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La demande pour les tests salivaires de dépistage de drogues en milieu de travail est si grande actuellement que l'entreprise Alcotest Québec a sauté sur l'occasion pour lancer un tout nouveau dispositif à cet effet. À peine six semaines après sa sortie, le Multi-D a déjà trouvé preneur auprès d'une cinquantaine de compagnies québécoises.
Des employeurs en profitent de plus en plus pour poser comme condition d'embauche la signature d'une autorisation lui accordant le droit de procéder, quand il le désire, à des tests de dépistage de drogues.
Impossible, toutefois, de connaître la liste de ces entreprises. Décriée par certains comme étant une forme de discrimination, la détection de drogue en milieu de travail semble être un sujet encore tabou dans le milieu du Québec inc.
«Aucun patron n'est chaud à l'idée de révéler qu'il pratique ce genre d'examen sur ses employés», admet Stéphan Lepage, porte-parole d'Alcotest Québec, la compagnie qui distribue le Multi-D.
Le «petit joint du midi»
En moins de cinq minutes, ce test salivaire permet à n'importe quel employeur de savoir si un membre de son personnel consomme des amphétamines, des opiacés, de la cocaïne, des méthamphétamines, du TCT ou encore du THC.
«Sachant que leur employeur peut les tester à n'importe quel moment, les employés sont plus productifs au travail. Disons que plusieurs laissent tomber le petit joint du midi», explique M. Lepage, qui affirme que ce produit peut être utilisé dans un contexte «tout à fait légal».
«S'il est inscrit dans le contrat d'embauche que l'employé pourrait être soumis à des tests de dépistage de drogue, c'est légal. Si le résultat du test est négatif, l'employeur donne une petite tape dans le dos de son employé. Si c'est positif, on l'envoie consulter un médecin et on l'aide», résume ce dernier.
Les tests de dépistage de drogue en entreprise font toutefois l'objet d'une réglementation serrée.
«Les tests de dépistage de drogue ne sont permis que dans le contexte où un employé occupe un poste à risque, c'est-à-dire où une défaillance de sa part pourrait engendrer des risques importants pour sa sécurité ou celle de ses collègues. On peut penser aux camionneurs, aux travailleurs de la construction ou encore aux opérateurs de machinerie lourde», illustre Me Daniel Leduc, avocat au Groupe droit du travail et de l'emploi chez Ogilvy Renault.
Une forme de discrimination
Il est également possible d'imposer le test sous certaines conditions, si l'employeur a des motifs de croire que son employé est dépendant aux stupéfiants.
«Généralement, si le résultat est positif, l'employeur ne peut pas congédier son employé puisque la toxicomanie est considérée comme un handicap selon la Charte des droits et libertés. Il pourrait donc être obligé de l'accommoder et de l'aider», poursuit M. Leduc.
Malgré cette formule, la Commission des droits de la personne se dit contre cette pratique qui prend des allures de «discrimination» dans certains cas.
«À l'embauche ou à tout autre moment, les tests de dépistage de drogue sont des actes susceptibles de compromettre à la fois le droit à l'intégrité, le droit à la sauvegarde de la dignité, de l'honneur et de la réputation, ainsi que le droit au respect de la vie privée [...] on peut conclure que les préjudices qu'entraînent ces tests sont également susceptibles d'être qualifiés de discriminatoires», peut-on lire dans un avis officiel publié en 1998.