Les détails de 10,6 millions de clients des hôtels MGM publiés en ligne
Sécurité : Ce qui se passe à
Vegas ne reste pas toujours à Vegas. MGM Resorts confirme qu'un
incident de sécurité a eu lieu l'été dernier et a informé les clients
touchés l'année dernière. Mais les données ont été publiées en ligne.
vol identité, vol de donnés, hackers Chintock, hackers, faille,
Les détails personnels de plus de 10,6 millions d'utilisateurs qui ont
séjourné dans les hôtels MGM Resorts ont été publiés sur un forum de
piratage cette semaine.
Outre les détails concernants les touristes et les voyageurs réguliers,
les fichiers divulgués contiennent également des informations
personnelles et de contact pour des célébrités, des PDG de du monde de
la technologie, des journalistes, des représentants du gouvernement et
des employés de certaines des plus grandes sociétés de technologie au
monde.
ZDNet a vérifié l'authenticité des données aujourd'hui, en collaboration avec le chercheur en sécurité à l’origine de Under the Breach, un service de surveillance des fuites de données qui sera bientôt lancé.
Un porte-parole de MGM Resorts a confirmé l'incident par e-mail.
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Les données exposées
Selon
notre analyse, la fuite de données MGM qui a été partagé aujourd'hui
contient des informations personnelles concernant 10 683 188 anciens
clients de l'hôtel.
Les fichiers divulgués contiennent des détails tels que les noms
complets, les adresses personnelles, les numéros de téléphone, les
e-mails et les dates de naissance.
ZDNet
a contacté les anciens clients et a confirmé leur séjour à l'hôtel,
ainsi que leurs dates de passage et l'exactitude des données incluses
dans les fichiers divulgués.
Nous avons obtenu la confirmation des de voyageurs, de
journalistes assistant aux conférences techniques, de PDG assistant aux
réunions d'affaires et de représentants du gouvernement se rendant dans
les succursales de Las Vegas.
MGM Resorts déclare avoir informé ses clients l'année dernière
Une fois les données verifiées, ZDNet a également contacté MGM Resorts.
Une heure après avoir contacté l'entreprise, nous étions en
conférence téléphonique avec l'équipe de sécurité de la chaîne
hôtelière. En quelques heures, l'équipe de MGM Resorts a pu vérifier les
données et les faire remonter à un incident de sécurité passé.
Un porte-parole de MGM a déclaré à ZDNet que les données
partagées en ligne cette semaine provenaient d'un incident de sécurité
survenu l'année dernière.
"L'été dernier, nous avons découvert un accès non autorisé à un serveur
cloud qui contenait une quantité limitée d'informations de anciens
clients de MGM Resorts", a déclaré MGM à ZDNet.
"Nous sommes convaincus qu'aucune donnée financière, de carte de
paiement ou de mot de passe n'a été divulguée dans cette affaire."
La chaîne hôtelière a déclaré avoir informé rapidement tous les clients
de l'hôtel concernés conformément aux lois applicables de l'État.
Bien que nous n'ayons pas été en mesure de retrouver personnellement l'une de ces notifications, certains utilisateurs semblent avoir indiqué en ligne en avoir recue une en août de l'année dernière.
De plus, MGM Resorts nous a dit avoir retenu deux cabinets de
cybersécurité pour mener une enquête interne sur l'exposition des
serveurs l'année dernière.
"Chez MGM Resorts, nous prenons très au sérieux notre responsabilité de
protéger les données des clients, et nous avons renforcé et amélioré la
sécurité de notre réseau pour éviter que cela ne se reproduise", a
déclaré la société.
Un danger potentiel de SIM swapping et de spear-phishing
Cependant, alors que l'incident de sécurité de MGM etait passé sous le
radar l'année dernière, la publication de ce fichier de données sur un
forum de piratage très populaire cette semaine l'a portée à l'attention
de nombreux pirates.
Under the breach, la société qui a repéré cette fuite et informé
la presse, a souligné la nature très sensible de cette fuite de données.
Les données divulguées sont un trésor comprenant les coordonnées
de nombreux utilisateurs de haut niveau, travaillant pour de grandes
entreprises technologiques et des gouvernements du monde entier. Ces
utilisateurs risquent désormais de recevoir des e-mails de spear
phishing et d’être visés par des attaques de Sim Swapping, a déclaré
Under the Breach à ZDNet.
Le PDG de Twitter, Jack Dorsey, la pop star Justin Bieber, et les
responsables du DHS et de la TSA sont quelques-uns des grands noms de
Under the Breach repérés dans les fichiers divulgués.
MGM Resorts a déclaré à ZDNet que les données étaient anciennes.
Nous pouvons confirmer cette déclaration, car parmi tous les clients de
l'hôtel que nous avons appelés aujourd'hui, aucun n'est resté à l'hôtel
après 2017. Certains des numéros de téléphone que nous avons appelés ont
été déconnectés, mais beaucoup étaient également valides et la bonne
personne a répondu au téléphone.
La taille et la gravité de cet incident de sécurité de MGM
Resorts reste dérisoires par rapport à la fuite massive de données qui a touché les hôtels Marriott en 2017,
lorsque les détails de centaines de millions d'utilisateurs ont été
volés par des pirates informatiques soutenus par l'État chinois.
Alors que les autorités enquêtent sur des systèmes de reconnaissance faciale, La Presse
a appris que Bell voulait vendre cette technologie aux entreprises. Si
le géant des télécommunications va de l’avant, ses clients d’affaires
pourraient utiliser son outil haute performance pour identifier et
surveiller des milliers de visages à la minute – dans des hôtels,
épiceries, boutiques, banques, stades ou lieux de travail.
