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dimanche 4 janvier 2015

NSA: De la surveillance de masse à la paranoïa généralisée




Il y aura un avant et un après Snowden. Avant, ceux qui dénonçaient la montée en puissance de la société de surveillance passaient pour de doux paranoïaques (alors que les paranos, c'était pas eux, mais la NSA, ce que Snowden a amplement démontré).
Depuis, tout le monde ou presque est persuadé d'être espionné par la NSA, ou encore que la DGSE espionnerait toutes les télécommunications, en France... ce dont je me permets de douter : la NSA ou la DGSE (& Cie) ont certes les moyens de tenter d'espionner n'importe qui, mais les documents Snowden ne permettent aucunement de conclure qu'ils espionneraient tout le monde, a fortiori tout le temps, façon "Big Brother".
C'est ce que j'avais tenter d'exposer, en juin dernier, lors d'une conférence à Pas Sage En Seine (PSES), De la surveillance de masse à la paranoïa généralisée (vidéo), que l'association de défense et de promotion des logiciels libres APRIL m'a récemment fait l'honneur de retranscrire (un travail de titan, <3 :="" p="">
"Non, la NSA, le GCHQ ou la DGSE, Google, Facebook, Microsoft & Cie ne sont pas Big Brother, et ils n'espionnent pas tout le monde tout le temps.
Et notre boulot, aujourd'hui, est aussi de comprendre et d'expliquer ce qu'ils font exactement, plutôt que d'entretenir le #FUD ambiant."
"Fear, Uncertainty and Doubt" (FUD) : Peur, Incertitude et Doute

Alors que la Library of Congress vient de publier une étude de droit comparé reprenant l'article du Monde qui affirmait que la DGSE collecte systématiquement les méta-données de toutes les communications téléphoniques et électroniques, en France, il m'a semblé important, à l'heure des bilans de fin d'année, de reprendre sur ce blog cette conférence résumant ce que m'ont appris les factchecks que j'ai fait de plusieurs des "révélations" du Monde à ce sujet :
La DGSE a le « droit » d’espionner ton Wi-Fi, ton GSM et ton GPS aussi mais non, rien n'indique qu'elle collecte "systématiquement les signaux électromagnétiques émis par les ordinateurs ou les téléphones en France";
La NSA n’espionne pas tant la France que ça : non, la NSA n'a pas espionné 70M de communications téléphoniques de Français; il s'agissait de 70M de méta-données captées par la DGSE à l'étranger, et partagées avec la NSA;
DGSE/Orange : joue-là comme SuperDupont (#oupas) : pourquoi je doute qu'Orange soit le partenaire "non identifié" de la DGSE et du GCHQ mentionné dans un document Snowden;
Cher Edward Snowden, il ne faut pas croire tout "Le Monde" (réservé aux abonnés d'Arrêt sur images) : de fait, il ne s'agit pas d'Orange, mais de QOSMOS, leader mondial (et français) de l'analyse des protocoles et de l'extraction des méta-données.

De la surveillance de masse à la paranoïa généralisée

- See more at: http://bugbrother.blog.lemonde.fr/2015/01/03/de-la-surveillance-de-masse-a-la-paranoia-generalisee/#sthash.n0aIr5Ib.dpuf
Il y aura un avant et un après Snowden. Avant, ceux qui dénonçaient la montée en puissance de la société de surveillance passaient pour de doux paranoïaques (alors que les paranos, c'était pas eux, mais la NSA, ce que Snowden a amplement démontré).
Depuis, tout le monde ou presque est persuadé d'être espionné par la NSA, ou encore que la DGSE espionnerait toutes les télécommunications, en France... ce dont je me permets de douter : la NSA ou la DGSE (& Cie) ont certes les moyens de tenter d'espionner n'importe qui, mais les documents Snowden ne permettent aucunement de conclure qu'ils espionneraient tout le monde, a fortiori tout le temps, façon "Big Brother".
C'est ce que j'avais tenter d'exposer, en juin dernier, lors d'une conférence à Pas Sage En Seine (PSES), De la surveillance de masse à la paranoïa généralisée (vidéo), que l'association de défense et de promotion des logiciels libres APRIL m'a récemment fait l'honneur de retranscrire (un travail de titan, <3 :="" p="">
"Non, la NSA, le GCHQ ou la DGSE, Google, Facebook, Microsoft & Cie ne sont pas Big Brother, et ils n'espionnent pas tout le monde tout le temps.
Et notre boulot, aujourd'hui, est aussi de comprendre et d'expliquer ce qu'ils font exactement, plutôt que d'entretenir le #FUD ambiant."
"Fear, Uncertainty and Doubt" (FUD) : Peur, Incertitude et Doute

Alors que la Library of Congress vient de publier une étude de droit comparé reprenant l'article du Monde qui affirmait que la DGSE collecte systématiquement les méta-données de toutes les communications téléphoniques et électroniques, en France, il m'a semblé important, à l'heure des bilans de fin d'année, de reprendre sur ce blog cette conférence résumant ce que m'ont appris les factchecks que j'ai fait de plusieurs des "révélations" du Monde à ce sujet :
La DGSE a le « droit » d’espionner ton Wi-Fi, ton GSM et ton GPS aussi mais non, rien n'indique qu'elle collecte "systématiquement les signaux électromagnétiques émis par les ordinateurs ou les téléphones en France";
La NSA n’espionne pas tant la France que ça : non, la NSA n'a pas espionné 70M de communications téléphoniques de Français; il s'agissait de 70M de méta-données captées par la DGSE à l'étranger, et partagées avec la NSA;
DGSE/Orange : joue-là comme SuperDupont (#oupas) : pourquoi je doute qu'Orange soit le partenaire "non identifié" de la DGSE et du GCHQ mentionné dans un document Snowden;
Cher Edward Snowden, il ne faut pas croire tout "Le Monde" (réservé aux abonnés d'Arrêt sur images) : de fait, il ne s'agit pas d'Orange, mais de QOSMOS, leader mondial (et français) de l'analyse des protocoles et de l'extraction des méta-données.

