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mardi 16 avril 2024

Le rejet de soi-même dans la communication:

 

Le rejet de soi-même dans la communication: 


-L'autorejet est une habitude émotionnelle et cognitive que nous avons, du moins en partie, développée pour tenter de reprendre le contrôle du rejet. Or, il est connu que le sentiment de contrôle diminue l'anxiété à court terme. En ce sens, l'auto-rejet permet de créer l'illusion que nous sommes d'accord avec ceux qui sont sur le point de nous rejeter, que nous sommes sur la même longueur d'onde que ces gens, ce qui nous rapproche d'eux. C'est une forme d'excuse présentée d'avance: «Excusez-moi, tout le monde. Pas besoin de me reje-ter. Je l'ai déjà fait, et je travaille à me corri-ger. Tout ira bien, vous verrez. Je ne vous décevrai pas.» Ce mécanisme engendre une spirale d'autodévalorisation inconsciente qui détruit littéralement l'accès à nos talents, à nos ressources et à notre identité. Elle génère de plus en plus d'anxiété et entraîne la dépression 14,15.


Plusieurs soutiendront qu'il s'agit d'une qualité associée à la rigueur et à leurs standards d'excellence élevés, et même à l'humilité. Il n'en est rien. Il s'agit plutôt de l'évitement de l'anxiété déguisé en contrôle. La rigueur et les standards élevés peuvent certes augmenter cette tendance déjà présente chez une personne, mais ils sont indépendants de ces comportements automatiques d'autorejet.

Ce mécanisme est non seulement ineffi-cace, puisqu'il ne parvient à réduire l'anxiété qu'à court terme, et ce, de façon déconnectée de la réalité, mais parfois il devient également une béquille presque permanente et non consciente.


Pourtant, il est extrêmement insidieux et peut être présent chez des hommes et des femmes de tous les âges, très performants, reconnus et admirés de tous, et ce, quel que soit leur statut socioé-conomique. Il s'agit de l'un des mécanismes cognitifs les plus dévastateurs à moyen et à long terme. Il transparaît dans la communication d'une personne, et il est possible de déterminer son niveau d'anxiété de rejet dès la première seconde du dialogue, ne serait-ce que par sa respira-tion. Comme nous le verrons plus loin, quelqu'un qui commence systématiquement à s'exprimer en inspirant nous mettra la puce à l'oreille: son niveau d'anxiété de rejet est déjà élevé.


L'évitement


L'évitement du rejet est une stratégie de survie. Il répond à un besoin à court terme de survivre en évitant un potentiel danger immédiat. Par contre, l'évitement du rejet n'est pas une stratégie de construction relationnelle.


Au fil du temps, l'évitement fait augmenter l'anxiété générale, favorisant l'apparition de troubles anxieux, par exemple l'anxiété généralisée, la phobie sociale, les attaques de panique répétées.


Si on désire poser son attention sur deux cibles, cette dernière n'a d'autre choix que d'alterner rapidement entre l'une et l'autre. Cela peut sembler banal, mais ce mécanisme est la première cause du sentiment de rejet; il génère de l'anxiété et engage de mauvais processus de communication. La division attention-nelle est, dans la majorité des cas, le facteur responsable de la détérioration des relations, du manque de confiance, du sentiment de ne pas être écouté et d'être manipulé.



Se désengager;


Le désengagement est une stratégie d'évitement de l'anxiété relationnelle visant à diminuer l'anxiété de rejet d'un interlocuteur à court terme.


-  Exercer un contrôle;


Le contrôle est aussi une stratégie d'évitement de l'anxiété consistant à forcer une personne à se comporter, à penser ou à s'exprimer d'une façon qui nous avantage.

Une personne peut aussi utiliser cette stratégie lorsqu'elle craint de ne pas être comprise ou qu'elle n'obtient pas l'approbation de l'autre.


Changer de sujet;


Quand notre interlocuteur change soudainement de sujet, c'est souvent la conséquence d'une division attentionnelle qui résulte d'émotions négatives générées par la conversation.