Marie-Claude Malboeuf La Presse
Un outil pour « surveiller les individus »
Malgré
la controverse croissante entourant cette technologie, Bell veut vendre
aux entreprises un système de reconnaissance faciale capable de
vérifier « instantanément » l’identité des gens, de détecter leurs
comportements et de les « suivre en continu ».
La Presse
a appris que le géant des télécommunications avait suggéré à ses
clients d’affaires de l’utiliser pour surveiller et cibler les personnes
qui entrent dans leurs hôtels, épiceries, boutiques, banques, stades ou
lieux de travail.
Sa
technologie « haute performance » capte les visages à l’aide de caméras
et les compare à « une large banque de données archivées », peut-on
lire sur une page du site web de Bell. Cette page en anglais semble non
indexée et ne nous a pas été accessible à partir d’un moteur de
recherche.
Bell
a refusé de nous accorder une entrevue, mais a répondu par courriel
qu’elle « ne propose pas de services de reconnaissance faciale en ce
moment ». Sa page web a été construite à des fins promotionnelles, pour
« déterminer le niveau d’intérêt potentiel de ce service et s’il
pourrait être un produit viable », a écrit la porte-parole
Caroline Audet.
Bell
est présente en télécommunications, en télévision, en radio et en
affichage, et a encaissé 3,25 milliards de profits sur des revenus de
24 milliards en 2018. Si les nombreuses entreprises qu’elle dessert
achetaient massivement son système de reconnaissance faciale, des
milliers de Canadiens pourraient bientôt être surveillés et reconnus
dans toutes sortes de lieux – sans forcément s’en rendre compte ni en
avoir réellement le choix.
« Même
avec un éclairage de bas niveau et avec des données vidéo de faible
qualité, l’analyse vidéo de Bell est capable de compter et de suivre en
continu les personnes et les objets », précise son site. Le système
d’intelligence artificielle envoie des « alertes instantanées » aux
responsables de la sécurité et permet de « prendre des décisions plus
rapides et intelligentes ».
Repérer les clients riches
La
semaine dernière, les commissaires à la protection de la vie privée du
Canada ont fait état de leurs « préoccupations croissantes quant à
l’utilisation de la reconnaissance faciale » et déclenché une enquête
nationale sur l’une de ces technologies, Clearview AI, utilisée par des
centaines de corps policiers, dont certains canadiens.
D’après
une note en petits caractères, masquée par le signe « + » au pied de sa
page web, Bell cherche de son côté à revendre l’outil d’une immense
société japonaise, NEC, qui a entre autres mis au point un système
appelé NeoFace, dès 2002. Il sera employé aux Jeux olympiques de Tokyo
l’été prochain, et permet d’analyser des milliers de visages par minute
pour faire de la surveillance ou du marketing, selon le site web de NEC.
Sur
son propre site, Bell suggère par exemple aux banques d’utiliser la
reconnaissance faciale pour détecter aussi la présence de « déposants
fortunés » et de « clients VIP » afin de leur offrir des avantages. La
même chose est possible dans les hôtels et les boutiques.
À
l’autre extrême, toujours selon son site, l’outil promu par Bell
« détecte les comportements suspects », « surveille les individus »,
repère les gens inscrits sur une liste noire et envoie des « alertes
instantanées » aux responsables de la sécurité. Les indésirables peuvent
ainsi se voir bloquer l’accès à un commerce ou à un guichet automatique
« pour éviter les vols et les pertes ».
Autres
possibilités : « garde[r] en mémoire le nombre, le mouvement et le
comportement des personnes sur plusieurs sites », automatiser l’accès
aux stades (sans billets), mieux répartir le personnel selon
l’achalandage et les files d’attente, etc.
1/6
Sur son
site, NEC vante le fait que la reconnaissance faciale puisse se faire
« sans interagir avec l’individu en train d’être identifié ».
Ce
sont deux Torontois férus de technologie, Sydney Eatz et Richard Trus,
qui ont déniché la page web de Bell et l’ont transmise à La Presse.
Ils se surnomment « la police de l’internet », parce qu’ils ont dénoncé
plusieurs dérives à des médias torontois depuis deux ans. Sydney Eatz a
aussi déposé un mémoire sur Google devant un comité de la Chambre des
communes.
« Facebook
a dû payer 550 millions de dollars US pour régler hors cours un recours
collectif, après avoir utilisé la reconnaissance faciale aux dépens de
la vie privée, a-t-elle dit à La Presse en entrevue. Ça démontre que faire de la reconnaissance faciale sans obtenir le consentement des gens a un coût. »
Pire que la police
Le projet de Bell inquiète les défenseurs et les experts de la vie privée joints par La Presse.
« Jusqu’à
récemment, l’identification biométrique était limitée à la police dans
le cadre d’enquêtes criminelles, mais maintenant, c’est en train d’être
généralisé un peu partout », dit Dominique Peschard, porte-parole de la
Ligue des droits et libertés.
En
plus de jumeler les visages, le système promu par Bell suggère des
décisions aux employés des entreprises qui en feraient usage. « Mais ces
algorithmes sont secrets et on ne sait pas comment ils fonctionnent,
souligne M. Peschard. La personne ne sait donc pas selon quel critère
elle a été jugée, pourquoi telle décision a été prise. »
Les
commissaires à la vie privée du Canada commencent enfin à se rendre
compte des dangers de ces technologies et à lancer des consultations,
dit-il.
En attendant, c’est le “free
for all”, les entreprises profitent du vide. Ça prend un moratoire
jusqu’à ce qu’on ait adapté nos lois pour se protéger contre les abus
potentiels.
