Aux prises avec une situation financière précaire, l'administration Tremblay a décidé de sabrer dans les régimes de retraite des employés de la ville de Montréal. Elle leur demande de travailler plus longtemps, d'augmenter leurs cotisations, et d'accepter une incertitude quant au montant de la pension qu'ils recevront.
L'annonce du maire Gérald Tremblay a été accueillie comme une douche froide par la plupart des représentants syndicaux des 47 000 employés municipaux actifs ou retraités, car elle signifie la fin des années fastes pour bien des travailleurs.
Cols bleus, pompiers, policiers, fonctionnaires, cadres ; tous devront mettre l'épaule à la roue.
«Un changement de cap est essentiel et urgent», a martelé le maire en conférence de presse, sans quoi il faudra augmenter les taxes municipales de 4,5 % l'année prochaine, uniquement pour couvrir la hausse des coûts des régimes de retraite.
Pris à la gorge
Les changements touchent seulement les années à venir. Ceux qui sont déjà retraités ne verront aucune différence dans les prestations qu'ils reçoivent. Par contre, dès 2012, les employés actifs seront tous affectés.
La démarche entreprise par la Ville de Montréal est à l'image de ce qu'ont dû faire de nombreuses entreprises privées et administrations publiques depuis quelques années.
En cause, le vieillissement de la population, qui force les employeurs à verser des prestations plus longtemps, augmentant ainsi les coûts. Aussi, pendant la crise financière de 2008, les caisses de retraite ont affiché un rendement négatif de 16 %.
À Montréal, pour couronner le tout, les fusions-défusions du début des années 2000 ont compliqué la gestion des régimes de retraite.
En conséquence, pour que les coûts des régimes baissent de 50 millions annuellement, le nombre d'années de service nécessaires avant de pouvoir prendre sa retraite sera revu à la hausse.
Aussi, les cotisations des employés, qui comptent pour environ 30 % des coûts totaux du régime, seront augmentées à 50 %, de manière à réduire la participation de la Ville.
Finalement, en cas de récession économique, on augmentera les cotisations des employés, de manière à ce que la baisse des taux d'intérêt ne soit pas uniquement absorbée par la Ville.
«Crier au loup»
Suite à l'annonce, Michel Parent, le président du syndicat des cols bleus, a accusé la Ville d'amplifier le problème en «criant au loup». Il a cependant indiqué que des négociations avaient déjà été entreprises.
Perry Bisson, le président de l'Association des pompiers de Montréal (APM), a été encore plus cinglant. «Il y a un paquet d'autres problématiques qui coûtent cher à Montréal, dont le nombre de cadres qui augmente sans cesse», a-t-il estimé.
Quant à Monique Côté, présidente du syndicat des fonctionnaires municipaux, elle s'est dite «étonnée» que ces discussions aient lieu «sur la place publique».