De la surveillance de masse à la paranoïa généralisée

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Il y aura un avant et un après Snowden. Avant, ceux qui dénonçaient la montée en puissance de la société de surveillance passaient pour de doux paranoïaques (alors que les paranos, c'était pas eux, mais la NSA, ce que Snowden a amplement démontré).
Depuis, tout le monde ou presque est persuadé d'être espionné par la NSA, ou encore que la DGSE espionnerait toutes les télécommunications, en France... ce dont je me permets de douter : la NSA ou la DGSE (& Cie) ont certes les moyens de tenter d'espionner n'importe qui, mais les documents Snowden ne permettent aucunement de conclure qu'ils espionneraient tout le monde, a fortiori tout le temps, façon "Big Brother".
C'est ce que j'avais tenter d'exposer, en juin dernier, lors d'une conférence à Pas Sage En Seine (PSES), De la surveillance de masse à la paranoïa généralisée (vidéo), que l'association de défense et de promotion des logiciels libres APRIL m'a récemment fait l'honneur de retranscrire (un travail de titan, <3 :="" p="">
"Non, la NSA, le GCHQ ou la DGSE, Google, Facebook, Microsoft & Cie ne sont pas Big Brother, et ils n'espionnent pas tout le monde tout le temps.
Et notre boulot, aujourd'hui, est aussi de comprendre et d'expliquer ce qu'ils font exactement, plutôt que d'entretenir le #FUD ambiant."
"Fear, Uncertainty and Doubt" (FUD) : Peur, Incertitude et Doute
Alors que la Library of Congress vient de publier une étude de droit comparé reprenant l'article du Monde qui affirmait que la DGSE collecte systématiquement les méta-données de toutes les communications téléphoniques et électroniques, en France, il m'a semblé important, à l'heure des bilans de fin d'année, de reprendre sur ce blog cette conférence résumant ce que m'ont appris les factchecks que j'ai fait de plusieurs des "révélations" du Monde à ce sujet :
La DGSE a le « droit » d’espionner ton Wi-Fi, ton GSM et ton GPS aussi mais non, rien n'indique qu'elle collecte "systématiquement les signaux électromagnétiques émis par les ordinateurs ou les téléphones en France";
La NSA n’espionne pas tant la France que ça : non, la NSA n'a pas espionné 70M de communications téléphoniques de Français; il s'agissait de 70M de méta-données captées par la DGSE à l'étranger, et partagées avec la NSA;
DGSE/Orange : joue-là comme SuperDupont (#oupas) : pourquoi je doute qu'Orange soit le partenaire "non identifié" de la DGSE et du GCHQ mentionné dans un document Snowden;
Cher Edward Snowden, il ne faut pas croire tout "Le Monde" (réservé aux abonnés d'Arrêt sur images) : de fait, il ne s'agit pas d'Orange, mais de QOSMOS, leader mondial (et français) de l'analyse des protocoles et de l'extraction des méta-données.

De la surveillance de masse à la paranoïa généralisée

Vous pouvez lancer la vidéo de la conférence et l'écouter comme une émission radio (vous pouvez aussi en retrouver les slides là), ou encore lire la version résumée que j'ai faite de la (longue) retranscription faite par APRIL :
Avant j'avais deux problèmes : c'était, faire comprendre aux gens ce que c’était que la société de surveillance, sans être traité de parano ; et ce n'était pas facile.
Avec les révélations Snowden, mon problème a un petit peu changé : c'est arriver à faire comprendre ce que c'est que la société de surveillance à des paranos. C'est-à-dire que le problème auquel je suis confronté c'est qu'avant, les gens comme moi, qui s’intéressaient à ces histoires-là, était facilement brocardées comme paranos. Le problème, aujourd'hui, c'est que tout le monde est devenu parano. C'est ce que je vais essayer de vous montrer et ce pourquoi ça me semble dangereux, ou problématique en tout cas, de passer de la société de la surveillance à la société de paranoïa.
Pour ceux qui ne me connaissent pas (cf ma fiche sur WikiPedia), ça fait une dizaine d'années que je travaille sur ces questions de technologies de surveillance, de protection des libertés, de vie privée, etc., aux sujets desquelles j'ai consacré des centaines d'articles (et d'interview), plus deux bouquins (La vie privée, un problème de vieux cons ?, et Au pays de Candy - enquête sur les marchands d'armes de surveillance numérique).
J'ai aussi bossé avec WikiLeaks sur les Spy Files, ces marchands d'armes de surveillance numérique qui se réunissent tous les trois mois un peu partout dans le monde dans un salon dont l'entrée est interdite aux journalistes, car réservée aux marchands d'armes et aux services de renseignement, aux flics et aux militaires, et plus particulièrement sur Amésys, cette PME française qui avait conçu un système de surveillance massive de l'Internet à la demande du beau-frère de Kadhafi (voir Barbouzeries au pays de Candy).
En 2007, j'étais journaliste au monde.fr, et il y a eu le scandale autour du fichier Edvige en France. C'était un fichier de renseignements qui autorisait les services de renseignement à ficher les mœurs sexuelles, les opinions philosophiques, politiques, des gens à partir de l’âge de treize ans. Il y a eu des manifestations dans la rue, des hommes politiques qui sont montés au créneau, qui ont protesté contre cette société de surveillance, en tout cas cette volonté de ficher les gens. Lemonde.fr m'a dit  « Écoute tes trucs, là, la surveillance, les fichiers policiers, etc, jusqu'à présent ça n'intéressait que les droit-de-l'hommiste, là visiblement ça commence à intéresser les gens, donc fais-nous un blog là-dessus ».
Et donc j'ai créé ''Bug Brother'', où j'ai essayé de suivre un petit peu l'actualité de ces technos et où, en même temps, je sais que jusqu'à l’année dernière il y a des gens, même y compris à la rédaction du Monde qui disaient  « Ouais mais Manach il est un peu parano quand même ». Ce à quoi, moi, ça fait des années je répondais  « Mais ce n'est pas moi le parano. Le parano ce sont des gens comme les clients d'Amésys qui veulent surveiller l'intégralité de leur population ».
Amésys c'est cette boîte française qui a développé un système de surveillance de l'Internet à la demande d'Abdallah Senoussi, qui était le beau-frère de Kadhafi, accessoirement un terroriste, recherché par la justice française. Les paranos, c’est la NSA qui veut surveiller tout, ou en tout cas être capables de tout surveiller.
Moi je ne suis pas parano : je suis journaliste, j'essaye de comprendre comment ça fonctionne. Le problème c'est que maintenant, je suis à peu près persuadé que si on fait un sondage dans la rue  « Est-ce que vous êtes espionné par la NSA ? », la majeure partie des gens vont dire oui. Ce qui est complètement faux : la NSA (entre autres services de renseignement) a autre chose à faire que d'"espionner" l'intégralité de la population... même si elle cherche, de fait et hélas, à surveiller toutes nos télécommunications.
Pour en revenir aux révélations Snowden, je pense que la façon dont a été révélée l'existence de PRISM, présenté comme un des systèmes les plus utilisés par la NSA a, paradoxalement, fait beaucoup de mal à la compréhension de comment fonctionne la NSA, et de comment fonctionnent les systèmes de surveillance, avec des slides qui montraient que, en fait, l'essentiel du trafic sur Internet passe par les États-Unis. Et donc c'est plus simple pour la NSA de surveiller ce qui passe par leur territoire. Et puis surtout, ça a eu énormément de succès, parce qu'on avait la date et les logos de Gmail, Facebook & Cie.
Prism_slide_2






