Le paiement sans contact est une 
fonction disponible sur plus de 60% des cartes bancaires en circulation.
 Les données bancaires étant des éléments sensibles, elles doivent 
naturellement être protégées.
Est-ce vraiment le cas ?
Evolution du paiement sans contact
Cette fonctionnalité est apparue en France aux alentours de 2012. Depuis, elle n’a cessé de se développer. Selon le GIE Cartes bancaires, 44,9 millions de cartes bancaires sans contact étaient en circulation en septembre 2017, soit 68% du parc français.

Dans son bilan 2016 (PDF,
 page 11), ce même GIE déclare que 605 millions de paiements ont été 
réalisés via du sans contact. Si ce chiffre semble énorme, l’évolution 
de ce dernier l’est encore plus : +158% de paiements par rapport à 2015,
 et la tendance ne faiblit pas.
Le paiement sans contact est fait pour 
des petites transactions, celles de « la vie quotidienne », le montant 
des échanges étant plafonné à maximum 30€ depuis octobre 2017.
Fonctionnement du paiement sans contact
Le principe est relativement simple, la 
personne détentrice d’une carte sans contact souhaite payer sa 
transaction (inférieure à 30€ donc), elle pose sa carte à quelques 
centimètres du terminal de paiement sans contact et « paf », c’est 
réglé.
Le paiement sans contact
 est basé sur la technologie NFC, ou Near Field Communication 
(communication en champ proche) via une puce et un circuit faisant 
office d’antenne, intégrés à la carte bancaire.
Le NFC est caractérisé par sa distance 
de communication, qui ne dépasse pas 10 cm avec du matériel 
conventionnel. Les fréquences utilisées par les cartes sans contact sont
 de l’ordre de la haute fréquence (13,56 MHz) et peuvent utiliser des 
protocoles de chiffrement et d’authentification. Le pass Navigo, les 
récents permis de conduire ou certains titres d’identité récents 
utilisent par exemple de la NFC.
Si la technique vous intéresse, je vous invite à lire en détail les normes ISO-14443A standard et la norme ISO 7816, partie 4.
Paiement sans contact et données personnelles
On va résumer simplement le problème : il n’y a pas de phase d’authentification ni de chiffrement total des données. En clair, cela signifie que des informations relativement sensibles se promènent, en clair, sur un morceau de plastique.
De nombreuses démonstrations existent çà
 et là, vous pouvez également trouver des applications pour mobile qui 
vous permettent de récupérer les informations non chiffrées (votre 
téléphone doit être compatible NFC pour réaliser l’opération).
Pour réaliser l’opération, avec du 
matériel conventionnel, il faut être maximum à quelques centimètres de 
la carte sans contact, ce qui limite fortement le potentiel d’attaque et
 interdit, de fait, une « industrialisation » de ces dernières.
Cependant, avec du matériel plus précis,
 plus puissant et plus onéreux, il est possible de récupérer les données
 de la carte jusqu’à 1,5 mètre et même plus avec du matériel spécifique 
et encore plus onéreux (il est question d’une portée d’environ 15 mètres
 avec ce genre de matériel). Un attaquant doté de ce type d’équipement 
peut récupérer une liste assez impressionnante de cartes, puisqu’elles 
sont de plus en plus présentes… problématique non ?
En 2012, le constat était plus alarmant qu’aujourd’hui, puisqu’il était possible de récupérer le nom du détenteur de la carte, son numéro de carte, sa date d’expiration, l’historique de ses transactions et les données de la bande magnétique de la carte bancaire.
En 2017… il est toujours possible de 
récupérer le numéro de la carte, la date d’expiration de cette dernière 
et, parfois, l’historique des transactions, mais nous y reviendrons.
Que dit la CNIL sur le sujet ?
J’ai demandé à la CNIL s’il fallait 
considérer le numéro de carte bancaire comme étant une donnée à 
caractère personnel, sans réponse pour le moment. J’éditerai cet article
 lorsque la réponse arrivera.
