr Réjean Thomas juge que les soins reçus par Bernard Lachance avant son décès sont totalement inacceptables : Est-ce
que ces gens-là croient tellement à leurs traitements? Ils l'ont vu
mourir, ils l'ont vu dépérir, et de continuer, de purger des gens et de
faire boire de l'eau salée et des choses comme ça. C'est ce qui est
difficile à croire, à comprendre pour nous, c'est pourquoi il
continuait, il devait voir que ça n'allait pas bien.
Il souligne que l'espérance de vie d'une personne VIH est
aujourd’hui presque la même qu'une personne non-VIH, grâce à la
trithérapie : Si Bernard avait pris son traitement, il serait encore ici.
Image : Bernard Lachance assis sur un divan.
Photo: Bernard Lachance artiste. Crédit: Famille Bernard Lachance
Un double deuil
Pour les proches de Bernard Lachance, le deuil de l’ancien Bernard a commencé il y a des années. Tout
le monde s'était éloigné de lui, toute la famille, tous ses amis
proches, se désole Marie-Claude Lachance. Vivre avec un
conspirationniste comme ça, c'est insoutenable.
Michel Martel avoue qu’il avait lui aussi dû cesser de voir son ami, qui parlait incessamment de ce prétendu complot du sida. Pour
lui, ce n'était pas juste une croyance, c'était son mode de vie,
c'était devenu sa motivation de vie, dit-il. Je m'ennuyais de mon ami
Bernard que j'avais connu avant, avec qui on allait manger, qui prenait
un verre, qui était drôle, qui avait un sens d'autodérision, un sens de
l'humour, qui était intelligent dans ses propos.
Marie-Claude Lachance est convaincue que Bernard est tombé sous le sort des mauvaises personnes. Il
se nourrissait de fausses informations, j'ai la certitude que Bernard
s'est fait manipuler, explique-t-elle. Il a voulu répandre la bonne
nouvelle, il voulait sauver les gais du gros complot VIH-sida.
L’idée que son frère aurait convaincu d’autres personnes séropositives de cesser leur trithérapie bouleverse Lise Lachance. Bernard, c'est un gars très charismatique, dit-elle. Et quand il croit à quelque chose, il est très convaincant.
Le Dr Réjean Thomas a suivi un certain temps Bernard Lachance à sa clinique médicale.Photo : Radio-Canada / Emmanuel Marchand
L’influence
de Bernard sur la communauté séropositive est bien réelle, confirme le
Dr Réjean Thomas. Les vidéos publiées sur la chaîne YouTube du chanteur
cumulent des centaines de milliers de visionnements et, selon le
médecin, elles auraient convaincu plusieurs personnes ici et en France
de cesser leur trithérapie.
Cependant, il croit que la mort du chanteur sera tout aussi influente : Le
lendemain de son décès, plusieurs personnes ont téléphoné pour nous
dire qu'ils avaient arrêté la trithérapie et qu'ils allaient la
reprendre, dit-il.
Le coroner Pierre Bélisle confirme que la mort de Bernard
Lachance fait l'objet d’une enquête du coroner, mais que les
conclusions ne sont pas attendues avant plusieurs mois.