Dominique Peschard, porte-parole de la Ligue de protection des droits et libertés
Pour
Dominic Martin, spécialiste de l’éthique de l’intelligence artificielle
et de la gestion de l’éthique en entreprise, « il faut fixer les
conditions d’utilisation et instaurer des moyens de contrôle, parce que
la reconnaissance faciale a le potentiel de mener à des écarts éthiques
importants ». Il faut résoudre plusieurs questions de toute urgence,
précise le professeur de l’Université du Québec à Montréal. Jusqu’où
va-t-on aller dans l’enregistrement des moindres faits et gestes d’un
individu ? Avec quoi va-t-on recouper ces images ? Et à qui on va vendre
le tout ?
Autre
écueil : lors de tests, des outils de reconnaissance faciale ont fait
plus d’erreurs lorsqu’ils analysaient les images de personnes à la peau
foncée. Ce qui augmente le risque de les confondre avec un suspect
fiché – comme un voleur à l’étalage –, avec la discrimination et les
ennuis que cela suppose (1).
L’outil
proposé par Bell s’est classé parmi les plus performants lors de tests
organisés par l’industrie. Mais à Londres, où la police l’utilise depuis
2016 pour filmer les rues et repérer les gens inscrits sur une liste
noire, seulement 19 % des 42 personnes signalées par l’algorithme
correspondaient vraiment à leur « sosie » fiché, selon une étude de
l’Université d’Essex, commandée par le gouvernement britannique et
publiée en 2019.
Plus libres que la police
« Si
on ne fixe pas de limites, les entreprises pourraient devenir des
enquêteurs automatiques, se faire justice à elles-mêmes ou faire
d’immenses parties de pêche. Elles auront les coudées plus franches que
la police, prévient Pierre Trudel, professeur de droit de l’information
et du cyberespace à l’Université de Montréal. Au Canada, la police ne
peut filmer vos allées et venues sans avoir demandé une autorisation
judiciaire ni filmer tout le monde au cas où elle trouverait quelque
chose. »
Le potentiel d’intrusion est
considérable. Le législateur doit courir pour faire du rattrapage, car
il y a un défaut affligeant d’encadrement.
Pierre Trudel, professeur de droit de l’information et du cyberespace à l’Université de Montréal
La
Commission d’accès à l’information du Québec (CAI) dit prendre le
déploiement de la reconnaissance faciale « très au sérieux ». « On suit
la situation de très près et ça fait des années qu’on suggère
d’actualiser la loi pour que la biométrie soit plus balisée », a dit en
entrevue la porte-parole de l’organisme, Isabelle Gosselin.
Quiconque
achèterait la technologie proposée par Bell devrait obligatoirement
s’inscrire au Registre des déclarations des banques de mesures
biométriques de la CAI, précise-t-elle, car la Loi sur les technologies
de l’information l’exige.
Les
fournisseurs doivent pour leur part respecter les lois sur la
protection des renseignements personnels – en obtenant par exemple le
consentement des cibles et en agissant « par nécessité ». « Et on ose
tenir pour acquis qu’ils le font », avance Mme Gosselin.
(1)
Les personnes d’origine afro-américaine ou asiatique ont entre 10 et
100 fois plus de risques d’être reconnues erronément par les algorithmes
de reconnaissance faciale que les Caucasiens, selon un rapport
d’évaluation du National Institute of Standards and Technology, basé sur
des tests réalisés sur 189 logiciels. Le taux d’erreur est encore plus
élevé lorsqu’il s’agit d’Afro-Américaines.
De l’inconnu et des craintes
Comment
se déploie de manière très concrète la reconnaissance faciale dans les
entreprises canadiennes ? Le point en six questions.
Les entreprises doivent-elles obtenir notre consentement pour nous identifier avec des caméras ?
Oui, répond Isabelle Gosselin, porte-parole de la Commission québécoise d’accès à l’information.
Mais
la possibilité de refuser son consentement est souvent « ténue ou
pratiquement inexistante », nuance Dominic Martin, spécialiste de
l’éthique de l’intelligence artificielle et de la gestion de l’éthique
en entreprise.
« Quand
il y a des caméras dans l’environnement, on ne peut pas les éteindre.
Il faudrait carrément cesser de fréquenter certains lieux ou quitter son
emploi pour ne pas faire l’objet d’une surveillance accrue », souligne
le professeur qui enseigne à l’Université du Québec à Montréal.
Combien d'entreprises utilisent la reconnaissance faciale au pays ?
Dans
les autres provinces, on l’ignore. Environ 16 % des magasins Canadian
Tire qui y sont établis s’en servent déjà pour lutter contre le vol à
l’étalage, selon un reportage publié en février 2019 par CTV News. Et
une chaîne d’alimentation présente en Ontario et en Colombie-Britannique
a déclaré en novembre qu’elle ferait payer ses clients avec leur visage
pour accélérer leur passage à la caisse.
Au
Québec, la loi oblige à déclarer toute banque de données biométriques à
la Commission d’accès à l’information, et neuf entreprises ont indiqué
faire de la reconnaissance faciale, révèle l’organisme. La plus connue,
Master Card, dit employer cette technologie pour identifier la
clientèle. Les autres entreprises l’utilisent pour gérer les accès aux
bureaux, les présences ou le traitement de la paie.
Qu'arrive-t-il des données biométriques obtenues ?
Mystère,
puisque ni Québec ni Ottawa n’ont encore adopté de loi sur le sujet,
malgré les pressions croissantes, indique Pierre Trudel, professeur de
droit à l’Université de Montréal.
« Proposera-t-on
ces images à quelqu’un souhaitant nous traquer pour d’autres raisons ?
Les raisons possibles sont infinies, et c’est ça qui devient un gros
enjeu », dit le chercheur, qui s’intéresse entre autres à la loi sur les
télécommunications et aux objets connectés.
« On
ne veut pas qu’un système comme celui-là finisse par servir à des fins
d’assurances. On ne veut pas entendre : “Non, on ne vous assurera pas,
parce que d’après nos données, on vous voit aller dans les bars tous les
soirs et rentrer tard…” »
Comment se défendre en cas d'abus ?
