25% des extras allaient à des partis politiques
MONTRÉAL - L'ingénieur Michel Lalonde, président de la firme Génius
Conseil, a confirmé mercredi que le gonflement d'extras lors de
l'exécution de certains contrats publics de la Ville de Montréal servait
à financer les partis politiques.
Le stratagème était simple : la firme de génie-conseil privée avec
qui la Ville sous-traitait pour la conception et la surveillance de ses
chantiers, faisait en sorte d'«accommoder» les entrepreneurs en gonflant
les coûts réels des contingences survenus au cours des travaux.
«On regardait le projet et on trouvait un compromis plus avantageux
sur les quantités, ça arrivait aussi dans les extras, a dit M. Lalonde.
Ils étaient réels, mais on avait une ouverture d'esprit positive.»
Dans ces gonflements d'extras, tout le monde y trouvait son compte, a expliqué Michel Lalonde.
L'entrepreneur recevait l'argent, puis il reversait 25% de cette somme en argent comptant à la firme de génie-conseil.
Enfin, «cet argent servait au financement des partis politiques», a
ajouté Michel Lalonde, venant ainsi confirmer ce que Luc Leclerc, ancien
ingénieur à la Ville de Montréal, avait expliqué un peu plus tôt lui
aussi devant la commission.
Lalonde mentionné par Zambito
De l'encre a déjà coulé au sujet de Michel Lalonde devant la
commission Charbonneau. En effet, l'ex-propriétaire d'Infrabec, Lino
Zambito, a rapporté cet automne une conversation surprenante qu'il a eue
avec l'ingénieur.
En 2005, alors que Zambito venait de présenter la plus basse
soumission pour un contrat de réfection d'égout d'une dizaine de
millions de dollars, l'ingénieur lui aurait indiqué de faire appel à la
firme Tremca pour se fournir en tuyaux.
«M. Lalonde avait été très clair avec moi : "Si tu veux que le projet
se fasse, les tuyaux doivent être achetés chez Tremca au prix qui a été
déterminé, avait dit M. Zambito. On va te compenser. Et la différence
de 300 000 $ de tuyaux, c'est le montant que les gens de Tremca doivent
remettre à M. Abdallah, pour que le projet soit octroyé par la Ville de
Montréal".»
«Moi, dans ma tête à moi, c'était clair qu'il y avait une entente
entre Tremca et M. Abdallah, avait alors ajouté Lino Zambito. Si je
voulais exécuter le contrat, je n'avais pas le choix d'acheter mes
tuyaux chez Tremca.»
Michel Lalonde a également rencontré l'homme d'affaires Paolo Catania
à de multiples reprises au club privé 357c, avec plusieurs personnes
qui gravitaient autour du controversé projet du Faubourg Contrecoeur.
Le cheminement de Génius Conseil
Le président de Génius Conseil a indiqué avoir pris part au
financement pour Vision Montréal, du temps de Pierre Bourque, et pour
Union Montréal, un geste qu'il apparente à un «investissement», dans le
but d'obtenir des contrats.
Afin de «planifier l'avenir», la firme Génius a tenté de se
rapprocher d'Union Montréal - après avoir été proche de Vision Montréal,
dans le passé. M. Lalonde a donc appelé Sammy Forcillo, un contact qui a
mené à une rencontre avec Frank Zampino.
Via Sammy Forcillo, puis Frank Zampino, Michel Lalonde a été mis en
contact avec Bernard Trépanier, son «principal» intermédiaire pour le
financement d'Union Montréal.
À l'automne 2004, M. Trépanier lui propose d'allonger les billets.
«Tu pourrais peut-être faire partie des firmes qui se positionneraient
mieux pour des projets», laisse-t-il entendre. Du même coup, il lui
demande 100 000 $ pour les élections montréalaises à venir, en 2005.
Par la suite, il lui propose d'établir un mode de financement
permanent : pour chaque projet d'ingénierie obtenu à la Ville de
Montréal, un montant équivalant à 3% sera prélevé pour renflouer la
caisse électorale du parti.
Ces sommes étaient remises au bureau de Bernard Trépanier, enfouies dans une valise ou encore une enveloppe.
Accommodants avec les extras
Plus tôt, M. Lalonde avait indiqué être conscient du stratagème de
collusion auquel prenaient part certains entrepreneurs, et de
l'existence de fonctionnaires corrompus. Mais «jamais il n'y a eu de
compromis sur la qualité», a-t-il assuré avec vigueur.
Le tout se déroulait dans un esprit de partenariat» avec
l'entrepreneur. Si tout se passait bien, «on avait une ouverture
d'esprit pour être plus accommodants envers les entrepreneurs», a
expliqué M. Lalonde.
Les entreprises demandaient le paiement de certains extras, et ces
derniers étaient examinés par les firmes privées d'ingénieurs avec «une
ouverture d'esprit positive».
«On était toujours à l'intérieur de l'enveloppe et les travaux
étaient bien faits», a néanmoins plaidé M. Lalonde, lorsque questionné
sur un possible laxisme de la part de la Ville qui laissait toute la
gestion des enveloppes budgétaires de certains contrats à des firmes de
génie privées.
En tout début de témoignage, Michel Lalonde avait apporté son
éclairage sur le partage du territoire entre les différentes firmes.
«Chacun avait naturellement établi son réseau avec les anciennes
municipalités avant les fusions», ce que les firmes ont tenté de
perpétuer par la suite. Mais la création de l'escouade Marteau a mis fin
à la situation, a raconté Michel Lalonde.
De nos jours, entre 10 et 15 firmes se partagent les contrats à la Ville de Montréal, selon M. Lalonde.
Michel Lalonde avait agi comme dénonciateur auprès de
l'escouade Marteau dans le dossier du Faubourg Contrecœur !
Et son ami,Claude Millaire, lui participait à
certains comités de sélection du MTQ, chargés d'octroyer les contrats
publics au niveau provincial.Cela prouve que le Ministère "MTQ" est vraiment pourri jusqu'a l'os ! A quand une commission sur le MTQ ?$?
REF.: