L’effet nocebo est plus fort que l’effet réel lors de la consommation de gluten
Publié en ligne le 27 mai 2025 - Alimentation -
Une équipe internationale des universités de Leeds (Royaume-Uni), Maastricht (Pays-Bas) et Wageningen (Pays-Bas) a testé l’aspect psychosomatique de l’intolérance au gluten [1]. Par le biais de petites annonces, les chercheurs ont recruté un ensemble de volontaires se déclarant intolérants au gluten. Ceux qui avaient une maladie attestée médicalement en lien avec ce dernier (en particulier ceux souffrant de la maladie cœliaque aussi appelée « entéropathie au gluten ») étaient exclus de l’expérience. On ne teste donc que ceux qui pensent avoir une intolérance mais qui n’est pas avérée médicalement. Les participants devaient suivre un régime strict sans gluten pendant une semaine puis, le jour du test, consommer deux tranches de pain au petit-déjeuner et à nouveau deux tranches au déjeuner. Pendant cette journée de test, ils devaient noter les symptômes ressentis toutes les heures.
Les participants ne savaient pas qu’ils participaient à un test sur leur réaction aux indications données. Ils avaient été séparés en quatre groupes de 20 à 22 participants. Deux groupes étaient informés qu’ils mangeraient du pain contenant du gluten (E+) alors qu’on affirmait le contraire aux deux autres (E-). Par ailleurs, deux de ces groupes mangeaient du pain contenant du gluten (G+) et les deux autres sans gluten (G-). La recherche porte donc sur les symptômes auto-rapportés par des participants qui ont, ou non, consommé du gluten avec une information qui peut être erronée. Notons que l’expérience était réalisée en « double aveugle » dans le sens où les chercheurs qui interagissaient avec les participants ne savaient pas eux-mêmes ce que chacun des sujets allait réellement manger (groupes G- ou G+).
Les résultats montrent que ceux qui ont été informés qu’ils consommaient un pain contenant du gluten déclarent, en moyenne, plus de symptômes gastro-intestinaux que ceux qui pensaient manger du pain sans gluten. La différence est significative avec une haute confiance statistique. Parmi ceux qui pensaient manger du pain sans gluten (E-), il n’y a pas de différence apparente sur les symptômes en lien avec la consommation effective (E-G+ vs E-G-), ce qui indique qu’il n’y a pas d’effet réel du gluten. Pourtant, c’est le groupe E+G+ qui déclare le plus de symptômes gastro-intestinaux, ce qui semble indiquer une synergie entre un effet réel du gluten et l’effet nocebo. Cependant, la différence avec le groupe E+G- (qui a mangé un pain sans gluten) n’a pas la confiance statistique qui est généralement exigée pour pouvoir affirmer un effet (critère p < 0,05 qui indique que le résultat a moins de 5 % de chances d’être dû au hasard).
Une nouvelle expérience avec des populations plus importantes dans chaque groupe est nécessaire pour confirmer, ou non, un effet réel du gluten en plus de l’effet nocebo qui est, quant à lui, clairement démontré par cette expérience.
RÉF.: https://www.afis.org/L-effet-nocebo-est-plus-fort-que-l-effet-reel-lors-de-la-consommation-de-gluten
Références: Graaf MCG et al.,