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lundi 9 mai 2011

Une journée dans la vie d'un «BS»

Reportage - Une journée dans la vie d'un «BS»
Michel Bergevin 
© Agence QMI

CHÂTEAUGUAY – La sonnerie du téléphone réveille Michel Bergevin à midi. Il se lève et zigzague parmi les bouteilles de bière vides qui jonchent le sol. Faux! C’est justement pour combattre les préjugés sur les assistés sociaux que Michel Bergevin a accepté de se confier à l’Agence QMI. Le Châteauguois de 56 ans a hésité avant de dire oui à une entrevue. « Je ne suis pas hyper excité de me faire encore plus étiqueter comme BS. J'ai peur de la réaction des gens », a-t-il admis.
En fait, M. Bergevin se lève ordinairement vers 7 h 30. « Je prends deux cafés, je lis les nouvelles sur internet, je déjeune puis je fais du ménage. Après le dîner, je vais faire du vélo, je prends des marches », raconte l'homme attablé dans son modeste logement, où il vit seul avec Lola, une chatte qu'il adore.
L'endroit est bien rangé. Les murs sont nus, à l'exception de deux cadres. Un cadeau de sa sœur et un tableau peint par son père. Ses parents l'ont toujours soutenu, souligne Michel Bergevin. Mais il fait tout son possible pour se débrouiller seul.
« Je passe de grandes parties de la journée à faire des calculs d'argent. Avec des petits montants », note-t-il. Comme il est considéré inapte au travail depuis un mois, Michel Bergevin reçoit le maximum de prestations de l'aide sociale, soit près de 900 $ par mois. Une fois payés, le loyer de 345 $, les télécommunications à 140 $, les cigarettes à 200 $, des frais d'intérêt de 30 $ sur une carte de crédit, des frais bancaires du même ordre, 40 $ pour des médicaments non couverts par l'assurance, la bouffe du chat et un remboursement de prêt de 65 $, il ne lui reste pas grand-chose pour l'épicerie.
Kraft Dinner
Pour garnir son garde-manger, M. Bergevin s'est déjà adressé à la Société Saint-Vincent-de-Paul. « Ce n’est pas évident de demander de l'aide », dit-il. Sa première démarche lui a laissé un goût amer.
« J'ai enlevé le Kraft Dinner de la boîte qu'on m'a offerte et les céréales sucrées que je n'aime pas. La personne m'a dit: “quoi, vous n'aimez pas ce qu'on vous donne?” Ce n’est pas parce qu'on est pauvre qu'on aime le Kraft Dinner! » a-t-il insisté.
Il a été étonné qu'on lui dise qu'il ne pouvait pas revenir avant trois mois.
Ha, mais s'il ne brûlait pas son argent en cigarettes… Inutile de le lui rappeler, il le sait. Depuis l'âge de 18 ans que M. Bergevin fume.
« J'ai essayé plusieurs fois d'arrêter de fumer, mais ce n’est pas facile quand tu n’as rien d'autre que ça », confie-t-il. Il pourrait couper internet. « Je m'ennuie énormément. Je me sens seul. Internet me permet de rester en contact avec le monde », fait valoir Michel Bergevin. Oui, mais comment a-t-il fait pour acheter un ordinateur, cette télé à écran plat de 32 pouces et ce vélo de route?
Deux bacs
Ces seules possessions de luxe de Michel Bergevin ont été payées avec les fruits de son travail. « J'ai deux bacs. Un en biochimie et un en informatique. J'ai travaillé une quinzaine d'années comme analyste en informatique. Je faisais un bon salaire », répond-il. Des problèmes psychologiques qui l'ont amené à consommer de la cocaïne lui ont fait perdre son emploi. Pendant 10 ans, il a survécu avec sa prime de départ conjuguée avec des petits boulots et l'aide de sa famille. Son inscription à l'aide sociale ne date que depuis six semaines.
Concernant sa santé mentale, Michel Bergevin a une « personnalité évitante ». Il lit la définition tirée de Wikipédia : « Les personnes atteintes de trouble de la personnalité évitante sont préoccupées par leur capacité à s'inclure dans une relation sociale de crainte d'être rejetées. Cette peur de rejet est si douloureuse que les sujets choisiront d'être seuls plutôt que de prendre le risque de communiquer avec les autres. »
« C'est moi à 180 %! » lance-t-il. Et c'est ce mal-être qui l'a conduit à la drogue. « Quand tu n’es pas bien dans ta peau, tu consommes. »
M. Bergevin a maintenant cessé de prendre de la coke et il se sent plutôt bien.
Même s'il est considéré comme inapte au travail, Michel Bergevin se cherche activement un emploi. « J'ai tout essayé sur le marché du travail. Entre autres, j'ai ramassé des concombres, j'ai coupé des légumes chez Saladexpress et ça m'a coûté deux doigts », dit-il en montrant la main touchée. « Dans la région, il n'y a que des emplois manuels et ce n'est pas mon fort. J'aimerais avoir un emploi dans un bureau. »
Rêve
Malgré ses difficultés, Michel Bergevin a encore des rêves. « Tout simplement, je rêve d'avoir une vie heureuse et équilibrée après avoir massacré mon succès dans la vie et forcément mon bonheur, dit-il. Plus concrètement, j'aimerais ne pas terminer ma vie dans la misère, autant psychologique qu'autrement.»

REF.:

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A l'envers c'est a l'endroit ,.........vous vous en appercevrez a un moment donné !