Pour
l’instant, il faudrait invoquer le Code civil du Québec et la Charte
québécoise des droits et libertés, qui interdisent de violer la vie
privée sans motif sérieux, explique le professeur Trudel. Mais les
tribunaux n’ont pas encore établi comment ils s’appliquent aux systèmes
de reconnaissance faciale.
« S’ils
servent à assurer la sécurité dans un évènement public, on pourrait
peut-être argumenter que le motif est raisonnable. Mais si c’est pour
savoir si vous êtes un bon client à l’hôtel, on est plutôt dans le
marketing… »
Il
est souvent possible de filmer pour éviter les vols, à condition que la
surveillance soit annoncée. Mais les caméras n’étaient
traditionnellement pas branchées à un système de reconnaissance
faciale – capable d’entraîner l’exclusion d’un délinquant de toute une
chaîne de magasins, sans pardon possible.
« La
question qui se pose, c’est : est-ce un mécanisme disproportionné
compte tenu de la finalité ? demande M. Trudel. Il va falloir que l’État
intervienne. Le marché joue à l’encontre des droits fondamentaux. »
Que sait-on au sujet de l'outil japonais que Bell a vanté à ses clients ?
Il
n’a pas fait la manchette, mais le système NeoFace, conçu par
l’entreprise japonaise NEC, est partout. Le réseau Star Alliance, auquel
appartient Air Canada, vient de signer un contrat pour le faire
installer et la police de Calgary a indiqué qu’elle l’utilisait déjà,
tout comme des navires de croisière de Disney ou des hôtels en Asie.
Aux
États-Unis, des gouvernements, des universités et des entreprises
l’emploient. Et il permettra d’assurer la sécurité aux Jeux olympiques
de Tokyo.
Est-ce rassurant quant à son déploiement possible au pays ?
Pas
forcément. « Bell doit bien saisir que si elle vend cette solution-là à
des clients, ils vont pouvoir l’utiliser de toutes sortes de façons
après », prévient le professeur d’éthique des affaires Dominic Martin.
Le
géant des télécommunications s’associe à des tiers pour offrir des
services spécialisés, parce que son « objectif premier est la
connectivité réseau », selon un courriel que sa porte-parole Caroline
Audet a envoyé à La Presse.
Le
professeur Martin s’interroge néanmoins : « À la place de Bell, je me
demanderais jusqu’à quel point ça cadre dans mon modèle d’affaires,
sachant que de gros joueurs comme Google et Facebook ont officiellement
mis la pédale de frein à cause des possibles débordements éthiques de
cette technologie-là. »
"Le SRAS-CoV,venait d'une chauve-souris Chinoise !"
Le SRAS-CoV,venait d’une chauve-souris Chinoise ! Et pourquoi les coronavirus émergent souvent dans des marchés chinois
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« Pourquoi les coronavirus émergent souvent dans des marchés chinois »
Pourquoi les coronavirus émergent souvent dans des marchés chinois
L’épidémie de coronavirus est partie d’un marché à Wuhan en Chine.
C’était aussi le cas pour le terrible SRAS en 2003, car les «wet
markets» asiatiques réunissent toutes les conditions pour le passage
d’un virus de l’animal à l’Homme.
Staff Photographer / ReutersLe marché de Qingping à Guangzhou, en
Chine, l’un des nombreux « wet markets » asiatiques où l’on peut acheter
des animaux vivants, afin de les préparer pour le dîner plus tard.
C’est dans un de ces marchés qu’aurait émergé le nouveau coronavirus.
L’épidémie s’accélère de jour en jour. Le nouveau coronavirus qui a
émergé dans un marché en Chine fin 2019 a contaminé plus de 400
personnes et fait plusieurs morts, a-t-on appris ce mercredi 22 janvier.
Certains pays, dont les États-Unis, ont identifié des cas sur leur
territoire.
Il ne faut pour autant pas céder à la panique, car le virus semble
pour l’instant avoir un faible taux de contamination et de mortalité.
Mais les institutions de santé publique sont évidemment en état d’alerte
afin d’endiguer ce nouveau coronavirus, baptisé 2019-nCov, car elles
craignent un risque de mutation.
Surtout, l’OMS souhaite éviter à tout pris un scénario similaire à
2003 où un autre coronavirus, le SRAS-CoV, avait contaminé 8000
personnes dans 37 pays, en tuant 774. Le tout en l’espace de neuf mois.
Le SRAS-CoV était lui aussi parti de Chine. Et il avait sûrement lui
aussi contaminé ses premiers humains dans un marché. On soupçonne
également que le premier lieu de contamination de certaines grippes
aviaires soit un marché chinois. Et cela n’a rien d’un hasard: ces
lieux, appelés «wet market», cochent toutes les cases permettant à une
épidémie de démarrer.
Un hôte intermédiaire
Pour bien comprendre, il faut déjà savoir que les coronavirus sont à
l’origine des virus qui se trouvent chez les animaux. En général, il y a
une espèce, que l’on appelle «réservoir», qui est contaminée par le
virus. «La plupart du temps, ce sont des chauves-souris asymptomatiques,
elles sont porteuses du virus, mais pas malades», explique au HuffPost Éric D’Ortenzio, coordinateur scientifique pour l’Inserm, spécialiste des maladies infectieuses émergentes.
Le problème, c’est donc quand ce virus arrive à «sauter» vers une
autre espèce, pour laquelle il est nuisible. «Mais souvent, le virus ne
saute pas directement du réservoir à l’Homme, il faut un hôte
intermédiaire, un autre animal», précise le docteur. «Parfois, il y a
une mutation du virus entre la chauve-souris et l’hôte intermédiaire qui
fait qu’il devient transmissible à l’Homme».
