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MONTRÉAL - La Ville de Montréal a transmis à la Sûreté du Québec (SQ) et au Bureau fédéral de la concurrence, depuis 2009, 12 dossiers concernant des entrepreneurs soupçonnés de collusion, a annoncé mercredi le vice-président du comité exécutif de la Ville, Michael Applebaum.
Ces informations, gardées confidentielles jusqu’ici, ont été révélées à la suite d’une sortie de la chef de l’opposition officielle à l’Hôtel de Ville, Louise Harel, qui a dénoncé mercredi certaines firmes qui, selon elle, semblent avoir le monopole des contrats d’infrastructure dans certains arrondissements.
Après avoir épluché 300 contrats pendant «plusieurs centaines d’heures», Vision Montréal a trouvé des résultats « troublants » concernant quatre entreprises qui ont soumissionné sur des contrats de réfection des rues, des trottoirs et du réseau d’aqueduc, entre 2006 et 2010.
En fin de journée mercredi, Michael Applebaum n’a pas voulu préciser si ces organisations faisaient partie de celles identifiées par le contrôleur général Pierre Reid.
Énormes différences
Selon l’opposition officielle, certaines entreprises ont remporté presque tous les contrats sur lesquels elles ont soumissionné dans un arrondissement, mais ont obtenu bien peu de succès ailleurs à Montréal (voir tableau).
Si une entreprise propose un prix fort avantageux dans un arrondissement, elle devrait être en mesure de l’offrir partout en ville, a souligné Louise Harel.
Par exemple, depuis 2006, dans l’arrondissement Verdun, la firme Catcan a remporté 35 des 36 contrats d’infrastructures pour lesquels elle a soumissionné. Un taux de succès de 97 %.
Or, partout ailleurs à Montréal, elle n’a obtenu que 6 contrats en 44 tentatives, soit un taux de réussite d’à peine 13 %.
« Invraisemblable »
«Ça paraît tellement invraisemblable. Il est bien sûr que cette concentration territoriale est troublante», a affirmé Louise Harel en conférence de presse.
D’après elle, certaines firmes s’entendraient pour «éviter la concurrence sur les marchés publics, dans le but de contrôler les prix».
Une autre firme, Construction Soter, a raflé tous les contrats qui l’intéressaient à Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles depuis cinq ans. Mais juste à côté, à Saint-Léonard, cette même entreprise n’a remporté aucun des 10 appels d’offres pour lesquels elle avait soumissionné.
Vision Montréal s’inquiète aussi du fait que les entreprises appartenant à Simard-Beaudry Construction et Frank Catania aient décroché presque tous les contrats pour la réfection des usines d’eau potable Atwater et Pierrefonds.
« On respecte la loi »
Pour sa part, l’administration Tremblay estime qu’elle n’a rien à se reprocher.
« Il faut qu’on respecte la loi, et la loi nous dit qu’il faut prendre le soumissionnaire le plus bas », a rappelé Michael Applebaum.
« Il y a un nombre limité d’entreprises qui ont le personnel et l’équipement pour faire le travail », a-t-il émis en guise d’hypothèse.
Par ailleurs, le vice-président du comité exécutif a souligné qu’il n’existe pour le moment aucune preuve de collusion concernant les entreprises ciblées par Vision Montréal.
«Si Mme Harel a des preuves qu’il y a de la collusion, elle devrait sortir ses preuves», a-t-il lancé.