Fini le gaspillage : la viande invendue est donnée à Moisson Montréal
Implanté depuis octobre 2013, le Programme de récupération alimentaire en supermarchés a permis à la banque alimentaire d’économiser 2,7 millions de dollars et de récupérer plus de 180 000 kilogrammes de viande. Auparavant, cette viande était soit transformée en farine animale, soit jetée à la poubelle.
« Cette viande permet à 40 à 60 organisations de ne plus être obligées d’acheter pour nourrir des gens dans le besoin dans la région de Montréal », souligne Dany Michaud, directeur général de Moisson Montréal.
La viande invendue est bien entendu toujours bonne à la consommation. Il s’agit en fait de la viande que les épiciers retirent des tablettes après trois jours.
Moisson Montréal récupère la viande avec des camions réfrigérés, qu’elle affrète à ses frais.
La viande est ensuite congelée et livrée à des organismes tels que l’Accueil Bonneau. Elle est toujours cuisinée sur place ; personne ne peut en rapporter à sa résidence pour l’apprêter par la suite.
Salubrité assurée
Aujourd’hui, Metro et Loblaw collaborent avec Moisson Montréal dans ce projet de récupération de viande invendue. Mais il a toutefois fallu leur apporter de bons arguments pour les convaincre, au premier chef en ce qui a trait au respect de la chaîne de froid pour maintenir la salubrité de la viande, confie Dany Michaud. « Il y avait beaucoup de questions, notamment à propos de l’hygiène et sur le fait qu’il ne devait pas y avoir de revente de viande. »
Le pire cauchemar des épiciers ? Que des gens tombent malades après avoir consommé de la viande qu’ils auraient donnée à Moisson Montréal. Pour les rassurer, la banque alimentaire a fait faire des tests en laboratoire pour s’assurer que la viande congelée à la troisième journée soit toujours comestible, une fois dégelée et cuite sur-le-champ.
De plus, Moisson Montréal a créé un système de traçabilité de toutes les pièces de viande récupérées dans les épiceries, sans parler de données que la banque alimentaire partage régulièrement avec Metro et Loblaw. Toutes ces mesures ont finalement convaincu les deux chaînes d’alimentation de s’engager dans ce projet innovateur.
Réduction de coûts
« Nous avons 23 magasins où la viande est récupérée par Moisson Montréal, et nous en compterons 65 dans les prochains mois, à Montréal et sur la Rive-Sud », affirme Marie-Claude Bacon, directrice principale, services des affaires corporatives chez Metro.
Pour sa part, Loblaw a 45 magasins qui participent au projet de Moisson Montréal (Loblaws, Maxi, Provigo) à Montréal et sur la Rive-Sud. « Ce projet avec Moisson Montréal est gagnant-gagnant », affirme Johanne Héroux, directrice, affaires corporatives et communications pour Loblaw.
Ainsi, non seulement le programme permet-il de nourrir des gens démunis à moindre coût, mais il donne aussi à Loblaw la possibilité de réduire ses coûts de transport exigés par les firmes d’équarrissage et de renforcer l’image de marque de l’entreprise en matière de responsabilité sociale.
« Le rendement demeure un indicateur clé, voire le nerf de la guerre pour une entreprise comme la nôtre, où les marges sont minces, souligne Johanne Héroux. Un tel programme n’aurait pas pu voir le jour s’il s’était soldé par des coûts opérationnels supérieurs à ceux associés à la cueillette de la viande par les firmes d’équarrissage. »
À vrai dire, les épiciers diminuent leurs coûts d’exploitation en donnant la viande invendue, mais en même temps ils se privent de revenus, car la viande invendue en magasin est souvent achetée par des fabricants de farine animale. Le bilan du programme est donc neutre pour Loblaw.
Même chose chez Metro, explique Marie-Claude Bacon. « Nous n’y faisons pas de gains, du point de vue tant de la productivité [les employés ont des manipulations à faire dans les deux cas] que des dollars [les dépenses allouées aux sites d’élimination le sont maintenant au programme de récupération]. »
Les deux chaînes d’épicerie font toutefois remarquer que le gain est avant tout social.
Dans d’autres régions ?
Le projet de récupération de viande de Moisson Montréal est à ce point populaire qu’il pourrait être étendu dans d’autres régions du Québec, selon Dany Michaud.
D’octobre 2013 à juin 2015, la viande a représenté 36 % du poids de toutes les denrées récupérées par Moisson Montréal. En valeur, cela correspond à environ 68 % de la valeur des denrées amassées, laquelle s’élève à plus 4 M$.
Moisson Montréal est aussi en discussion avec Sobeys et IGA, et la banque alimentaire souhaiterait convaincre un jour Costco et Walmart de participer à ce projet.
En 2013, la FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, publiait une étude révélant que la planète gaspille 1,3 milliard de tonnes de nourriture par année.
« Chaque année, la nourriture produite sans être consommée engloutit un volume d’eau équivalant au débit annuel du fleuve Volga en Russie et est responsable du rejet dans l’atmosphère de 3,3 gigatonnes de gaz à effet de serre », écrit la FAO.
Enfin, il y a aussi des conséquences économiques directes pour les producteurs, qui paient des coûts de production sur cette nourriture invendue. Dans le monde, la FAO estime ces pertes à 750 milliards de dollars américains par année, soit deux fois le PIB du Québec (363 G$).
Depuis le début du Programme de récupération alimentaire en supermarchés en octobre 2013…
> Total des denrées récupérées : près de 500 000 kilogrammes
> Valeur totale des denrées : plus de 4 M$
> Total de la viande récupérée : plus de 180 000 kg
> Valeur totale de la viande : 2,7 M$
> Boulangerie : près de 130 000 kg
> Valeur totale : près de 575 000 $
> Fruits et légumes : près de 50 000 kg
> Valeur totale : près de 145 000 $
> Produits congelés : près de 60 000 kg
> Valeur totale : plus de 260 000 $
> Produits variés : plus de 75 000 kg
> Valeur totale : près de 335 000 $
Source : Moisson Montréal, juin 2015
y était temps clisssssssss$,gagne de clowns!
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