Pour le SRAS-CoV, c’était la «civette palmiste», un petit mammifère
sauvage dont les Chinois raffolent. Pour faire simple, ce que l’on
pense, c’est que le virus est passé d’une chauve-souris à une civette où
il a muté, puis à l’Homme. Et ce contact aurait eu lieu dans un «wet
market». AFPLe marché de Wuhan, un «wet market» d’où est partie
l’épidémie du nouveau coronavirus.
Ces marchés chinois et asiatiques ont une particularité: on y vend
très souvent des animaux vivants, y compris des animaux sauvages. C’est
une coutume dans beaucoup de pays d’Asie, rappelle Bloomberg,
qui permet de s’assurer de la qualité de l’animal et de sa fraîcheur.
«On a tous les éléments réunis dans ces marchés, car il y a un brassage
d’animaux et un contact entre animaux et personnes», précise Éric
D’Ortenzio.
Si les «wet markets» chinois ont vu l’émergence de plusieurs virus,
ce ne sont pas les seuls à fonctionner ainsi en Asie, loin de là. Une étude
de 2012 au Laos montrait que sur les dizaines de marchés de ce type,
des milliers d’animaux, parfois sauvages et même protégés, étaient
vendus. Souvent avec des conditions sanitaires déplorables: seuls 4
d’entre eux disposaient d’eau courante.
Le marché de Wuhan au centre de l’épidémie
Pour l’épidémie actuelle, c’est le marché de Wuhan en Chine qui est
le principal accusé. «Les premiers malades ont visité ce marché de
poissons, mais qui vend aussi d’autres animaux», explique-t-il. Selon
CNN, ce marché vendait des animaux vivants et morts. Y compris des
civettes palmistes, dont la vente est pourtant interdite en Chine depuis
l’épidémie du SRAS en 2003, au vu des images obtenues par la chaîne
d’information. L’OMS recommande d’ailleurs,
en raison de la découverte de 2019-nCov, d’éviter ce type de marchés
pour les personnes à risque et, pour les autres, d’éviter de toucher le
nez, les yeux ou la bouche d’animaux et de bien se laver les mains après
avoir été dans un «wet market».
«Pour l’instant, on ne sait pas quel est le réservoir ni l’hôte
intermédiaire de ce coronavirus», rappelle Éric D’Ortenzio. Le marché de
Wuhan a été fermé au public le
1er janvier et des analyses sur des animaux vendus sur place sont en
cours pour essayer de trouver l’hôte intermédiaire de ce nouveau
coronavirus, qui pourrait donc avoir été un animal stocké dans le
marché. Mais il faudra encore attendre un peu pour avoir des réponses
définitives.
Pourquoi les coronavirus émergent souvent dans des marchés chinois
L'épidémie de
coronavirus est partie d'un marché à Wuhan en Chine. C'était aussi le
cas pour le terrible SRAS en 2003, car les «wet markets» asiatiques
réunissent toutes les conditions pour le passage d'un virus de l'animal à
l'Homme.
L’épidémie
s’accélère de jour en jour. Le nouveau coronavirus qui a émergé dans un
marché en Chine fin 2019 a contaminé plus de 400 personnes et fait
plusieurs morts, a-t-on appris ce mercredi 22 janvier. Certains pays,
dont les États-Unis, ont identifié des cas sur leur territoire.
Il
ne faut pour autant pas céder à la panique, car le virus semble pour
l’instant avoir un faible taux de contamination et de mortalité. Mais
les institutions de santé publique sont évidemment en état d’alerte afin
d’endiguer ce nouveau coronavirus, baptisé 2019-nCov, car elles
craignent un risque de mutation.
Surtout, l’OMS souhaite éviter à
tout pris un scénario similaire à 2003 où un autre coronavirus, le
SRAS-CoV, avait contaminé 8000 personnes dans 37 pays, en tuant 774. Le
tout en l’espace de neuf mois.
Le SRAS-CoV était lui aussi parti
de Chine. Et il avait sûrement lui aussi contaminé ses premiers humains
dans un marché. On soupçonne également que le premier lieu de
contamination de certaines grippes aviaires soit un marché chinois. Et
cela n’a rien d’un hasard: ces lieux, appelés «wet market», cochent
toutes les cases permettant à une épidémie de démarrer.
Un hôte intermédiaire
Pour
bien comprendre, il faut déjà savoir que les coronavirus sont à
l’origine des virus qui se trouvent chez les animaux. En général, il y a
une espèce, que l’on appelle «réservoir», qui est contaminée par le
virus. «La plupart du temps, ce sont des chauves-souris asymptomatiques,
elles sont porteuses du virus, mais pas malades», explique au HuffPost Éric D’Ortenzio, coordinateur scientifique pour l’Inserm, spécialiste des maladies infectieuses émergentes.
Le
problème, c’est donc quand ce virus arrive à «sauter» vers une autre
espèce, pour laquelle il est nuisible. «Mais souvent, le virus ne saute
pas directement du réservoir à l’Homme, il faut un hôte intermédiaire,
un autre animal», précise le docteur. «Parfois, il y a une mutation du
virus entre la chauve-souris et l’hôte intermédiaire qui fait qu’il
devient transmissible à l’Homme».
Pour le SRAS-CoV, c’était la
«civette palmiste», un petit mammifère sauvage dont les Chinois
raffolent. Pour faire simple, ce que l’on pense, c’est que le virus est
passé d’une chauve-souris à une civette où il a muté, puis à l’Homme. Et
ce contact aurait eu lieu dans un «wet market».
Ces
marchés chinois et asiatiques ont une particularité: on y vend très
souvent des animaux vivants, y compris des animaux sauvages. C’est une
coutume dans beaucoup de pays d’Asie, rappelle Bloomberg,
qui permet de s’assurer de la qualité de l’animal et de sa fraîcheur.
