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57 médecins millionnaires,mais pas toujours ceux qui le mérite et qui sauve des vies
Le nombre de médecins millionnaires ne cesse de grandir au Québec. Pour la deuxième année de suite, le nombre de médecins qui ont touché plus d’un million a doublé dans la province.À LIRE ÉGALEMENT: VOTRE OPINION : |
La très grande majorité de ces médecins sont des radiologistes. Dans leur cas, il faut calculer environ 70 % de leur salaire qui se retrouve en frais de cabinet (pour les autres médecins, ces frais sont en moyenne de 35 %). Malgré tout, quand on enlève les frais de cabinet, on compte encore 30 médecins millionnaires.
Parmi les 590 radiologistes du Québec, pas moins de 261 ont touché plus de 500 000 $. Dans ce groupe restreint, la moyenne salariale est de 745 296 $. En comparaison, la moyenne salariale de tous les médecins, y compris ceux qui travaillent à temps partiel, était de 195 896 $.
Trop payés ?
Le président de l’Association des radiologistes du Québec, Dr Frédéric Desjardins, reconnaît que ses membres touchent de bons salaires, mais il les défend.
« J’ai peut-être 100 radiologistes qui sont des hyperactifs. Ils ont travaillé pour (avoir leur salaire) », soutient-il.
Si le nombre de millionnaires ne cesse de progresser, c’est notamment en raison des hausses négociées avec le gouvernement en 2007 par la Fédération des médecins spécialistes. Depuis, les salaires ont pu augmenter d’environ 20 à 25 % pour ses membres.
« Est-ce trop payé ? C’est un jugement facile. Je suis convaincu que plein de spécialistes feraient plein d’argent eux aussi s’ils pouvaient le faire », soutient-il.
Le Dr Desjardins donne en exemple les chirurgiens qui sont souvent limités à une journée d’opération par semaine à cause du manque de personnel ou de salles d’opération. Cela a un impact sur leur salaire.
Accentué par la pénurie
Les radiologistes, eux, ont plus facilement accès aux plateaux techniques. Il n’est pas rare qu’ils puissent travailler entre 16 heures et 22 heures, ce qui n’est pas le cas de bien des chirurgiens.
Comme ils sont payés à l’acte, ils peuvent multiplier les examens et ainsi faire un salaire dépassant le million. Selon lui, tout ça est favorisé par la pénurie de radiologistes et le fait que le ministère de la Santé ne veut pas de listes d’attente trop longues pour les examens.
Les radiologistes sont vraiment dans un groupe à part puisqu’ils représentent plus du tiers des médecins qui gagnent un demimillion $ et plus. Ils sont suivis des ophtalmologistes qui sont 102 à toucher autant.
À l’opposé, 1 818 médecins ont facturé moins de 25 000 $ à la RAMQ. Il s’agit souvent de médecins qui ont pris leur retraite en cours d’année, qui ont eu un enfant ou qui remplissent uniquement des mandats très précis.
Du côté des médecins de famille, on n’en trouve aucun qui a fait plus d’un million. Une quarantaine sont tout de même parvenus à franchir la barre du demi-million $.
«Ce n’est pas juste» — Dr Paul Saba
La rémunération très élevée des radiologistes fait réagir d’autres médecins qui prônent une meilleure répartition des salaires.
C’est le cas du Dr Paul Saba de la Coalition des médecins pour la justice sociale. « Si vous avez le choix de gagner 150 000 $ ou un million $, même si vous n’êtes pas quelqu’un qui pense juste à l’argent, vous allez y penser deux fois. Ce n’est pas juste », dénonce-t-il.
Selon lui, il faudrait rééquilibrer la distribution de la rémunération entre les médecins. Il estime que les médecins de famille sont trop souvent laissés pour contre.
« Le problème dans notre système, c’est que les gens qui font beaucoup de procédures, d’examens techniques comme des scans sont beaucoup plus rémunérés que le médecin qui prend du temps avec une personne âgée », déplore-t-il.
Radiologistes avantagés
Tout en respectant le caractère essentiel du travail de ses collègues radiologistes, il estime qu’ils ont un avantage très important par rapport aux autres médecins. « On est payés pour les visites au chevet 30 $, mais il faut se déplacer. On n’est pas payés pour des réponses au téléphone. Un radiologiste, lui, peut avoir une image envoyée par Internet », soutient-il.
Conscient que les ressources financières de l’État ne sont pas sans fond, il croit qu’il faut mieux répartir les sommes pour les services médicaux effectués par les médecins.
Il croit aussi qu’on peut augmenter la rémunération des médecins en récupérant des sommes ailleurs. Il donne en exemple la prescription plus importante de médicaments génériques qui permettrait d’économiser beaucoup d’argent au Ministère.
En 2009, la moyenne de rémunération des omnipraticiens était de 196 786 $ contre 294 331 $ pour les médecins spécialistes.
Les spécialistes les mieux payés
Radiologie diagnostique: 494 229 $
Chirurgie cardiaque: 430 341 $
Ophtalmologie: 410 804 $
Urologie: 354 827 $
Anesthésiologie: 346 236 $
Source: RAMQ, SM.25, rémunération moyenne, 2009