Si le numéro de carte bancaire est une 
donnée à caractère personnel, alors le fait qu’il soit disponible, et 
stocké en clair, me semble problématique, cela ne semble pas vraiment 
respecter la loi informatique et libertés.
En 2013, cette même CNIL a émis des recommandations à destination des organismes bancaires, en rappelant par exemple l’article 32 et l’article 38
 de la loi informatique et libertés. Les porteurs de carte doivent, 
entre autres, être informés de la présence du sans contact et doivent 
pouvoir refuser cette technologie.
Les paiements sans contact sont 
appréciés des utilisateurs car ils sont simples, il suffit de passer sa 
carte sur le lecteur. Ils sont préférés aux paiements en liquide et 
certains vont même jusqu’à déclarer que « le liquide finira par disparaître dans quelques années ».
 Son usage massif fait que votre organisme bancaire vous connaît mieux, 
il peut maintenant voir les paiements qui lui échappaient avant, lorsque
 ces derniers étaient en liquide.
La CNIL s’est également alarmée, dès 2012, des données transmises en clair par les cartes en circulation à l’époque. Ainsi, il n’est plus possible de lire le nom du porteur de la carte,
 ni, normalement, de récupérer l’historique des transactions… ce dernier
 point étant discutable dans la mesure où, pas plus tard que la semaine 
dernière, j’ai pu le faire avec une carte émise en 2014.
Comme expliqué précédemment, il est 
encore possible aujourd’hui de récupérer le numéro de carte ainsi que la
 date d’expiration de cette dernière.
Dans le scénario d’une attaque ciblée 
contre un individu, obtenir son nom n’est pas compliqué. Le CVV – les 
trois chiffres indiqués au dos de la carte – peut être forcé, il 
n’existe que 1000 combinaisons possibles, allant de 000 à 999.
Si la CNIL a constaté des améliorations,
 elle n’est pas rassurée pour autant. En 2013, elle invitait les acteurs
 du secteur bancaire à mettre à niveau leurs mesures de sécurité pour 
garantir que les données bancaires ne puissent pas être collectées ni 
exploitées par des tiers.
Elle espère que ce secteur suivra les différentes recommandations émises [PDF, page 3],
 notamment par l’Observatoire de la Sécurité des Cartes de Paiement, 
quant à la protection et au chiffrement des échanges. Les premières 
recommandations datent de 2007 [PDF],
 mais malheureusement, dix ans après, très peu de choses ont été 
entreprises pour protéger efficacement les données bancaires présentes 
dans les cartes sans contact.
S’il existe des techniques pour 
restreindre voire empêcher la récupération des données bancaires via le 
sans contact, le résultat n’est toujours pas satisfaisant, le numéro de carte est toujours stocké en clair et lisible aisément, les solutions ne garantissent ni un niveau de protection adéquat, ni une protection permanente.
Une solution consiste à « enfermer » sa 
carte dans un étui qui bloque les fréquences utilisées par le NFC. Tant 
que la carte est dans son étui, pas de risques… mais pour payer, il faut
 bien sortir ladite carte, donc problème.
L’autre solution, plus « directe », 
consiste à trouer – physiquement – sa carte au bon endroit pour mettre 
le circuit de la carte hors service. Attention cependant, votre carte bancaire n’est généralement pas votre propriété, vous louez cette dernière à votre banque, il est normalement interdit de détériorer le bien de votre banque.
DCP ou pas DCP ?
J’en parlais précédemment : est-ce que 
le numéro de carte bancaire constitue à lui seul une donnée à caractère 
personnel, ou DCP ?
Cela semble un point de détail mais je 
pense que c’est assez important en réalité. Si c’est effectivement une 
DCP, alors le numéro de carte bancaire doit, au même titre que les 
autres DCP, bénéficier d’un niveau de protection adéquat, exigence qui 
n’est actuellement pas satisfaite.
Si vous avez la réponse, n’hésitez pas à me contacter ou à me donner quelques références.
