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Peut-on chauffer des bâtiments grâce à la chaleur émise par des centres de données, dont les puissants serveurs informatiques constituent une source d'énergie jusqu'ici inemployée? L'expérience inédite va être tentée dès cet hiver dans un parc d'entreprises de Marne-la-Vallée.
Miser sur une «énergie de récupération« pour se passer des énergies fossiles, émettrices de CO2 et dont les cours flambent: c'est le coeur de ce projet qui utilise le centre de données d'une banque comme source d'un réseau de chauffage urbain pour alimenter les entreprises et bureaux alentour.
Les canalisations souterraines sont actuellement en cours de construction et les premiers clients devraient être raccordés dès cet hiver, a annoncé mardi Jean-Philippe Buisson, directeur Ile-de-France de Dalkia, filiale de Veolia Environnement et EDF spécialisée dans la production d'énergie.
À terme, le centre de données choisi permettra d'alimenter en chauffage et en eau chaude sanitaire jusqu'à 600 000 m2 de bâtiments et évitera l'émission de 5 400 tonnes de CO2 chaque année, selon ses calculs.
Au même titre que les incinérateurs de déchets ou les eaux chaudes rejetées par les piscines, les centres de données constituent des sources d'énergie de récupération non négligeables pour le chauffage alors qu'ils sont de plus en plus nombreux et de plus en plus puissants à travers la planète.
Un centre de traitement des données, est un site qui héberge des équipements et des ressources informatiques et électroniques. Ces installations, abritant serveurs informatiques, systèmes de refroidissement et systèmes électriques, sont «de très gros consommateurs en énergie».
Stabilité du prix à long terme
En avril 2010, l'organisation écologiste Greenpeace avait estimé dans un rapport que les centres de données consomment 1,5 à 2% de l'électricité globale, avec une croissance de l'ordre de 12% par an.
Selon M. Buisson, il y en aurait une centaine en France, dans les secteurs bancaires, de la téléphonie et de l'internet.
Dans le projet de Val-d'Europe, un parc d'activités de Marne-la-Vallée dont le développement est assuré par le groupe Euro Disney dans le cadre d'une convention avec les pouvoirs publics, c'est la chaleur émise par les systèmes de refroidissement du centre de données d'environ 10 000 m2 qui est récupérée.
Cette chaleur permettra de porter à 55°C l'eau présente dans un réseau souterrain auquel vont être progressivement raccordés les nouveaux bâtiments - entreprises, bâtiments publics, bureaux - qui seront construits sur ce parc d'activités d'une surface totale de 150 hectares (dont 30 ha aujourd'hui effectivement bâtis), précise Euro Disney.
Techniquement, outre l'absence d'émissions de CO2 supplémentaire, le système s'appuie sur une source qui «fonctionne 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7».
Économiquement, ce chauffage revient aux clients à 8 centimes le kW/h, soit «une gamme de prix inférieure à un chauffage électrique individuel mais un peu supérieure à une installation au gaz ou au fioul», en raison d'un investissement initial de «plusieurs millions d'euros», selon M. Buisson.
Avec l'avantage, précise-t-il, d'une «stabilité garantie» du prix à long terme car affranchie de la variabilité des prix des énergies fossiles.
Le réseau bénéficiera aussi à l'avenir de la chaleur émise par d'autres data centers attendus sur ce parc d'activités, indique Euro Disney, qui, pour chauffer son célèbre parc de loisirs tout proche, se tourne en revanche plutôt vers la géothermie.