Couper la parole;


Voilà un comportement qui montre hors de tout doute une division attentionnelle. Le fait de couper la parole à quelqu'un augmente immédiatement son anxiété et diminue instantanément la progression de la vulnérabilité de la relation.


Donner un conseil;


On a tendance à croire que donner un conseil est un geste généreux, qui vise le bien de notre interlocuteur. Au contraire, tout conseil est le résultat d'une division attentionnelle qui vise à réduire sa propre émotion négative en voulant régler le problème de l'autre.


En résumé, un conseil est une recommandation non sollicitée. C'est une stratégie d'évitement de nos propres émotions négatives suscitées par le discours de l'autre.

Poser des questions

On pense que le fait de poser des questions est une bonne chose et montre notre intérêt envers l'autre. C'est faux. Si nous observons attentivement les processus émotionnels et cognitifs liés au fait de poser une question, nous nous rendons compte qu'elle est toujours stimulée par une émotion qui nous appartient. Une question se veut donc une stratégie pour diminuer cette émotion ou la stabiliser en allant chercher une réponse ou une information chez l'interlocuteur. Interrompre une personne pour lui poser une question est extrêmement négatif sur le plan relationnel et inhibe totalement la progression de la vulnérabilité. Il est cependant possible de poser des questions qui auront un impact positif sur le dialogue. (Nous en parlerons également plus loin.)

Émettre une opinion

Formuler une opinion est aussi une façon d'éviter les émotions négatives suscitées par ce que notre interlocuteur exprime. Les émotions négatives ressenties créent une division attentionnelle qui se charge d'entamer hâtivement la construction d'une opinion que nous serons pressés d'exprimer pour éviter notre propre anxiété.

Avoir recours à l'humour

Avoir de l'humour est un talent remar-quable. Mais il peut nuire sérieusement à l'efficacité d'une communication.


Cette aptitude peut souvent servir à éviter des émotions néga-tives, celles des autres aussi bien que les nôtres. Avant de faire une blague ou un commentaire qui fera rire, notre cerveau a forcément dû se concentrer sur ses propres pensées.


S'opposer: Oui, mais...

Le Oui, mais... est le signe d'une opposition à ce à quoi nous venons d'être exposés.

Cette opposition vise à stabiliser une émotion négative (quoique souvent très légère) et montre la volonté de retrouver l'équilibre homéostatique dans notre vision des choses.


Le diaphragme et l'évitement;


Dans une interaction humaine, la respiration fournit bien plus qu'un apport en oxy-gène. Elle donne des signaux immédiats à notre propre cerveau et à celui de notre interlocuteur. La respiration peut donc aussi être une stratégie consciente.


Si nous percevons une menace, source d'anxiété, nous aurons tendance à prendre des inspirations plus grandes ou plus rapides et à les retenir. Effectivement, on observe que les personnes plus anxieuses vont augmenter de façon exagérée la fréquence de leurs respirations dans différentes situations de la vie 18, 19,20 . À l'inverse, un ralentissement volontaire de la fréquence des inspirations augmente l'activité du système parasympathique et favorise le bien-être émotionnel. 


Retenir sa respiration est une stratégie d'évitement de l'anxiété et de la menace. L'expiration est associée à la vulnérabili-

té.


Une personne qui a tendance à prendre de grandes inspirations et à les garder par la suite révèle toujours une forme d'anxiété, laquelle est à l'antipode de la confiance, du courage, du leadership et de la crédibilité. Un leader dont la fréquence respiratoire est trop rapide ou qui communique en apnée, c'est-à-dire en retenant sa respiration, rendra son public plus anxieux et aura tendance à le diviser plutôt qu'à l'unifier et à le mobili-ser.


Si vous expirez d'abord et qu'ensuite vous prenez la parole, votre public se détendra immédiatement, votre crédibilité augmentera et votre anxiété ainsi que celle de votre auditoire auront tendance à diminuer.


