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WASHINGTON - La flotte américaine de drones est appelée à laisser sa place à une nouvelle génération de robots plus rapides et plus intelligents qui opéreront sans intervention humaine, une autonomie grandissante qui pose de nombreuses questions morales et légales.
«Avant, ils étaient aveugles, sourds et stupides. On commence maintenant à les faire voir, entendre et sentir», explique Mark Maybury, le scientifique en chef de l'armée de l'Air américaine, pour qui les humains n'auront plus à intervenir que pour donner un ordre ponctuel.
Pour Peter Singer, expert en armements robotiques et auteur de «Wired for War», le rôle de l'homme «passe de celui d'un opérateur à distance à celui de superviseur ou de gestionnaire qui lâche de plus en plus la bride» au robot.
En dépit des progrès technologiques, le Pentagone assure que l'utilisation des armements resteront sous contrôle de l'homme.
«Les progrès permis par la science, les besoins politique et du champ de bataille nous emmènent dans des contrées où le juriste n'est pas encore prêt à aller», constate cependant Peter Singer.
Au cours de la prochaine décennie, les progrès informatiques devraient permettre à des drones de voler par eux-mêmes, comme des «ailiers robotiques» d'avions classiques, pronostique Werner Dham, ancien scientifique en chef de l'Air Force.
Beaucoup plus près qu'on l'imagine
En plein désert d'Arizona (sud-ouest), des expérimentations ont déjà commencé avec des hélicoptères d'attaque Apache volant en formation avec des hélicoptères drones.«On n'est plus très loin d'avoir un seul hélicoptère volant avec une formation complète de drones», explique Werner Dahm, désormais professeur à l'université d'Arizona. «On en est beaucoup plus près que ce que la majorité des gens imaginent».
Ces nouvelles technologies ont chamboulé la doctrine de l'Air Force. Pendant des décennies, les pilotes étaient formés pour faire face à un ennemi tout en volant loin au-dessus du territoire ennemi ou bombarder une cible.
Dorénavant, les scénarios envisagent la conjugaison de différents systèmes, des drones brouillant par exemple les défenses anti-aériennes ennemies tandis que des avions pilotés se chargent du bombardement proprement dit.
D'autres drones, «jetables» et plus petits pourraient même à l'avenir être largués depuis un autre appareil pour accomplir une tâche précise avant de s'écraser au sol.
Le principal obstacle technique pour les scientifiques du Pentagone reste toutefois de pouvoir fournir une garantie à toute épreuve que les engins les plus autonomes ne commettront pas d'erreur aux conséquences potentiellement catastrophiques.
«Nous devons montrer que le système ne va pas fonctionner de travers», explique le scientifique, selon qui il est «très difficile» d'apporter une preuve par la négative.
Certains, à l'instar de Ronald Arkin, professeur de robotique au Georgia Institute of Technology, sont convaincus qu'au bout du compte, des pays auront recours à des drones totalement autonomes capables de tuer des ennemis sans intervention humaine.
Il faut donc selon lui mettre au point des armes capables de distinguer un combattant d'un civil, qui commettront moins d'erreur que des hommes car elles sont simplement dénuées d'émotions.
«Je ne prétends pas qu'elles seront parfaitement éthiques mais elles seront meilleures que les humains sur le champ de bataille», ajoute Ronald Arkin.
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