Sauf qu'un des gros problèmes des révélations Snowden, c'est qu'il s'agit d'un gigantesque puzzle dont Glenn Greenwald ne nous en dévoilait que quelques pièces, par à-coups, et qu'il est très difficile d'arriver à comprendre ce que révèle un puzzle quand on en voit que quelques pièces.
En l'espèce, et pour ce qui est de PRISM, on a donc découvert depuis qu'il ne s'agissait pas d'un système donnant à la NSA un accès direct aux serveurs de Google, Facebook & Cie, lui permettant de faire ce qu'elle voulait des données de leurs abonnés, mais de l'acronyme utilisé par la NSA pour désigner le fait de demander au FBI d'aller demander à Google, Microsoft ou Facebook d'accéder aux données de certains de leurs abonnés...
Donc quand on a eu Google, Facebook, Microsoft qui disaient  « Mais nous on n'était pas au courant ! On n'était pas au courant qu'on travaillait comme ça avec la NSA ! », ben c'était vrai, ils n'étaient pas au courant parce qu'ils répondaient à des sollicitations du FBI, et qu'ils ne savaient pas que c'était in fine pour la NSA.
Google puis Microsoft ont demandé à la justice américaine d'avoir le droit de dire combien de personnes ont été concernées par l'utilisation de PRISM, et grosso modo, c'est entre 0 et 1000 demandes, concernant entre 2000 et 12 999 comptes chez Google, et moins de 16 999 comptes chez Microsoft, par semestre. Comparez 1 000 ces chiffres avec le nombre d'utilisateurs des services proposés par Google et Microsoft : ce n'est pas vraiment du "massif", au sens où la NSA espionnerait absolument tout le monde. Non, c'est de la surveillance ciblée.
EMBWlbpÇa fait quelques années que Google avait entamé ce qu'il appelle les ''transparency reports'', à savoir le fait de publier, régulièrement, le nombre de demandes d'accès à des données qu'ils ont reçues de la part de tels ou tels pays, et le nombre de demandes auxquelles Google a refusé de leur confier les données. Suite à ça, Twitter, Facebook, Microsoft ont eux aussi, suite aux révélations Snowden, commencé à publier leurs propres ''transparency reports'', et si on regarde la liste du nombre de total de requêtes qui ont été faites de 2009 à 2012, en France, on en est à moins de 40 000...
Sachant, bien évidemment, qu'il y en a certaines qui portent sur un seul et même individu, et sur le compte Facebook, Tweeter et Google de ce même individu. Donc ce n'est probablement pas 40 000 personnes, c'est probablement moins, en l'espace de trois, quatre ans. Ça c'est pour les demandes d'entraide judiciaire légales, qui passent par les circuits légaux.
Un autre truc qui m'a fait bizarre, quand Vodafone a sorti son « transparency report », assez impressionnant, où il révélait qu'il collaborait avec les autorités de 28 pays, dont certains bénéficiant d'un accès direct à leurs serveurs. J'avais vu sur Twitter des gens crier aux loup : « Regardez, la France est dans la liste des 28 pays, on est espionné par la NSA !!! ».
Or, quand on regarde dans le rapport, il y a eu trois demandes qui ont été faites concernant la France à Vodafone ! En comparaison ce sont des dizaines, voire des centaines de milliers, à Malte ou en Italie. C'est comme si les gens avaient une sorte de prescience  « Ah, ouais on est espionné, on veut être espionné ». Une sorte de fantasme, comme ça, qui fait que la NSA ça existe. Ce serait quand même injuste quelle ne m’espionne pas moi !
Ensuite on a eu le #Fail en Une du Monde sur la DGSE, avec ses « Révélations sur le Big Brother français » qui expliquaient que la DGSE intercepte et espionne l'intégralité des communications, mails, SMS, fax, comptes Twitter en France. Le scoop citait un des articles de mon blog, Frenchelon: la DGSE est en « 1ère division ».
Bernard Barbier, qui était le directeur technique de la DGSE jusqu'à il y a quelques mois, y révélait, entre autres choses, que la DGSE surveillait les réseaux grands publics et enregistrait tous les mots de passe pour, notamment, pouvoir identifier le gentil étudiant en chimie le jour, qui, le soir, devient un terroriste djihadiste, mais qui utilise le même mot de passe...
L'article du Monde mentionnait le mien, mais les journalistes ne m'avaient pas contacté pour me demander ce que je pensais de leurs "révélations". Et moi, le fait que la DGSE espionne absolument toutes les télécommunications en temps réel et en tous temps, en France, ça me semblait quand même un peu bizarre.
Donc j'ai creusé, j'ai interrogé un certain nombre d'acteurs qui sont au cœur des réseaux, et tous sont arrivés à la conclusion que si la DGSE est capable d'espionner ce qu'elle veut, par contre, elle n'est pas en mesure d'espionner absolument tout, en temps réel, ni de tout archiver ; non seulement elle n'a pas le droit de le faire, mais en plus ça se verrait.
Parce que vu l'architecture décentralisée des réseaux, en France, pour arriver à ce qu'on intercepte tout le trafic Internet il faudrait placer des boîtes noires sur tous les DSLAMs. Or, il y a beaucoup de DSLAMs, ça coûterait beaucoup d'argent et ça finirait forcément par se voir.
Ensuite on a eu le #fail concernant la NSA. Tout est parti d'un article du Spiegel cosigné par Laura Poitras, la journaliste qui travaille sur les révélations Snowden avec Greenwald, qui révélait que les services de renseignement allemands avaient partagé avec la NSA des dizaines de millions de méta-données qu'elle avait capté à l'étranger.
En guise de preuve, Laura Poitras publiait une capture d'écran de Boundless Informant, un des systèmes de visualisation de données utilisé par les analystes de la NSA, montrant combien de métadonnées Internet et téléphoniques avaient été collectées.
Problème. En octobre, Le Monde fait sa Une sur des « Révélations sur l’espionnage de la France par la NSA américaine », basées sur ce même type de capture d'écran, révélant que la NSA a espionné 70M de communications téléphoniques en France.
Peter Koop, un Hollandais dont le blog ''electrospaces'' est probablement un de ceux qui décrypte le plus et le mieux les documents Snowden, a remonté la piste et conclue qu'il ne s'agissait pas de conversations téléphoniques espionnées en France, mais bien de méta-données interceptées par les services français, à l'étranger, et partagées avec la NSA...
Finalement, une semaine après, Le Monde a reconnu, à mots couverts, qu'il ne s'agissait pas de communications téléphoniques espionnées par la NSA en France, mais bien des données espionnées à l'étranger par la DGSE et confiées à la NSA. mais le mal était fait, très peu de gens ayant entendu parler de cette mise à jour. Le problème c'est que ça laisse des traces sur la durée et que ça brouille l'écoute, si je puis me permettre.
Ensuite, il y au le #fail sur Orange et le GCHQ, qui est un peu l'équivalent de la NSA en Grande Bretagne, et qui serait d'après Snowden encore plus puissante que la NSA, non seulement parce qu'il y a plein de câbles de télécommunications sous-marins qui atterrissent en Grande Bretagne et que, apparemment, ils sont très forts dans l'interception massive de ces câbles-là, mais également parce que les lois, le cadre juridique réglementaire en Grande Bretagne fait qu'il est plus simple d'attenter à la vie privée, de faire des opérations d'espionnage que ça ne l'est aux États-Unis.
Donc Le Monde, toujours une Une, révélait « Comment Orange et les services secrets coopèrent ». Evoquant des "relations incestueuses" entre France Télécom et la DGSE, Le Monde avançait également que les services de renseignement français autorisaient également leurs homologues britanniques à accéder aux données des clients français d'Orange...
Les révélations du Monde se basaient sur un document Snowden mentionné dans un article du ''Gardian'' en octobre dernier, et qui révélait que la DGSE avait mis le GCHQ en contact avec une entreprise française de télécommunications, partenaire privilégié de la DGSE. Mais ce que je n'ai pas compris, c'est pourquoi l'article disait les services britanniques ont accès aux données des clients français d'Orange. Pourquoi ce serait les clients français ?
Je me mets à la place du GCHQ. Un des gros avantages d'Orange c'est qu'il contrôle 20 % des câbles de fibre optique dans le monde. 20 % c'est énorme ! Le GCHQ, un de ses gros boulots, c'est d'espionner les fibres optiques. Donc ce qui intéresse probablement le GCHQ, c'est probablement les câbles sous-marins. Ce qui intéresse également le GCHQ c'est probablement le fait qu'Orange a une centaine de filiales à l'étranger, dont un certain nombre dans des pays du Golfe, dans des pays africains où il y a la guerre, le Mali, le Niger.
Mais ça, le papier du Monde n’en parle pas. Il ne parle pas des 20 % de câbles de fibre optique, il ne parle pas des filiales à l'étranger. Il ne parle uniquement que des clients français d'Orange. Pourquoi ? Moi je suis journaliste, en termes de probabilités, ce qui intéresse le GCHQ c'est plus les câbles de fibre optique et puis le Mali que les communications téléphoniques à Romorantin.
Qu'est-ce qu'il en a à foutre des communications téléphoniques à Romorantin ou à Marseille, le GCHQ ? Pourquoi il ferait du massif en France ? Et pourquoi la DGSE autoriserait un service de renseignement étranger à faire du massif en France ? Nonobstant le fait qu'un bon nombre de ministères, dont celui de la Défense, qui est-ce qu'ils payent pour passer leurs appels téléphoniques ou pour utiliser Internet ? C'est Orange. Ce serait bizarre que la DGSE accepte qu'un service de renseignement étranger espionne des ministères français...
Je suis blogueur au Monde. Systématiquement, j'en ai référé à ma hiérarchie, qui n'a pas voulu rendre compte de mes factchecks sur le journal papier, me laissant les publier sur mon blog. En attendant, les lecteurs du Monde papier, eux, ne savent pas qu'ils ont été induits en erreur, pas plus que tous les médias qui ont repris, en France et à l'étranger, ces "révélations"...
En attendant, un autre truc que j'ai découvert en enquêtant sur ces histoires, c'est le programme National Insider Threat Task Force, créé pour identifier et neutraliser la "menace intérieure", et donc aussi les lanceurs d'alerte. Il faut savoir qu'il n'y a jamais eu autant de whistleblowers poursuivis par la justice américaine, et même incarcérés, que sous Obama. L'Espionage Act de 1914, avait été utilisé trois fois jusqu'à Obama. Depuis qu'Obama est là je crois qu'on en est à la sixième ou septième fois.
Il y a une véritable chasse aux sorcières qui a été lancée, et ce programme-là incite les fonctionnaires américains à surveiller leurs collègues, et si il y en a un qui commence à devenir un peu alcoolique, qui commence à devenir dépressif, qui vient de divorcer, qui va voir de la famille à l'étranger, qui arrive tard, qui a des problème d'argent, il faut impérativement le dénoncer tout de suite aux fonctionnaires de sécurité du ministère, parce qu'il pourrait devenir un whistleblower ou un espion.
J'ai ainsi trouvé des manuels de détection des espions sur les sites du ministère de l'Agriculture et de l’Éducation nationale, en mode « 101 moyens de reconnaître les espions ». Vous imaginez en France, des autorités qui demanderaient aux profs d'espionner leurs collègues et de rapporter tout comportement déviant à la hiérarchie, parce qu'il pourrait devenir un espion ?...
Pourquoi je vous parle de ça ? Parce que oui, on est vraiment passé à quelque chose de l'ordre de la paranoïa. L'administration américaine est passée en mode paranoïaque, depuis le 11 septembre 2001, depuis WikiLeaks aussi, ce qui pourrait aussi expliquer pourquoi ils ont décidé de tout surveiller.
Un autre truc que j'ai découvert, qui a été beaucoup moins médiatisé que les soixante-dix millions de communications téléphoniques soi-disant interceptées par la NSA, c'est la théorie des ''Three Hops'', qui constitue un très bon argument pour clouer le bec à tous ceux qui nous répondent, depuis des années  « Oui mais moi je n'ai rien à me reprocher, donc je n'ai rien à cacher ».
La NSA, quand elle s'intéresse à une cible, va ainsi s'intéresser également à tous les gens qui sont en contact avec elle, plus tous les gens qui sont en contact avec ceux qui sont en contact avec elle, etc, à trois niveaux. Ce qui fait que le frère du voisin de la femme du chauffeur d'Angela Merkel peut être espionné par la NSA, quand bien même il n'a strictement rien à se reprocher, rien à cacher et qu'il n'a aucun secret d’État.
Donc la question n'est pas de savoir si on a quelque chose à se reprocher ; la question c'est de savoir est-ce qu'on connaît quelqu'un qui connaît quelqu'un qui connaît quelqu'un ? Et comme on sait que sur Facebook, sur Twitter, on est tous à quatre niveaux de séparation des autres, entre quatre et cinq niveaux de séparation des autres, oui, virtuellement, les États-Unis se donnent le droit d'espionner un petit peu tout le monde. (voir Le .gif qui révèle la paranoïa de la NSA, et pourquoi elle espionne aussi vos parents & amis)
jcYgBLN