«On a tous les éléments réunis dans ces marchés, car il y a un brassage
d’animaux et un contact entre animaux et personnes», précise Éric
D’Ortenzio.
Si les «wet markets» chinois ont vu l’émergence de
plusieurs virus, ce ne sont pas les seuls à fonctionner ainsi en Asie,
loin de là. Une étude
de 2012 au Laos montrait que sur les dizaines de marchés de ce type,
des milliers d’animaux, parfois sauvages et même protégés, étaient
vendus. Souvent avec des conditions sanitaires déplorables: seuls 4
d’entre eux disposaient d’eau courante.
Le marché de Wuhan au centre de l’épidémie
Pour
l’épidémie actuelle, c’est le marché de Wuhan en Chine qui est le
principal accusé. «Les premiers malades ont visité ce marché de
poissons, mais qui vend aussi d’autres animaux», explique-t-il. Selon
CNN, ce marché vendait des animaux vivants et morts. Y compris des
civettes palmistes, dont la vente est pourtant interdite en Chine depuis
l’épidémie du SRAS en 2003, au vu des images obtenues par la chaîne
d’information.
L’OMS recommande d’ailleurs,
en raison de la découverte de 2019-nCov, d’éviter ce type de marchés
pour les personnes à risque et, pour les autres, d’éviter de toucher le
nez, les yeux ou la bouche d’animaux et de bien se laver les mains après
avoir été dans un «wet market».
«Pour l’instant, on ne sait pas
quel est le réservoir ni l’hôte intermédiaire de ce coronavirus»,
rappelle Éric D’Ortenzio. Le marché de Wuhan a été fermé au public le
1er janvier et des analyses sur des animaux vendus sur place sont en
cours pour essayer de trouver l’hôte intermédiaire de ce nouveau
coronavirus, qui pourrait donc avoir été un animal stocké dans le
marché. Mais il faudra encore attendre un peu pour avoir des réponses
définitives.
Gagner le gros lot ou être frappé par la foudre,
c’est déjà rare. Mais vivre un de ces événements extraordinaires DEUX
FOIS ? On a trouvé deux hommes à qui c’est arrivé. Et celui qui se
considère comme l’homme le plus chanceux du monde n’est pas celui que
vous croyez.
PROBABILITÉ DE GAGNER AU LOTTO 6/49 : 1 SUR 14 MILLIONS
En 2008, Jules Parent a vécu le rêve de tous les amateurs de
gratteux : il a remporté 1 million de dollars au Lotto 6/49. Incroyable
mais vrai : neuf ans plus tard, il gagnait 1,22 million de dollars sur
la plateforme en ligne de Loto-Québec. Quelles sont les probabilités que
ça, ça arrive ? La réponse simple est que c’est drôlement compliqué.
J’ai appelé mon ami Jean-François Gagnon, professeur de mathématiques
au cégep, et même pour lui — qui est le meilleur vulgarisateur de maths
que je connaisse —, c’est dur à calculer. Il faut tenir compte non
seulement des probabilités pour chaque jeu de loterie, mais aussi du
nombre de billets achetés par une même personne au cours de sa vie.
« Ce sont des calculs difficiles à faire même pour un mathématicien
aguerri », m’explique-t-il. Mettons qu’on peut dire sans se tromper que
les chances sont minces en titi.
« Gagner, ça apporte certains moments de satisfaction. T’es moins mal
pris financièrement, mais ça n’achète pas la santé ou le bonheur. » —Jules Parent
Jules Parent, lui, estime qu’il a fait sa chance. « Dans une
entrevue, l’animateur Marcel Béliveau avait révélé qu’il écrivait ce
qu’il voulait sur un petit papier qu’il laissait traîner en espérant que
son vœu se réalise », se souvient-il. « Moi j’ai pris ce truc-là et
j’ai écrit : “Je vais gagner”. Rien de précis. Ça a été ça ! »
Dans son cas, la chance est tombée à point, puisque quelques mois
avant son premier gain, Jules Parent sombrait dans la dépression après
avoir perdu sa job lors d’une
restructuration. « Le travail occupait une place importante dans ma vie.
Pas juste pour le revenu : c’était comme une famille. Gagner le gros
lot, c’est sûr que ça m’a aidé à faire le deuil de mon emploi. »
Quand il a remporté son deuxième lot, son premier était quasiment
tout écoulé. « Aujourd’hui, 1 million de dollars, ça se dépense assez
facilement ! » dit-il. Mais est-ce que ces gros sous l’ont rendu plus
heureux ?
PROBABILITÉ D’ÊTRE FRAPPÉ PAR LA FOUDRE : MOINS D’UNE SUR UN MILLION
Chaque année, entre 6 et 12 Canadiens meurent après avoir été frappés
par la foudre, et entre 60 et 70 autres sont gravement blessés après
avoir reçu une telle décharge. C’est pour ça qu’on dit qu’on court plus
de risques d’être touché par la foudre qu’on a de chances de gagner à la
loterie. Mais être foudroyé deux fois le même été ? C’est le sort qu’a
connu Donald Martin. Mais n’y voyez surtout pas de la malchance. « Moi,
je me considère comme le gars le plus chanceux du monde, parce que j’ai
survécu, et j’ai toujours gardé un bon moral », explique le
Néo-Brunswickois.
« L’important, c’est de donner du sens à ce
qui t’arrive. Pour moi, avoir été frappé deux fois par la foudre, c’est
comme gagner à la loto. Ça m’a donné la chance d’aider plusieurs
personnes. » —Donald Martin
Ce n’est pas rien. Surtout quand on sait que les deux fois en
question, quelqu’un d’autre aurait dû prendre le coup sur le chantier où
il travaillait. « Je me suis demandé pourquoi ça m’arrivait toujours à
moi. La première fois, j’étais dretteà côté d’un autre gars; l’autre
gars s’est tassé par hasard, pis c’est moi qui ai pris l’éclair. La
deuxième fois, j’étais pas censé travailler ce jour-là. Je remplaçais
quelqu’un », explique-t-il.