Nous avons appris à éviter les conversations difficiles. Sans nous en apercevoir, nous mettons fin à la communication lorsque nous atteignons un plafond émo-tionnel. C'est précisément le pire moment pour arrêter la communication, car les conséquences ne peuvent qu'être néga-

tives.

Il est possible de prendre une pause d'une communication hautement émotion-nelle. Si les deux personnes impliquées conviennent qu'elles poursuivront leur conversation à un autre moment, le cerveau n'interprétera pas cet arrêt comme une stratégie d'évitement, et cela n'entraînera pas de conséquences négatives. Cette pause permettra aux émotions de se stabiliser avant que la conversation se pour-suive. Mais si la communication n'est pas reprise, la pause devient un arrêt de com-muniquer, donc un évitement.


La neurobiologie du respect;


La notion de respect est l'une des plus sensibles et des plus difficiles à matérialiser dans l'instant présent. La notion de respect est extrêmement floue et correspond généralement à une absence de violence brutale. Or, les processus relationnels impliquent, en fait, un niveau de précision tout autre. Le respect n'a rien à voir avec l'évitement de comportements agressifs. Je le définis plutôt comme la conscience de la fine ligne qui nous sépare de l'autre à chaque instant.

Le cerveau est conçu pour protéger cette ligne.

Le respect est la conscience interactive de soi et de l'autre dans l'instant présent. Il nous assure que l'énergie des humains en interaction est à son maximum et que la relation évolue rapidement.


Le respect commence bien avant que les premiers mots soient prononcés, avant même que nous soyons confortablement assis l'un en face de l'autre ou l'un près de l'autre. La proximité: le début de la vulnérabilité

Le seul fait d'être en présence d'un autre humain peut amorcer la vulnérabilisation, et par conséquent le début d'une relation, même sans contact visuel.


Or, les humains ont un GPS interne qui est toujours connecté au satellite. Il est précis, nous pouvons toujours nous y fier. Il garantit une aventure mémorable et nous assure de nous mener à nos objectifs si nous apprenons à l'utiliser correctement:

ce sont les émotions.


Certains auteurs rapportent qu'il y a cinq émotions de base 33,34,35, d'autres dix. Pour ma part, je vous en présenterai six, ce qui est amplement suffisant dans une perspective de communication. Ce qui importe ici, c'est de comprendre ce qu'est une émotion, quels messages elle nous fournit et, surtout, comment l'utiliser.

La joie, le dégoût, la tristesse, la peur et l'anxiété, la surprise ainsi que la colère sont, dirons-nous, «pures», c'est-à-dire que chacune se distingue complètement des autres par ses manifestations physiologiques et ses fonctions. Chaque émotion possède un message particulier qui facilite l'accès au sens de ce que nous vivons et de ce qu'une personne communique. 



Voici leurs fonctions principales.


Joie;


La joie est la seule racine des émotions positives.


Dégoût;


Émotion de répulsion et d'éloignement.


Tristesse;


elle est fortement liée aux deuils sains.


Peur et anxiété;


Elle annonce toujours la prise de responsabilités et la mise en place d'une stratégie.


Surprise;


Émotion qui résulte de l'intégration rapide de nouvelles données par notre champ de conscience.


Colère;


La colère mobilise les ressources pour rétablir les frontières et la propriété des ressources.

Nous ressentons rarement l'une de ces émotions de façon isolée et à haute intensi-té. Nous éprouvons plutôt plusieurs emo-tions à la fois, et la plupart du temps des dérivés plus subtils.

Notre cerveau ne juge pas nos émotions ou notre vécu. Tout est permis, sans tabou, et il y a toujours un sens à ce que nous ressentons.


Confusion entre les émotions;


Les émotions sont des signaux qui sont liés à des sensations physiques de différentes intensités.

Il existe une confusion entre la détresse et la douleur provoquée par les émotions négatives. La douleur est une information.