Par ailleurs, les États-Unis ont une technique pour arriver à savoir s'ils ont le droit ou pas de s'intéresser à tel internaute : la théorie des 51 % de probabilités. S'il y a 51 % de probabilités que vous soyez Américain, on ne s'intéresse pas à vous. Mais si 51 % de probabilités que vous soyez un étranger, ils s'octroient le droit d'analyser vos datas, parce que, quand un paquet d'informations transite sur IP, eh bien il n'y a pas sa nationalité dessus. Donc ils ont cette théorie des 51 %. Donc là ce que disait l'ACLU, c'est que si vous avez 40 contacts, virtuellement ça fait 2,5 millions de personnes qui peuvent être espionnées pour vous, pour vous surveiller vous.


 
Un autre truc qui me semble intéressant, quand même, avec cette histoire de paranoïa généralisée, c'est qu'en fait on n'a pas à être si paranoïaque que ça non plus. Greenwald, toutes les semaines, publie un nouveau document Snowden. Donc ça que veut dire que son ordinateur, l'endroit où les documents Snowden ont été stockés, n'ont pas été piratés par la CIA, la NSA, le GCHQ, le FSB, la DGSE, des méchants pirates, que sais-je...
Ça veut dire qu'il est tout à fait possible, même et y compris pour quelqu'un comme Greenwald qui ne comprenait rien à la sécurité informatique jusqu'à l'année dernière, d'arriver à sécuriser son ordinateur et d'arriver à sécuriser ses communications. C'est tout à fait possible ; il en est la preuve vivante.
Par ailleurs, la majeure partie des gens qui travaillent pour les services de renseignement sont des fonctionnaires à qui on demande de faire un boulot, et qui ne sont pas au courant de ce que font les autres. Les employés de la NSA ont probablement appris beaucoup plus sur la NSA grâce à Snowden qu'ils n'en savaient en étant à l'intérieur de la NSA. C'est le principe de cloisonnement dans les services de renseignement.
Il ne faut pas non plus forcément leur prêter de mauvaises intentions : la majeure partie des gens à la NSA, à la DGSE, leur cible c'est Al-Qaïda, c'est ce qui se passe en ce moment en Libye, c'est ce qui se passe en ce moment en Syrie, c'est ce qui se passe au Mali, c'est ce qui se passe au Niger, pas ce qui se passe à Romorantin, à Paris ou à Numa.
Il y a à près deux mille personnes à la direction technique à la DGSE, vu l'ampleur de la guerre au terrorisme, etc, il y en a combien d'après vous qui sont en train d'espionner les gens qui sont ici ? Est-ce que ça fait partie de leurs attributions ? Non. En plus la DGSE, sa mission c'est d’espionner à l'étranger : la DGSE est, comme son nom l'indique, un service de renseignement extérieur. C'est la DGSI, l'ancienne DCRI, en charge du contre-espionnage intérieur qui, effectivement, peut surveiller des gens en France.
Accessoirement, et c’est aussi un truc qui m'énerve, c'est l'expression "Big Brother" : j'en ai marre d'entendre "Big Brother être mis à toutes les sauces : un jour, c'est Google qui est "Big Brother", le lendemain c'est Facebook, le surlendemain les péages et les radars automobiles, la NSA ou l'assurance maladie... Stop.
A force de mettre "Big Brother" à toutes les sauces, l'expression ne veut plus rien dire, et ne permet plus du tout de comprendre ce pourquoi Google, Facebook, les radars automatiques ou la NSA peuvent poser problème -nonobstant le fait que les problèmes qu'ils posent n'ont généralement rien à voir.
Pour en revenir au sujet qui nous préoccupe, la NSA n'est pas une police de la pensée. Obama n'est pas Hitler, ni Staline. Il faut arrêter avec ce truc-là. Hitler, Staline sont des gens qui tuaient les dissidents. Si vous êtes un dissident aux États-Unis, vous n’êtes pas tué. Certes Laura Poitras vit en exil à Berlin, Jacob Appelbaum vit en exil à Berlin, il y a un certain nombre de personnes qui ont des soucis avec des autorités américaines, mais ce n'est pas comparable avec Big Brother qui était un dictateur.
Ce vers quoi on va c'est beaucoup plus Minority Report. À savoir un monde où il y aura tellement de machines interconnectées et de plus en plus de machines qui vont décider à la place d’êtres humains et où, à des moments, il y a des machines qui vont vous dire non. Et en fait Minority Report ça a déjà commencé. J'avais fait un papier là-dessus, sur ceux que l'on surnomme les « doigts brûlés » de Calais.
À Calais, 25 % des réfugiés se brûlent les doigts pour effacer les empreintes digitales, parce que si les flics les chopent et qu'ils passent leurs empreintes digitales au fichier des empreintes digitales, EuroDac, européen, ils vont être renvoyés en Italie ou en Grèce, là où ils ont été fichés. Or comme leur objectif c'est d'aller en Grande Bretagne, ils n'ont pas envie de se retaper le périple depuis la Grèce ou depuis l’Italie. Donc le seul moyen pour ne pas être renvoyés là-bas, c'est d'effacer leurs empreintes digitales.
Donc Minority Report ça a commencé, c'est maintenant, il y a déjà des gens qui se mutilent pour échapper à des systèmes de fichage utilisant des ordinateurs, sauf que, comme ce sont des réfugiés, sans papiers, à Calais, grosso modo la lie de l’humanité, personne n'en parle.
J'avais participé à une émission il n'y a pas très longtemps avec Alain Bauer, qui était le monsieur insécurité, le monsieur vidéo surveillance sous Nicolas Sarkozy, et non seulement il a reconnu que la quasi totalité des systèmes de vidéo surveillance en France ont été installés n’importe comment. C'était intéressant que ce soit monsieur Alain Bauer qui me dise ça. Et quand j'ai dit  « Mais de toutes façons le problème ce n'est pas Big Brother, c'est Minority Report », lui et le président de l'association des villes vidéosurveillées m'ont répondu que « c'est vrai, on va vers Minority Report »...
Pourquoi j'ai fait cette conférence-là sur la paranoïa ? Parce que je déplore le fait de voir de plus en plus de mes contemporains verser dans la paranoïa, alors qu'on n'a vraiment pas besoin de ça. Pour arriver à mesurer un problème il faut être conscient de ce problème et donc il faut être droit sur pattes, et savoir de quoi on parle, et ne pas raconter n’importe quoi. Le pire est à venir.
Là ce qu'on a vu avec Snowden c'est de la roupie de sansonnet par rapport à ce qui va se passer dans vingt ans. Parce que la NSA ne va pas s'arrêter là. La NSA a semble-t-il commencé à faire du massif sur les câbles sous-marins en 2007-2008, la NSA a commencé à s'attaquer à la crypto il y a quelques années seulement, ce sera quoi dans quinze ans, dans vingt ans ? Je n'en sais foutre rien. Ce que je sais c'est que ce sera très certainement pire que ce qu'on a aujourd'hui. Et donc si aujourd'hui on habitue les gens au fait qu'on vivrait dans "Big Brother", on va leur dire quoi dans cinq ans, dans vingt ans ?
En plus, ça intériorise complètement la menace, parce que "Big Brother" on ne peut rien faire contre lui ! La NSA, ils sont plus forts que toi ! Ces super Dupont, ils sont magiques, ils ont tous les pouvoirs, de toutes façons, ouais, je ne peux rien faire contre la NSA ! Ce n'est pas vrai ! Greenwald, c'était un noob, et il sait faire maintenant. Donc tout le monde peut le faire. Il faut juste s'en donner les moyens, et apprendre à se protéger.
Je voudrais finir en évoquant un texte que je n'ai pas encore eu le temps de finir, mais où j'essaie d'expliquer ce pourquoi la défense des libertés et de la vie privée est au 21ème siècle ce que l'écologie fut au 20ème, au sens où la vie privée en soi, on s'en fout, c'est juste un moyen. C'est comme Internet, on s'en fout, c'est juste un moyen.
Il n'y a pas de liberté d'expression, il n'y a pas de liberté de circulation, il n'y a pas de liberté d'opinion s'il n'y a pas de vie privée. Parce que si on se sent surveillé on va s’autocensurer, et donc ça va à l'encontre de ce qu'on entend par une démocratie digne de ce nom. Et donc c’est pour ça qu'il faut défendre les libertés et la vie privée, c'est parce que c'est la clef qui permet d’actionner les autres mécanismes. Et je vous remercie.
PS : la conférence datant de juin dernier, je n'y avais pas évoqué l'article relatif à "l'accès administratif aux données de connexion" par les services de renseignement prévu par la loi de programmation militaire, dont le décret d'application vient d'être publié. J'y reviendrai, à tête reposée. En attendant, vous pouvez d'ores et déjà vous faire peur avec l'article du Point, avoir des doutes avec celui de Kitetoa, et vous en faire une idée plus posée avec l'analyse de NextInpact.
NB : et si vous vous intéressez vraiment à ce que font la NSA et le GCHQ, je ne saurais que trop vous encourager à visiter nsa-observer.net, qui recense la quasi-totalité de leurs programmes et systèmes espions, voire à y contribuer : la prochaine session de travail aura lieu ce mercredi 7 janvier à 19h à la Quadrature du net ou, à distance, via IRC.
PPS : et sinon, je ne saurais que trop vous conseiller de lire cet excellent article d'Amaelle Guiton qui revient sur cette paranoïa ambiante qui fait dire à certains que les outils de cryptographie auraient été "cassés par la NSA et le GCHQ et qu'on ne pourrait rien faire pour s'en protéger :
"Laisser penser que la cryptographie « grand public » — celle que des centaines de millions d’internautes utilisent sans s’en rendre compte — est bonne à jeter revient à expliquer à un candidat à une promenade dans la savane qu’il ferait aussi bien d’y aller tout nu et à pied, sous prétexte que ni son pantalon ni sa méhari ne résisteront à un rhinocéros furieux".
Voir aussi la retranscription intégrale de ladite conférence et, sur ce blog :
Une station espion de la NSA, en plein Paris
« Sur Internet, on est tous pirates, et ça c’est bien »
CONFIDENTIEL — NE PAS DIFFUSER SUR INTERNET
Surveillance: pourquoi je suis assez optimiste (à moyen terme en tout cas)
Le 11 septembre 2001 fut un « cadeau fait à la NSA », dixit… le n°3 de la NSA