« T’essayes de trouver des raisons. Mes collègues étaient plus vieux;
peut-être qu’ils n’auraient pas survécu. Faque je me dis que j’étais
exactement à la bonne place pour faire ce que je devais faire : sauver
ces gars-là. »
Donald Martin a tout de même gardé d’importantes séquelles, dont des
spasmes qui ont secoué son corps plusieurs mois après la deuxième
décharge ainsi qu’un syndrome post-traumatique. « Des fois, quand y a des orages, je fonctionne pu pantoute. Je perds la mémoire et je tombe quasiment dans un autre monde », raconte le papa d’une petite fille de 7 ans.
Je ne sais pas s’il faut croire au hasard, mais chose certaine,
l’attitude positive de Donald Martin est une bénédiction. Parce que
quand on gratte, on réalise que ce n’est pas le seul malheur qui s’est
abattu sur lui. « À 2 ans, je me suis électrocuté dans la prise de
courant; à 8 ans, je me suis pendu par accident en jouant dans des
barres de fer; à 13 ans, je suis tombé d’un poteau et j’ai eu 11 points
de suture… L’année avant de me faire électrocuter, j’ai eu un accrochage
avec un train. Mes parents ont attrapé le cancer à trois mois
d’intervalle, pis ma fille est née prématurément de deux mois : elle
pesait 2,4 livres [1,1 kilogramme] », énumère-t-il. « C’est mon attitude
qui me sauve. » En effet, on s’apitoierait à moins.
Reste que Donald Martin n’aurait pas changé son sort contre celui de Jules Parent, deux fois millionnaire.
police, policier a l'envers des autres, policier blanchis, Polichier, politicaillerie,
REF.: Patrick Lagacé
Un
message, vendredi matin, un flic : « Septimus Neverson : coupable sur
toute la ligne. Tu sais qui a rendu sa capture possible ? »
J’ai
échappé un « Yessss » bien senti en apprenant la condamnation de
Neverson. J’avais presque oublié son procès, qui est un peu passé sous
le radar ces derniers mois.
Septimus Neverson est pourtant une
authentique crapule, un fou furieux : une douzaine de violations de
domicile avec agression, un meurtre, trois tentatives de meurtre, une
traque qui s’est étirée sur des années.
Il entrait chez les gens, exigeait argent et bijoux. Et quand ses victimes hésitaient ou résistaient, il tirait.
Neverson
a frappé de 2006 à 2009, en deux vagues distinctes. La violence du
suspect inquiétait la police de Montréal, qui menait l’enquête.
Mais le plus inquiétant, c’est que la police n’avait à peu près pas d’indices pour le coincer.
Pendant longtemps, la police a couru après une ombre encagoulée à l’accent anglais des Antilles.
***
En 2010, j’ai fait le récit dans La Presse
de la fois où la police avait failli le coincer, dans Côte-des-Neiges.
Il s’en était sorti en prenant un enfant de 10 ans en otage.
Ce
fantôme que la police traquait était d’un sang-froid et d’une efficacité
qui étonnaient les enquêteurs. Il agissait seul, alors que les
violations de domicile avec agression sont souvent le fait de petits
groupes de truands.
À l’époque, un superviseur aux crimes majeurs
du SPVM m’avait dit ceci : « C’est un gars d’un calme incroyable, même
dans les situations tendues. C’est le style de gars qui pourrait avoir
été mercenaire : il n’y a rien à son épreuve. »
Il a fini par être
attrapé, heureusement. En 2015, avec Vincent Larouche, nous avons
raconté ce que nous savions de la traque qui a permis de l’arrêter à
Trinité-et-Tobago.
***
Un message, vendredi matin, un flic : « Septimus Neverson : coupable sur toute la ligne… »
Je suis allé sur l’appli de La Presse.
Neverson, son regard de porc frais, impassible, coiffait l’article de
Louis-Samuel Perron : coupable des 54 chefs d’accusation, il risque la
prison à vie. J’ai eu une pensée pour Jacques Sénécal et sa famille.
M. Sénécal a été tué en 2006 par Neverson…
« … Tu sais qui a rendu sa capture possible ? »
Je savais. Je ne l’avais jamais écrit.
La police a longtemps nagé en plein mystère. Elle n’avait que quelques indices…
L’accent
des Antilles, fort probablement de Trinité : une de ses victimes, qui
avait parlé avec Neverson, était de Trinité. Cet accent-là était pour
elle aussi reconnaissable que pour un Québécois qui entend l’accent du
Lac à l’autre bout du monde.
Un autre indice : une échelle,
laissée sur place lors de l’attaque de Côte-des-Neiges. Cela a mené la
police dans une quincaillerie, où elle a obtenu une photo floue du
suspect.
Et cet indice, capital, trouvé grâce à la minutie des
techniciens de scène de crime du Service de police de Laval : sur un fil
provenant d’un gant de Neverson, la police a trouvé du matériel
génétique microscopique. L’ADN du tueur. Mais même cet indice débouchait
sur un cul-de-sac : l’ADN du suspect ne se trouvait dans aucune base de
données policière.
Quelques indices, donc. Qui ont fini par
aider grandement la police. Voyez ces indices comme des dominos, prêts
à tomber jusqu’à Septimus Neverson…
Mais il manquait le premier domino, celui qui allait faire tomber les autres.
En
2011, l’équipe de policiers qui traquait le fantôme Neverson s’est mise
en dormance. Le suspect avait cessé de frapper. Et l’enquête n’allait
nulle part.
Mais en novembre 2013, le déblocage est survenu.
Quelqu’un s’est présenté dans un poste de police et il a demandé de
parler à un enquêteur en particulier.