La détresse est une combinaison de douleur et d'impuissance, créant une relation malsaine avec soi-même. Dans un tel scé-nario, la douleur est interprétée comme le signe que nous sommes le problème de par notre nature, contaminant le soi, notre identité. Il s'agit d'un phénomène de déva-lorisation. La bonne nouvelle est que la douleur est rarement un problème si elle n'est pas entremêlée avec l'impuissance.

C'est ce qui définit d'ailleurs une personne résiliente. Certains individus subissent des traumatismes et des douleurs insoute-nables. Mais ils ne craquent pas. Ils se relèvent et reviennent plus forts. Dans un tel cas, l'impuissance et la détresse n'ont pas pris le dessus. Il est donc capital de distinguer les deux phénomènes, sans quoi nous n'avons pas d'autre choix que de jeter le bébé avec l'eau du bain: les émotions négatives et la détresse. Mais nous avons absolument besoin des émotions, surtout des émotions négatives, pour nous orienter dans le monde. Les supprimer reviendrait à jeter une partie de nous. Cela s'appelle l'autodestruction.Il est donc inutile de tenter de se débarrasser de la détresse en réprimant les émotions négatives.


Les émotions positives forment un vecteur qui justifie notre mouvement et notre direction vers nos buts. Par contre, elles ne disent pas comment s'y rendre; elles n'indiquent pas le chemin pour y arriver et ne peuvent assurer notre sécurité. Contrairement à ce que nous pouvons penser, il est impossible de survivre uniquement grâce à elles. C'est là que les émotions négatives entrent en jeu, pour soutenir le travail des émotions positives.


Les émotions négatives ont deux fonctions principales:

  1. Elles augmentent la conscience simple: elles nous avertissent qu'il y a un apprentissage à faire, des éléments à intégrer et dont il faut tenir compte dans notre mouvement en fonction de qui nous sommes.
  2. Elles nous signalent les dangers potentiels: elles sont déclenchées si le cerveau détecte un danger pos-sible. Toutefois, ce n'est pas nécessairement un danger réel. Il s'agit d'une alarme qui demande une investigation plus poussée et une compréhension plus précise des signaux émotionnels.

L'entonnoir émotionnel est construit de telle sorte que plus nous nous rapprochons de nos objectifs importants, plus nous percevons le phare des émotions positives de façon claire et intense. Mais les émotions négatives seront aussi de plus en plus pré-cises; elles nous renseigneront encore plus finement sur la direction à conserver pour nous diriger vers notre objectif.


Je ne peux trop le rappeler: l'humain n'est pas conçu pour stagner. Le cerveau, la cognition et les émotions sont faits pour générer du sens, du mouvement. De l'éner-gie. Toute la structure émotionnelle en témoigne.


Cette augmentation de l'intensité des émotions négatives vise à briser le seuil de la conscience et ainsi à diriger notre attention vers celles-ci. Le système espère alors que le message sera bien compris et que des «prises de conscience» et des apprentissages importants auront lieu grâce au sens que nous aurons dûment extrait. Afin de s'assurer de la mise en branle de ce processus prioritaire, le système freine ou ralentit nos actions en cours pour permettre une priorisation de ces signaux.  La peur d'avoir moins de valeur que les autres entraîne notre cerveau à éviter tous les signes qui pourraient être interprétés comme une raison d'être moins appré-ciés, moins aimés et rejetés.


Les émotions sont encodées et stockées comme l'est une dette financière: aucun dollar n'est oublié. Toute émotion négative qui a été évitée se loge dans le système limbique du cerveau, une région comprenant plusieurs noyaux impliqués dans la mémoire et les émotions. Ainsi, chaque émotion négative évitée y reste jusqu'à ce qu'il y ait paiement de la dette, que nous appellerons «dette émotionnelle». À force d'ajouter du contenu émotionnel dans le système limbique, sans qu'on y prête attention, cela engendre un paiement minimal si élevé qu'on songe à ne plus payer sa carte et même à éviter ce dernier.


REF.: extrait, du livre: Guillaume Dulude, Le chercheur d'or.

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A l'envers c'est a l'endroit ,.........vous vous en appercevrez a un moment donné !