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Une race qui ne sait pas mourir ,Il est urgent que nous apprenions à nous respecter !



«De nous-mêmes et de nos destinées, nous n'avons compris clairement que ce devoir-là: persister... nous maintenir... Et nous nous sommes maintenus, peut-être afin que dans plusieurs siècles encore le monde se tourne vers nous et dise: ces gens sont d'une race qui ne sait pas mourir... Nous sommes un témoignage.» - Maria Chapdelaine, Louis Hémon, 1914

Quelques décennies à peine nous éloignent de ces propos écrits par un étranger observant une société dite tricotée serré et où les hommes s'acharnaient à labourer des terres de roches et à vivre, l'hiver venu, le dur métier de bûcheron dans les chantiers. Les femmes veillaient au bien-être de familles ô combien nombreuses.

Louis Hémon, sous la loupe du quotidien, avait trouvé ici, non loin de Péribonka, coin du pays natal de Gérard Bouchard, des gens de la même race que lui, fiers de leurs origines, de leur langue. Il n'était pas sans comprendre non plus qu'il avait sous les yeux un peuple conquis, à l'échine pliée, entré de force dans l'union puis dans la confédération, et où les leviers économiques d'alors étaient entre les mains d'anglophones.

Changements de taille

Bien des choses ont changé depuis. Nous sommes sortis d'une période de grande noirceur, nous avons fait une révolution tranquille, avons envahi les collèges et les universités, et les hautes sphères économiques sont maintenant en bonne partie sous la gouverne de Québécois. Nous sommes descendus dans la rue pour manifester notre droit de vivre en français, et nous avons donné à notre culture une expression très forte, rejaillissant au niveau international. Enfin, nous avons accueilli à bras ouverts diverses communautés culturelles.

Actuellement, nous vivons en cohabitation avec plusieurs «nous»: autochtones, allophones, anglophones, mais ce «nous» majoritaire, celui de nos ancêtres et des personnages de Maria Chapdelaine, francophones, de tradition chrétienne, est en mal d'identité. Et pour fragiliser davantage ce «nous» de la culture fondatrice, en filigrane du rapport de la commission Bouchard-Taylor, on souhaiterait que les Québécois de souche se libèrent de leur vieux fond canadien-français.

400 ans d'histoire

Nous sommes pourtant les produits de 400 ans d'histoire, celle des défricheurs, des filles du Roy, des Pierre Parent, des Gagnon, Tremblay, Bouchard, celles de ces hommes et femmes qui, par leur dur labeur et par leur résistance, ont fait le Québec d'aujourd'hui. Nous sommes de ces soldats du régiment de Carignan vaincus sur les plaines d'Abraham, fils et filles des Patriotes qui, par leur Rébellion, ont donné au Québec ses institutions démocratiques. Notre parcours historique est aussi enrichi par l'apport de ces différentes communautés culturelles venues s'installer ici (Irlandais, Grecs, Italiens, Juifs, Portugais et plus récemment la communauté musulmane).

En cela, et pour cela, il ne peut y avoir égalité des histoires, égalité des langues. Aucun pays n'accepterait de banaliser ainsi son passé et de n'être plus une culture de référence pour ses nouveaux arrivants.

Interculturalisme

L'interculturalisme, tel que décrit par les deux commissaires, ne valorise pas cette venue des immigrants à la culture de la majorité; il propose davantage que la société québécoise devienne ce lieu de rencontre de différentes cultures, lesquelles ne seraient pas hiérarchisées. Pourtant, les nombreux témoignages entendus lors de la commission exprimaient le souhait que toute la société québécoise soit regroupée autour de la majorité francophone.

Il est urgent que nous apprenions à nous respecter afin que, dans plusieurs siècles encore, on puisse toujours dire de nous que nous sommes une race qui ne sait pas mourir.