Le nom de cet enquêteur est Fayçal Djelidi.
***
Je
connais Fayçal Djelidi, je ne peux pas le cacher. L’affaire de mon
espionnage du SPVM en 2016, ça part de Djelidi. C’est lui qui a été
injustement arrêté avec d’autres policiers en juillet 2016 sous des
prétextes qui étaient si stupides et si surréalistes que la cause s’est
écroulée devant les tribunaux.
Le fait que Fayçal Djelidi était en contact avec moi, journaliste à La Presse, a été utilisé comme prétexte pour le faire piéger par les affaires internes. Je l’ai dit à plusieurs reprises.
Djelidi,
excellent enquêteur, a un talent particulier pour recruter des sources
dans le milieu criminel. À l’époque où il œuvrait dans la lutte contre
les gangs de rue, c’était une de ses grandes forces : les sources.
Je
précise que Djelidi ne m’a jamais donné de secrets d’enquête. Il m’a
souvent expliqué « comment ça marche », dans la rue, dans le milieu
criminel, dans la police, dans ce métier qu’il adorait…
Fayçal
Djelidi était donc « connu » dans la rue pour être un policier fiable, à
la réputation « clean » avec ses sources. Et il avait beaucoup
de sources, ce qui l’aidait dans ses enquêtes.
Or, quand la
source s’est présentée au poste de police, en ce jour de
novembre 2013 pour dénoncer Septimus Neverson, Djelidi ne connaissait
pas la source.
Mais la source le connaissait, lui, de réputation.
La
source a tout balancé : l’identité de Neverson, son modus operandi, les
endroits où il avait frappé, l’identité et le quartier de résidence de
sa fille habitant à Montréal…
Et un objet volé lors d’un braquage.
De
l’état de « dormance », l’enquête policière est passée en cinquième
vitesse. On a formé une escouade mixte de Gestion d’enquête de criminel
en série (GECS) composée de policiers de la SQ, du SPVM et de Laval pour
le traquer. La source de Djelidi a reçu le statut d’ACI, « agent civil
d’infiltration », et a participé activement à l’enquête pour capturer
Septimus Neverson. Et Fayçal Djelidi s’est joint au GECS.
Un peu plus de deux ans plus tard, Septimus Neverson était arrêté chez lui, à Port of Spain.
***
Entre novembre 2013 et février 2015, la police est donc passée en cinquième vitesse pour monter le dossier et trouver Neverson.
Un travail admirable, où ils ont déployé des trésors d’imagination pour jeter leurs filets…
Un exemple ?
La
fille de Neverson habite Montréal. Elle a une petite fille. Pour
crédibiliser certaines informations et faire un lien entre
Neverson – alias David Munroe, nom figurant sur son faux passeport
canadien – et Montréal, il fallait établir si cette femme était en effet
la fille de Septimus Neverson.
Comment établir ce lien de filiation ?
Avec l’ADN.
Les
policiers ont élaboré un scénario hollywoodien pour obtenir l’ADN de la
fille de Neverson et de sa petite-fille sans éveiller les soupçons. Ils
se sont déguisés en mascottes et ont inventé un faux concours pour
gagner un voyage à Disney…
Et ils ont intercepté les enfants qui passaient sur une rue d’un quartier de Montréal, pour leur faire remplir un formulaire…
Et leur faire boire un petit verre de jus. Ainsi qu’à leurs parents.
Cette
mise en scène visait uniquement à recueillir l’ADN de deux personnes
soupçonnées d’être la fille et la petite-fille de Septimus Neverson.
La
mise en scène a fonctionné. Les policiers ont réussi à faire boire du
jus à la fille de Neverson et à sa petite-fille. Les deux verres de
plastique ont été conservés dans une poubelle distincte. Et les analyses
en laboratoire ont démontré que l’ADN recueilli à Laval sur la scène du
meurtre de Jacques Sénécal était indubitablement lié à la femme et à sa
petite-fille qui ont bu le jus tendu par les policiers déguisés en
mascotte…
Quand j’ai contacté Djelidi ce week-end, il n’avait qu’une seule chose à me dire : « Gros travail d’équipe. »
Gros
travail d’équipe sous la direction du commandant Pascal Côté du SPVM,
travail qui va vraisemblablement envoyer Septimus Neverson en prison
jusqu’à la fin de ses jours.
***
La police a donc travaillé de façon admirable.
Mais
chaque indice a fini par former un tout cohérent quand l’enquêteur
Djelidi a reçu les confessions d’une source qui avait entendu parler de
lui dans la rue. Et qui a fait confiance à Djelidi avec son secret,
l’identité d’un dangereux criminel qui n’hésitait pas à tuer.
Mais
tragiquement, trois ans plus tard, Djelidi se faisait piéger avec
d’autres enquêteurs du SPVM dans une enquête interne si mal ficelée
qu’elle est devenue une crise politique qui a fini par déboucher sur une
commission d’enquête et la démission du directeur du SPVM.
L’enquête
contre Djelidi et ses coéquipiers était politiquement dirigée, menée
par les inspecteurs Gadget des Affaires internes du SPVM, ces
incompétents qui ont menti éhontément dans des mandats de perquisition
si puants que la Couronne a fini par retirer les accusations…
D’où
l’immense ironie de la culpabilité de Septimus Neverson aux 54 chefs
d’accusation qui pesaient contre lui : Fayçal Djelidi, décoré pour son
travail dans cette enquête, n’est à ce jour toujours pas réintégré comme
enquêteur au sein du SPVM.
Juste avant d’envoyer ce texte à La Presse,
j’ai envoyé un texto à Djelidi, si durement éprouvé par l’incompétence
des enquêteurs des Affaires internes, je lui ai parlé comme ils se
parlent entre eux… Je lui ai dit : Oublie jamais que t’es une bonne police.
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