Source.:

jeudi 1 janvier 2015

Le groupe qui sauvera le monde : Organisation de coopération de Shanghai

L'Organisation de coopération de Shanghai (OCS ; chinois : 上海合作组织, pinyin : shànghǎi hézuò zǔzhī, 上合组织 ; russe : Шанхайская Организация Сотрудничества, ШОС) (Shanghai cooperation organisation, fréquemment orthographié Shanghai cooperation organization) est une organisation intergouvernementale régionale asiatique qui regroupe la Russie, la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan.
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Elle a été créée à Shanghai les 14 et 15 juin 2001 par les présidents de ces six pays.
Un des objectifs majeurs annoncés de la SCO est de contrer l’OTAN et protéger les frontières de Chine et de Russie. Ça a pris 13 ans à la SCO pour devenir ce qu’elle est aujourd’hui et bientôt elle représentera la moitié du PIB (GDP) mondial. La SCO rend ringard le vieux monde étasunien et ses satellites dévoués. - http://www.oulala.info/2014/12/la-sco-et-pourquoi-il-faut-la-connaitre/#sthash.ZQdti5ZP.dpuf

Le monde unipolaire d’hier, avec les États-Unis et ses vassaux, a muté en un monde multipolaire, ou bipolaire si on considère le bloc anglo-saxon et la SCO. Mieux que l’OTAN qui n’a officiellement qu’une vocation militaire mais qui en fait est politique et se mêle de beaucoup de choses géopolitiques, la SCO a trois vocations, politique, économique et militaire. Les négociations qui commencent en Janvier et finissent vers Octobre 2015 auprès du FMI pour les répartitions des SDR verront des affrontements ‘sanglants’ entre le vieux monde unipolaire et la SCO. À n’en pas douter c’est une occasion inespérée des membres et sympathisants de la SCO pour faire sécession officielle, même s’ils pourraient jouer sur deux tableaux : accroître leur pouvoir dans les SDR et développer leur propre monnaie. Les développements sont imprévisibles, ils dépendront des négociations qui réservent de grosses surprises.Il serait bon que le lecteur veuille bien considérer que ces grandes manœuvres au FMI seront l’équivalent, en plus important, des accords de Bretton Woods. Un nouveau système financier en sortira, même si la SCO le doublera. L’avenir du monde en dépendra.(Si tout ceci dépend des Banquiers(dettes des pays),alors la,les dirigants des pays devront suivre) Le vieux monde a vécu avec ses incroyables excès et sa prétention autiste, vive les ‘émergents’ qui ont émergé depuis bien longtemps et leur SCO. Pour nous, nous lorgnerons sur cet espace de liberté, engoncés dans notre tâche servile de l’Amérique. Quand à la presse officielle, elle fait semblant d’ignorer.-
Un des objectifs majeurs annoncés de la SCO est de contrer l’OTAN et protéger les frontières de Chine et de Russie. Ça a pris 13 ans à la SCO pour devenir ce qu’elle est aujourd’hui et bientôt elle représentera la moitié du PIB (GDP) mondial. La SCO rend ringard le vieux monde étasunien et ses satellites dévoués.
Le monde unipolaire d’hier, avec les États-Unis et ses vassaux, a muté en un monde multipolaire, ou bipolaire si on considère le bloc anglo-saxon et la SCO. Mieux que l’OTAN qui n’a officiellement qu’une vocation militaire mais qui en fait est politique et se mêle de beaucoup de choses géopolitiques, la SCO a trois vocations, politique, économique et militaire. Les négociations qui commencent en Janvier et finissent vers Octobre 2015 auprès du FMI pour les répartitions des SDR verront des affrontements ‘sanglants’ entre le vieux monde unipolaire et la SCO. À n’en pas douter c’est une occasion inespérée des membres et sympathisants de la SCO pour faire sécession officielle, même s’ils pourraient jouer sur deux tableaux : accroître leur pouvoir dans les SDR et développer leur propre monnaie. Les développements sont imprévisibles, ils dépendront des négociations qui réservent de grosses surprises.
Il serait bon que le lecteur veuille bien considérer que ces grandes manœuvres au FMI seront l’équivalent, en plus important, des accords de Bretton Woods. Un nouveau système financier en sortira, même si la SCO le doublera. L’avenir du monde en dépendra. Le vieux monde a vécu avec ses incroyables excès et sa prétention autiste, vive les ‘émergents’ qui ont émergé depuis bien longtemps et leur SCO. Pour nous, nous lorgnerons sur cet espace de liberté, engoncés dans notre tâche servile de l’Amérique. Quand à la presse officielle, elle fait semblant d’ignorer.
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Les États participant aux activités de l'OCS

Les États membres
Les États observateurs
Les États partenaires de discussion

Histoire

 

Elle succède avec l’adhésion de l'Ouzbékistan, à un groupe informel sans structure administrative permanente connue sous le nom des « 5 de Shanghai » (« Shanghai Five ») (dit aussi « Groupe de Shanghai »), qui avait été créé en 1996 lors de la signature d'un traité à Shanghai.
Il avait pour but d’améliorer les relations entre membres : régler les problèmes de frontière sur l’ancienne frontière sino-soviétique, faciliter la coopération économique5.
Né dans la foulée du bouleversement géopolitique entraîné par la disparition de l'URSS et la création de républiques autonomes en Asie centrale, le Groupe de Shanghaï répondait notamment à l'inquiétude de la Chine de l'influence non contrôlée de pays comme le Kazakhstan et le Kirghizstan dans la province du Xinjiang6.
L'OCS a permis la signature d’accords sur l’intangibilité de ces frontières, puis en 1997 sur la réduction des forces armées aux frontières, puis sur les mesures de confiance entre armées des États membres.
L’organisation est formalisée par le traité de 2001, concomitant à l'extension à un sixième pays, l'Ouzbékistan. Ses institutions sont créées en 2002 : Charte, fondation du RATS.
En 2004, la Mongolie est devenue membre observateur de l'OCS. En 2005, l'Inde, l'Iran et le Pakistan le sont également devenus. Ce statut a été refusé aux États-Unis7 et au Japon. En 2009, la Biélorussie et le Sri Lanka deviennent des partenaires de discussion3.
Ses buts revendiqués sont, par le biais de concertations entre les différents chefs d’État ou de gouvernement :
  • Renforcer la confiance mutuelle et des relations de bon voisinage entre les États membres ;
  • Faciliter la coopération entre ces États dans les domaines politiques, économiques et commerciaux, scientifiques et techniques, culturels et éducatifs, ainsi que dans les domaines de l’énergie, des transports, du tourisme et de l’environnement ;
  • Sauvegarder la paix, la sécurité et la stabilité régionales ;
  • Œuvrer à la création d’un nouvel ordre politique et économique international, plus juste et démocratique.
Le secrétariat de l’OCS est situé à Pékin. L’autre structure permanente de l’organisation, RATS (Structure anti-terroriste régionale), est installée à Tachkent.


L'OCS rassemble le pays le plus vaste du monde (la Fédération de Russie) et le plus peuplé (la Chine).
La population des six pays membres permanents réunis représente 1 milliard 515 millions d'habitants ; celle des quatre États observateurs 1 milliard 240 millions d'habitants ; soit en tout, 2 milliards 755 millions d'habitants (40 % de la population mondiale).

 Les membres de l'OCS regroupent 20 % des ressources mondiales de pétrole, 38 % du gaz naturel, 40 % du charbon, et 50 % de l'uranium8

 

Les acquis de cette structure se placent essentiellement dans le domaine de la sécurité : manœuvres communes (sino-kazakhes, puis sino-russes11 en 2005), instance commune de lutte contre le terrorisme...
Depuis la conférence d’Astana, la coopération s’étend également à la lutte contre le séparatisme, le terrorisme et l’extrémisme islamiste, ainsi que contre l'impérialisme des États-Unis par une déclaration exigeant la fermeture des bases américaines dans la région.
Elle offre également un lieu de discussion entre les deux grandes puissances voisines de l’Asie centrale, qui se disputent l’influence sur cette région. Par des prises de position communes la Chine et la Russie font front face à l’influence des États-Unis dans la région.
Pour certaines sources12, cette organisation constituerait une alternative à l’OTAN, susceptible de faire pencher de son côté l’Inde, dont les États-Unis recherchent l’alliance face à la Chine.
Pour d'autres13, elle ne serait qu’un trompe-l’œil et n’aurait aucune action concrète, par exemple dans l’Afghanistan voisin.
En 2007, des manœuvres militaires conjointes sont organisées sous le nom Mission de paix 200714. Elles regroupaient les six États membres pour des missions d'entraînement, du 6 au 17 août.

Source.:

 

La fin du dollar programmé



La fin du dollar
Les organisations Américaines gouvernementales et para gouvernementales ainsi que l’ensemble des analystes économiques mondiaux s’entendent sur un point et craignent les conséquences : c’est la fin du dollar américain. Cet événement, aux répercussions considérables, est comparable à la fin de l’empire britannique de l’époque. La CIA, qui a pour mission de protéger la nation américaine des dangers, et la réserve fédérale, censée protéger le dollar, sont face à un problème conjoint puisque la CIA doit protéger du danger lié au dollar.
La dette a permis dans le temps d’augmenter le PIB (GDP). Un dollar de dette faisait bondir le PIB de 2,41$ dans les années 50 à 60. Aujourd’hui un dollar de dettes engendre 0,03$ de PIB. Une misère ! Les États-Unis sont dans une dépression aujourd’hui, comme ils l’ont été entre 1870 et 1900 pendant la « longue » dépression ou entre 1929 et 1940, la « grande » dépression.
Une petite digression en aparté : merci à la seconde guerre mondiale, pas perdue pour tout le monde avec le plan Marshall et les dettes de l’Allemagne et du Japon à l’Amérique payées à l’Amérique ainsi que l’occupation qui dure encore aujourd’hui sur leurs territoires et l’asservissement qui va avec, sans parler des dépenses d’armement considérables et des énormes bénéfices correspondants. Également, les avancées de l’Allemagne nazie avec Von Braun pour les fusées et la conquête de l’espace et celles de l’Angleterre avec les ordinateurs de Bletchley Park et du génie Alan Turing, qui sont allés tout droit chez IBM, ont bien servi les étasuniens. Je rends hommage à un de mes héros que j’admire sans réserves, Alan Turing, qui par son génie informatique et mathématique a permis de sauver des centaines de milliers de vies. Pas remercié, il a été poussé au suicide après la libération parce qu’il était homosexuel. Une énorme injustice de l’histoire que je vous incite à investiguer. Un grand merci aux Américains qui ont perdu un peu moins de 450 000 soldats héros dans l’aventure, et un immense merci à la Russie qui a perdu 27 millions d’âmes dans la défense de notre survie et de notre liberté. Les abrutis qui attaquent la Russie d’aujourd’hui feraient bien de se renseigner. Eh oui, la Russie nous a sauvé du nazisme et d’Hitler, n’en déplaise aux incultes.
Avec un taux de chômage réel de 23%, plus de 50 millions d’Américains à la soupe populaire, et 96 millions d’Américains hors du marché de l’emploi, l’Amérique va très mal et la fin du dollar l’expose à un crash de 100 000 milliards de dollars. Pour comparaison le GDP Français est de 2 000 milliards. La Fed peut imprimer tout l’argent qu’elle veut, si l’argent ne circule pas et n’est pas dépensé, ça ne sert à rien. La vélocité de l’argent est aujourd’hui inférieure à celle du temps de la grande dépression.
56 milliards de dollars de la Fed supportent 4 300 milliards de dettes sur leur bilan ! En 2008 le levier était de 23, il est aujourd’hui de 77. Pour les non initiés c’est du grec, pour les autres c’est un signe de coma dépassé. La capitalisation du marché d’action ramenée au PIB était de 83% au temps de la grande dépression et 203% aujourd’hui. Bien sûr le marché est surévalué d’au moins la moitié et seuls les taux d’intérêt à zéro le permettent temporairement, mais c’est un jeu de chaises musicales, vous savez ce jeu où on risque de se retrouver le postérieur par terre quand la musique s’arrêtera, en ayant tout perdu sauf l’honneur. La valeur des dérivés d’aujourd’hui est de plus de 700 000 milliards de dollars, soit 10 fois le PIB mondial. Il est impensable que ça se passe bien. Que ceux que ça n’inquiète pas retournent à leur activité favorite et continuent d’enfouir leur tête dans le sol comme les autruches. Le crash mondial se fera sans eux sauf qu’ils en paieront chèrement les conséquences.
La machine est en marche. La cabale a condamné l’Amérique et le dollar, au profit des SDR, premier pas vers une monnaie mondiale et donc d’un gouvernement mondial. Les BRICS, pour leur part, ont décidé de jouer la SCO, sur laquelle je ne saurais plus vous inciter à vous renseigner. La SCO est une des deux composantes qui nous sauveront, pour peu que nous y mettions du nôtre avec nos combats sur l’Internet et parfois dans les rues.
2015 est une année pivot, avec les décisions au FMI sur les SDR, les avancées de la SCO et la guerre contre la Russie. On va en avoir sur notre assiette. La fin du dollar aura des répercussions gravissimes sur le statut de l’Amérique comme super puissance. Les chamboulements géopolitiques souhaitables mais graves vont nous affecter. La crise de 2008 est une aimable plaisanterie à côté de ce qui nous attend. Vous vivez à un moment historique capital, la fin du dollar et, par extension, le début de la fin de l’Amérique comme pays de domination mondiale. Je jubile d’avance d’imaginer comment les vassaux de l’Amérique vont retourner leur veste quand ça arrivera.
Algarath
http://www.oulala.info/2014/12/la-fin-du-dollar/#sthash.mIGdiKYY.dpuf

Source.: